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Critique du film et du DVD Zone 2
HEADSPACE 2005

 

Alex est un jeune homme de 25 ans, a priori sans histoire, qui décide un beau jour de s'essayer aux échecs. C'est à cette occasion qu'il fait la connaissance de Harry, joueur talentueux et artiste peintre à ses heures. Dès lors, Alex semble développer d'incroyables facultés : Il comprend plus vite, réagit par anticipation et semble même «voir» des événements auxquels il n'assiste pourtant pas… De nouvelles aptitudes déroutantes et dérangeantes qui ne sont toutefois rien en comparaison des maux qui vont suivre. De fulgurantes migraines font ainsi leur apparition, couplées à d'horribles cauchemars qui prendront bien vite le pas sur la réalité...

Andrew van den Houten débute sa carrière très jeune en figurant dans quelques spots publicitaires lui permettant d'emplir sans mal le compte en banque familial. Une fois atteint la majorité, le jeune homme décide de passer à la vitesse supérieure et c'est en 2002, alors qu'il n'a que 23 ans, qu'il écrira, produira et réalisera son premier court métrage : INHERENT DARKNESS AND ENLIGHTENMENT. L'année sera faste puisqu'en plus de remporter quelques récompenses, il s'octroie généreusement le rôle, certes secondaire, de Charlie Greene dans le ALMA MATER de Hans Canosa. Van den Houten produira encore quelques métrages mais la réalisation a un goût de "reviens-y" tenace qui incite notre homme à rempiler dès 2004, cette fois-ci à l'occasion d'un long métrage nommé HEADSPACE. Issu de l'esprit torturé de Troy McCombs, le scénario de HEADSPACE nous conte l'histoire d'un homme développant contre son gré de nouveaux dons qui le conduiront à la folie. Là encore, le film est salué et remporte le titre de "Meilleur film de monstre" au World Horror Convention de San Francisco. Comme c'est la coutume dans ces cas là, il convient alors de coller une étiquette au jeune réalisateur en comparant son oeuvre à celle de l'un de ses illustres prédécesseurs. C'est ainsi que Andrew van den Houten se voit qualifié de "digne successeur de John Carpenter". Un titre qui tend à laisser perplexe lorsqu'arrive l'heure de la découverte de HEADSPACE...

En effet, en survolant rapidement le métrage, on peut en sortir les trois composantes suivantes : Solitude, monstres et folie. Trois composantes plutôt vagues qui, en forçant bien, peuvent évoquer de manière très furtive L'ANTRE DE LA FOLIE de Carpenter. Un tel trait d'union revient cependant à oublier purement et simplement tout ce qui fait la force et l'intelligence du cinéma de Big John... En réalité, si une comparaison devait réellement s'imposer, c'est sans aucun doute du côté de David Cronenberg que nous serions obligés de nous tourner. Reste que HEADSPACE, malgré ces influences plus ou moins évidentes, ne parvient à égaler ni l'un, ni l'autre des deux Maîtres ès horreur.

Bien dommage car le métrage de van den Houten débute sous les meilleurs auspices par un inquiétant flashback nous confrontant au décès violent de la mère du héros. L'occasion pour Jamie Kelman, responsable des effets spéciaux, de nous offrir ici un plan gore du plus bel effet. A ce titre, HEADSPACE se montre particulièrement inventif et, même si les séquences saignantes se font très rares, reconnaissons qu'elles sont en revanche plutôt efficaces. Gardons ce point positif fortement calé sous notre coude car nous n'aurons malheureusement pas d'autre occasion de nous émerveiller.

Andrew van den Houten nous livre en effet un métrage particulièrement creux et incohérent. Impossible ici de parler de «quelques longueurs» puisque le métrage entier n'est qu'une grosse et interminable longueur dont les enjeux semblent si vains qu'ils en deviennent grotesques. Les supposées énigmes que recèle le film n'en sont bien entendu pas et l'identité du frère de Alex ne fait par exemple aucun doute. Le réalisateur saupoudre son scénario/gruyère de quelques apparitions monstrueuses mais barbantes, agrémente l'ensemble de scènes érotiques ridicules plombant l'histoire et laisse finalement pourrir son met lors d'interminables séquences en compagnie d'Alex. Car s'il est bien quelque chose qui laissera le spectateur de marbre, c'est le sort de ce minable héros, incapable de prendre la moindre initiative intelligente et ce malgré ses nouvelles capacités !

Difficile dès lors de s'attacher à un film dont la prétention globale a de quoi étonner. Comme en témoigne les nombreuses séquences coupées, alternatives, rallongées etc., van den Houten «tâtonne» et expérimente. De toutes évidences, le jeune réalisateur n'a pas en tête de nous livrer un premier film intelligent ou simplement agréable mais plutôt de s'orienter coûte que coûte vers le film d'auteur. Comment pourrait-on faire pour être plus énigmatique ? Comment placer ma caméra pour me faire remarquer ? Que puis-je expérimenter pour rendre cette scène originale ? Comment impressionner le Jury du prochain Festival ? Ce sont là les quelques questions que van den Houten semble se poser à chaque instant. En plus d'échouer systématiquement dans ces tâches, l'homme fini tout simplement par détruire son matériau de base et à le rendre clairement indigeste. Grande doit être la déception de tous ces sympathiques acteurs et actrices (Sean Young, Dee Wallace, Olivia Hussey, Christopher Denham, Udo Kier et William Atherton) venus apporter leur très maigre contribution au navet sur la simple base d'un scénario qu'ils qualifient tous «d'intelligent»… Gageons qu'aucun d'eux ne prendra le temps de voir le résultat fini et qu'ils passeront tous très vite à de moins laborieux projets…

Il serait très simple de poursuivre sur notre lancée en évoquant le ridicule de certains acteurs, la platitude des dialogues ou l'inutilité pure et simple de certaines scènes. Nous nous contenterons cependant d'évoquer les démons/cochons venus d'ailleurs. Car oui, HEADSPACE dispose d'un bestiaire particulièrement étonnant ! Pour le voir, nous recommanderons au spectateur de jeter un œil au Making-Of puisque le film, timide, peine à les dévoiler dans leur intégralité… Qu'importe cependant puisque les origines mêmes de ces monstres restent obscures : S'agit-il de la matérialisation d'une folie naissante ? Avons-nous à faire à une poignée de créatures d'un autre monde amenées sur terre par Alex ? Existent-ils réellement ? Autant de questions auxquelles apporter une réponse concrète semble relever de la pure loterie… Le film se présente donc comme un étrange puzzle, amas désordonné de pièces dénuées de sens, ne pouvant en aucun cas s'unir pour créer un tout cohérent. Ce qui aurait pu relever de l'excellent court-métrage s'étoffe au point de s'égarer pour finalement se perdre, peut être au pays des cochons tentaculaires...

HEADSPACE arrive aujourd'hui dans nos vertes contrées via WE Productions. L'annonce de cette édition DVD, par l'éditeur, n'étonne guère et semble indiquer que nous aurons entre les mains un disque qui reprend la quasi-totalité des bonus du disque américain (exception faite de la piste musicale isolée) en y ajoutant bien entendu un sous-titrage français. Cependant, tout n'est pas si simple et c'est à un véritable piège pour chroniqueur que nous sommes conviés ! En effet, bien qu'annoncé, le commentaire audio du réalisateur s'avère tout simplement absent. Une déception relativement grande tant le point de vue du principal intéressé aurait été le bienvenu… Autre surprise, la piste anglaise en Dolby Digital 5.1 pourtant annoncée ne figure pas non plus sur cette galette décidément étonnante. Là encore, la déception est de taille puisqu'un tel mixage existait bel et bien sur l'édition américaine. Gageons que la jaquette dans sa version définitive, que nous n'avons pas vu, ne comportera pas ces différentes boulettes…

Le disque Zone 2 ne comporte donc que l'alternative stéréo de la version originale anglaise. A cela s'ajoute un doublage français (lui aussi sur deux canaux alors qu'annoncé en 5.1) d'honnête facture. Le protagoniste y perd cependant grandement en crédibilité puisqu'il se voit affublé d'une voix quelque peu décalée et maladroite… Reste que les deux options sonores remplissent leur contrat et ce même si, bien entendu, l'immersion n'est pas au rendez-vous.

Du côté de l'image, le constat s'avère des plus décevants. A la limite de l'acceptable sur la totalité du métrage, la copie souffre d'une compression visible et même, lors de certains passages, très apparente. Encore plus fort, les mouvements rapides cèdent assez régulièrement la place à un amas infect d'énormes carrés. Les Japonais et leur système de censure à base de mosaïques ne pouvant être mis en cause ici, il s'agit bel et bien de fautes d'encodage graves et tout simplement inacceptables. Il est donc dommage de constater que cette image au ratio 1.78 encodée en 16/9ème n'ait pas bénéficié de l'attention qu'elle méritait…

Attachons-nous maintenant à la section des bonus qui, comme nous l'avons déjà dit, a bien mal vécu son passage outre-atlantique. Reste que nous avons droit à un Making-Of de plus de vingt six minutes dans lequel le réalisateur, on l'espère ironique (mais la vision de son film permet le doute), lâche un magnifique "Enfin ça va bouger, je vais gagner plus d'argent !". Ce documentaire donne la part belle aux acteurs connus, bien qu'ils n'apparaissent pour la plupart que deux minutes à l'écran. L'occasion pour eux d'expliquer leurs motivations d'origine et pour nous, de comprendre à quel point ils ont été bernés ! Le reste des propos est essentiellement commercial et a pour vocation de glorifier le jeune talent plein de vie et bourré d'idées qu'est Andrew van den Houten

Le documentaire suivant, présenté sous la forme d'une succession de plusieurs centaines de photos, permet de s'intéresser aux effets spéciaux du film. Sont donc abordés les effets gores (très réussis) et le maquillage des démons porcins. Si ces derniers n'ont pas fière allure à l'écran, reconnaissons toutefois qu'il était difficile de faire mieux avec d'aussi piètres dessins préparatoires ! Plus étonnant, un troisième documentaire nous propose de retrouver ces mêmes effets spéciaux, mais en mouvement. La scission des deux bonus laisse donc perplexe mais qu'importe, c'est un moindre mal. D'autant que ces reportages s'avèrent plutôt intéressants et ce sur une durée totale dépassant à peine les neuf minutes.

Viennent ensuite les sept scènes coupées, les deux séquences alternatives et les neuf scènes allongées. Leur non-intérêt nous incite à passer directement à une autre séquence alternative, séparée des autres et très révélatrice de l'«esprit» avec lequel le film a été réalisé. Cette scène est en fait une version sans dialogue de la rencontre entre Alex et l'acteur Mark Margolis. Nous sommes clairement là en plein «trip auteurisant» avec volonté de jouer la carte de l'originalité et de la performance d'acteur. Christopher Denham, interprète d'Alex, y est sans surprise plat et la séquence ne fonctionne bien entendu pas. A tel point que le réalisateur, pourtant coulant puisque son film est gorgé d'erreurs de ce type, s'en rend compte et décide de la supprimer…

La section bonus s'étoffe encore un peu via trois minutes de photographies prises durant le tournage et un petit melting-pot de sept bandes-annonces de l'éditeur proposées en version originale sous-titrée.

HEADSPACE est donc un film qui déçoit, proposé sur un disque qui énerve. Laid, prétentieux, mal construit et globalement sans intérêt, le premier long Andrew van den Houten est donc à éviter. Il faudra pour cela passer outre le merchandising racoleur osant la référence à John Carpenter et oublier cette séduisante jaquette héritée du disque américain. Un effort bien insignifiant si on le compare à la peine qu'occasionne la vision de cette pellicule particulièrement orgueilleuse.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
HEADSPACE DVD Zone 2 (France)
Editeur
WE Prod.
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making-of (26mn33)
    • Le journal des effets spéciaux (7mn12)
    • «Les créatures déchaînées prennent vie» (2mn12)
      • Galerie d’images Scènes coupées
      • L'impasse
      • Alex rencontre les médecins
      • Après la deuxième partie
      • Alex cherche Harry
      • Une autre partie chez Harry
      • Sammy et Lloyd
      • Le présentateur
      • Scènes prolongées
      • La mère et le chien
      • Après la première partie
      • Alex discute avec le Dr. Bell
      • Alex rencontre le Dr. Murphy
      • Alex regarde Jason et Stacy
      • Alex pique une crise
      • Alex entre dans l'église
      • Le révérend Hartman
        • Explication avec Boris§ Scènes Alternatives
        • La créature attaque
        • La fin
      • Echanges de regards (Scène alternative - 2mn35)
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