Header Critique : MAISON AU FOND DU PARC, LA (LA CASA SPERDUTA NEL PARCO)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA MAISON AU FOND DU PARC 1980

LA CASA SPERDUTA NEL PARCO 

Durant son temps libre de garagiste, Alex viole et tue des femmes. Un soir, après avoir réparé la voiture d'un couple égaré. Alex et son ami Ricky s'incrustent sans ménage à la soirée où se rend le couple reconnaissant. Ce qui devait n'être qu'une sympathique réunion entre amis va tourner à l'horreur la plus absolue sous la direction perverse d'Alex…

La première chose qui frappe le spectateur en regardant ce métrage, c'est la franche réussite de la mise en scène et de la photographie. Ruggero Deodato et Sergio D'Offizi ont travaillé main dans la main pour aboutir à un résultat bluffant ! Le film ayant été tourné seulement de nuit, il a fallu créer des lumières artificielles crédibles tout en jouant avec les ombres qui, pour le coup, n'ont rien de factice. Le plus bel exemple est sans doute une scène de séduction éclairée par la lumière blanche d'un frigo ouvert dans une cuisine plongée autrement dans l'obscurité. Il n'est pas possible de reprocher à un réalisateur de soigner le côté visuel de son film, mais force est de constater que l'ambiance censée être malsaine se retrouve sans cesse désamorcée par une beauté plastique qui dessert le film dans le sens où les images sont presque trop classes pour un sujet aussi cru. LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE dont cette MAISON AU FOND DU PARC s'inspire n'est, en comparaison, pas "beau" à regarder. Craven avait volontairement choisi un style plus brut de manière à souligner l'aspect crade de son histoire et cela fonctionne du début à la fin. Ici, on ne sait jamais quel genre de film on regarde : Noir, érotique, horreur…

L'autre grand problème provient des acteurs. A les regarder, l'expression «Pédaler dans la semoule» prend ici toute sa signification. Unanimement mauvais, ils n'arrivent jamais à nous convaincre de leur méchanceté ou de leur statut de victime, Le seul qui exprime ses émotions avec conviction est Lombardo Radice dans le rôle de Ricky, suiveur de son idole Alex. Mais son "admiration" pour Alex va trouver une certaine limite qui fera office de point déterminant dans le film. En refusant de violer une femme, il met le statut de leader d'Alex en doute et celui-ci se retrouve seul face à un groupe de victimes mais il ne se démontera pas pour autant.

Beaucoup a déjà été dit sur l'acteur David Hess qui, habituellement, joue les vilains avec conviction. Fraîchement débarqué de son succès en tant que Krug dans LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE, il reprend ici son rôle mais en omettant de faire un effort. Tout d'abord séducteur tendre et passionné, il va se transformer en un pervers sadique essentiellement pour toucher son cachet d'acteur. Certes, les tarés psychotiques n'ont pas toujours besoin d'une raison pour trucider leur entourage mais les bonnes manières d'Alex sont trop en opposition avec sa véritable nature, il ne glisse pas naturellement vers son côté sombre et du coup, on ne croit pas une seule seconde à son cabotinage.

Du côté des femmes, il est effarant de constater leur consentement durant les scènes de violences sexuelles filmées de façon plus érotique que menaçante. La femme qu'Alex viole dans l'introduction (l'épouse de l'acteur à la ville – no comment) n'oppose pas beaucoup de résistance alors qu'elle aurait déjà pu commencer par fermer les portières de sa voiture. Dans la villa, c'est pareil, on se trémousse un peu, on grimace une fois ou deux mais on cède aux caresses et plus si affinités. Le spectateur écarquille les yeux, mal à l'aise seulement devant l'incohérence du propos. Le seul moment où cela devient sérieusement dérangeant, c'est vers la fin où Brigitte Petroni se fait malmener par Alex. Les nombreux coups de rasoir sur son torse nu sont soulignés par des bruitages extrêmement réalistes et la séquence en devient très douloureuse d'autant plus que Deodato insiste longuement en étirant la scène. La suite évolue dans une violence graphique et sans répit qui aurait été mieux savourée sans une fâcheuse révélation finale.

Néo a cette fois décidé de nous offrir une jolie édition de ce film inégal de Ruggero Deodato, déjà sorti dans diverses éditions, dont un Zone 2 chez EC Entertainment déjà chroniqué par Emmanuel Denis.

Avant de démarrer le film, vous avez la possibilité de regarder une introduction où l'acteur Giovanni Lombardo Radice présente le film en français. Malheureusement, le résultat est aussi décevant que l'intention était louable. Lombardo Radice passe trente secondes montre en main à se présenter et à remercier Néo avant de nous dire que nous allons regarder LA MAISON AU FOND DU PARC, ce que, quelque part, nous savions déjà. Vous avez donc le droit de sauter cette étape et passer directement au film sans peur de rater quoi que ce soit.

L'image est présentée dans son format 1.85 d'origine, avec un transfert 16/9 de très bonne qualité. Comme indiqué au début de cette chronique, les images sont très belles et aucun défaut notable n'est à relever.

En ce qui concerne les pistes sonores, nous sommes contraints d'avouer une certaine incompréhension. Le film est présenté en version française et en italien sous-titré. Très bien. Mais, d'après Deodato, le tournage s'est déroulé exclusivement en anglais en dépit du niveau plus ou moins élevé des acteurs. La langue de Shakespeare serait donc la version originale si l'on suit les propos de Deodato. Le commentaire audio (en italien sous-titré français) se déroule justement sur une copie anglaise du film. Alors on se demande pourquoi l'éditeur a oublié cette version anglaise du DVD, ne serait-ce que pour satisfaire la curiosité linguistique du spectateur ? Ayant le souvenir d'une piste anglaise non indiquée sur la jaquette ou le menu du MANOIR DE LA TERREUR, nous avons bien sûr cherché mais sans succès. Pour une édition autrement assez complète, c'est dommage. Les pistes sont toutes les deux en mono (encodé sur deux canaux) et de facture correcte. Un léger décalage de synchronisation est à noter pour la piste italienne tandis que le doublage français présente quelques curiosités avec, par exemple, une femme qui parle derrière une porte fermée et dont le niveau sonore de la voix reste identique lorsqu'elle entre dans la pièce.

Pour les suppléments, nous commençons avec le commentaire audio réunissant Ruggero Deodato, Antonio Tentori et Giona Nazzaro. Bien que Deodato parle longuement de son film dans le documentaire présent sur le DVD, il réussit à ne pas se répéter. Il nous apparaît comme un homme éminemment sympathique et ce commentaire s'apparente plus à une vraie conversation puisque les participants ne se contentent pas seulement de parler des images qui s'affichent à l'écran mais embrayent sans cesse sur divers sujets intéressants. Ainsi, nous survolons quelques anecdotes de tournage, l'aspect technique, divers faits réels apparentés au sujet et même l'enfance de Deodato. Lorsque Tentori lui demande d'expliciter son attrait pour la violence qu'il qualifie de «compréhension intuitive», le réalisateur révèle sa place de dernier enfant dans une fratrie de trois garçons et cinq filles. Ses aînés le soumettaient à une torture quotidienne dont il préfère rire aujourd'hui (et ils étaient inventifs, les bougres !), d'autant plus que de tous ces enfants, c'est lui qui a le mieux réussi. Autre anecdote personnelle et amusante : La réaction des femmes à son égard. Nombreuses sont celles qui s'approchent de lui après avoir vu ses films et qui sont presque déçues de découvrir un homme tendre et respectueux, comme si elles s'attendaient à se faire torturer avant de finir en ragoût ! Deodato considère le sexe faible comme étant bien plus pervers que les hommes, en fait. A titre personnel, nous nous permettons de saluer sa perspicacité…

S'ensuit le documentaire au titre poétique, Sweet dreams in a dreamhouse, réalisé par Daniel Gouyette et présentant des interviews en italien sous-tiré de Deodato, Sergio D'Offizi (directeur de la photo) et de l'acteur Giovanni Lombardo Radice. Le réalisateur évoque d'abord la genèse du film, un projet de commande s'il en fut une. Présent à New York pour le bouclage de CANNIBAL HOLOCAUST, les producteurs lui demandèrent de tourner des plans extérieurs autour desquels un scénario serait écrit. Le tournage se déroula ensuite sur trois semaines et avec un budget microscopique. Bien que Deodato put garder son équipe technique, il ne connaissait aucun des acteurs ce qui ne manqua pas de causer des problèmes supplémentaires. David Hess en particulier était difficile à gérer – imbu de son succès conféré par LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE, il était agréable sur le plateau mais insupportable en coulisses. Il s'embrouillait sans cesse avec les producteurs car il voulait réécrire des scènes et des dialogues mais gardait des relations cordiales avec Deodato, le seul à pouvoir le remettre à sa place. Le reste du documentaire est très complet et aurait même pu avoir comme sous-titre «… ou tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur LA MAISON AU FOND DU PARC !». Le film est décortiqué dans son ensemble, tout comme le tournage ou encore les acteurs. Malheureusement, le seul à intervenir directement est Lombardo Radice dont c'était le premier rôle au cinéma. Il l'avait pris très au sérieux et avait longuement étudié David Hess pour créer son personnage. Les autres participants sont simplement évoqués par le réalisateur. On n'apprendra donc pas grand chose d'autre que des on-dits mais à en juger par leurs sentiments de l'époque, peut-être n'ont-ils plus envie d'y penser…

La galerie photos se compose d'images du film, de photos d'exploitation et de l'affiche. Ensuite, nous accédons à la fiche technique du film où nous trouvons également les filmographies de Ruggero Deodato, Christian Boromeo, Annie Belle, David Hess et Giovanni Lombardo Radice. Le dernier supplément reprend ces mêmes filmographies sur des pages séparées.

En ce qui concerne les films mettant en scène des tueurs sadiques, cette MAISON AU FOND DU PARC ne fera pas grande concurrence à d'autres titres bien plus marquants. Reste un film agréable à regarder pour les nostalgiques d'un genre révolu (?).

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
98 critiques Film & Vidéo
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Un film visuellement classe
Les suppléments
On n'aime pas
L’absence de la version anglaise
Le jeu moyen des acteurs
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L'édition vidéo
LA CASA SPERDUTA NEL PARCO DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Introduction du film par Giovanni Lombardo Radice (1mn06)
    • Commentaire audio avec Ruggero Deodato, Antonio Tentori et Giona Nazzaro.
    • Sweet Dreams in a dreamhouse, Documentaire (53mn16)
    • Galerie photos
    • Fiche technique
      • Filmographies
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