Header Critique : MIMIC 3 : SENTINEL

Critique du film et du DVD Zone 2
MIMIC 3 : SENTINEL 2003

 

Marvin a maintenant 24 ans. Il est l'un des rares enfants malades à avoir survécu au syndrome de Strickler, autrefois véhiculé par les cafards. De fait, il est condamné à vivre chez sa mère, enfermé dans sa chambre plastifiée, à l'abri de tout allergène susceptible de provoquer chez lui une crise fatale. Il observe donc le monde depuis sa fenêtre et vit par procuration en photographiant celles et ceux qui passent devant son téléobjectif… L'arrivée d'un nouveau locataire, poétiquement baptisé «l'homme aux poubelles», dans l'immeuble d'en face va cependant bouleverser le quotidien déprimant du photographe amateur. Outre son comportement pour le moins étrange, cet homme semble lié de près à la vague de disparitions inexpliquées qui sévit dans le quartier. Incapable d'enquêter par lui-même, Marvin va devoir faire équipe avec sa sœur Rosy et la charmante Carmen…

Seconde suite au MIMIC de Guillermo del Toro, ce direct-to-video voit le jour en 2003 sous la direction du débutant J.T. Petty (habituellement scénariste pour jeux vidéos). Avant cela, l'homme n'avait en effet réalisé qu'un seul film, SOFT FOR DIGGING en 2001. Ce long métrage de fin d'études nous comptait l'histoire d'un homme affaibli par l'âge assistant à un meurtre. En l'absence de preuve et de corps, le vieil homme n'était pas pris au sérieux et se mettait donc en tête de découvrir par lui-même le fin mot de ce à quoi il avait assisté…

Désireux d'approfondir le concept, J.T. Petty reprend donc une trame très similaire dans ce nouvel opus de MIMIC. Nous retrouvons ainsi le témoin physiquement diminué, peu crédible aux yeux de la loi, forcé de mener sa propre enquête et ce malgré son handicap. Mais c'est surtout du côté de FENETRE SUR COUR que lorgne sérieusement ce nouveau volet des aventures de nos Judas tueurs. MIMIC 3 reprend ainsi à son compte bon nombre d'idées et de scènes complètes du chef d'oeuvre de Alfred Hitchcock. Ce qui, aux vues du traitement, n'est du reste pas forcement pour déplaire…

En effet, J.T. Petty parvient brillamment via cette idée à faire passer le manque de budget pour un avantage indéniable. Nous assistons dès lors à un véritable huis clos dont l'unique fenêtre vers le monde réel semble être l'appareil photo du jeune malade. Chaque image, chaque plan semble avoir été mûrement réfléchi dans le but de renforcer cet effet de style. L'action n'est ainsi jamais visualisée directement mais par le biais d'une lentille ou de tout autre support pouvant altérer / modeler la réalité. La première mise à mort par exemple nous est montrée via un reflet dans une paire de lunette brisée. Notre vision de l'action s'en trouve bien entendu déformée, laissant une grande place à notre imagination. Il en va de même en ce qui concerne le générique constitué de photographies épinglées au mur. Ce que l'on nous montre alors, ce ne sont pas des vies mais des tranches de vies, sorties de leur contexte et montées de manière à constituer un ensemble cohérent mais irréel. Enfin, la rue elle-même ne nous sera dévoilée que si l'un des protagonistes se décide à la regarder via l'appareil photo, source d'altération d'une réalité vivante.

Cette vision indirecte de l'action couplée avec la solitude évidente de Marvin nous incite bien évidemment à douter de ce que l'on voit ou, à défaut, à justifier le fait que d'autres personnages doutent. Dès lors, Marvin est obligé d'agir en compagnie de sa sœur droguée (autre personne à la vision potentiellement déformée) et d'une charmante inconnue habitant l'immeuble voisin. Etrangement, cette dernière n'est pas «choquée» de se savoir observée et photographiée à son insu. Elle semble même amusée par le voyeurisme de l'apprenti photographe. Thématique que le réalisateur J.T. Petty approfondira du reste dans son film / documentaire suivant, S&MAN, traitant du lien entre le voyeurisme fétichiste et le cinéma d'horreur dans le but de faire ressortir certains aspects de notre société actuelle…

MIMIC 3 se concentre donc, durant ses deux premiers tiers du moins, sur ses personnages et ce qu'ils voient. Il n'est donc pas étonnant de retrouver ici quelques acteurs convaincants habitués aux seconds rôles de productions fantastiques. Nous citerons ainsi Amanda Plummer (LE BAZAAR DE L'EPOUVANTE, SEPT JOURS A VIVRE) dans le rôle d'une mère fatiguée, en manque d'affection, sans doute accablée par son fils malade et sa fille droguée. Dans le rôle de «l'homme aux poubelles» nous retrouverons par ailleurs l'incontournable Lance Henriksen, grand habitué des films d'animaux hargneux puisqu'il était déjà visible dans PIRANHA 2 : LES TUEURS VOLANTS, MAX, LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME et bien sûr, trois volets de la saga ALIEN. L'homme hérite malheureusement ici de l'un de ses plus mauvais rôle, à la fois incompréhensible et inintéressant. Car en effet, si MIMIC 3 s'en sort plutôt bien pour installer son huis clos angoissant, force est de reconnaître qu'il a beaucoup de mal à rester cohérent sur une durée pourtant courte (une heure et quart). Ainsi, outre le personnage joué par Henriksen dont les motivations laissent plus que perplexe, le film est ponctué de scènes réellement incohérentes plombant gravement l'ensemble. Marvin brave par exemple sa maladie pour aller voir à l'extérieur un cadavre retrouvé par sa sœur… Non content de décrédibiliser la maladie dont souffre le héros, cette scène crée un important problème de continuité : Comment se fait-il que personne ne déclare avoir trouvé le corps ? Pourquoi la police ne s'inquiète pas de cette disparition ? Pourquoi enfin Marvin et sa sœur semblent-ils avoir «oublié» cette découverte cinq minutes plus tard ? Cette accumulation d'erreurs assez graves se poursuivra donc jusqu'au dernier tiers du métrage… A cet instant, le réalisateur effectue, tout comme l'avait fait Guillermo del Toro dans le premier opus, un revirement assez surprenant dans la structure de son film. La mesure et les doutes font place à une violence radicale, laissant en suspend la trame scénaristique globale qui restera soit floue, soit extrêmement ouverte…

Lors de cette dernière partie, le film perd son côté suggestif pour nous plonger dans l'explicite, faisant ainsi la part belle aux créatures. Celles-ci, bien que montrées dans l'obscurité, sont plutôt bien rendues et, pour le budget alloué, font preuve d'une animation fort convaincante. Les Judas bougent vite, se ruent sur leurs victimes et prennent parfois même un plaisir sadique à les faire souffrir durant plus de trente secondes… Le tout est montré de manière crue et appuyée, nous ramenant encore une fois à la thématique voyeuriste chère à J.T. Petty. Une fin dynamique et ouvertement bis qui tranche violement avec le reste du métrage que l'on aurait pourtant espéré plus homogène et plus clair dans sa narration…

Dans son édition DVD, TF1 video n'a manifestement pas jugé pertinent de reprendre le commentaire audio du réalisateur qui se trouvait sur son homologue Zone 1. Bien dommage puisque nous nous retrouvons dès lors avec un disque sans le moindre supplément… Reste que l'image au format 1.85 avec un transfert 16/9 est de bonne qualité et que les pistes audio en Dolby Digital 5.1, en version française comme en version originale, vous donnerons pleinement satisfaction… Contrairement au DVD du second épisode, seule la version française bénéficiera en plus d'une piste DTS.

MIMIC 3 prend donc une forme inattendue, celle d'une suite intimiste, originale, portée sur la mise en forme et les acteurs. Malheureusement, le film peine à garder une structure crédible, les incohérences s'accumulent peu à peu et l'ensemble semble s'effondrer en fin de métrage… Reste qu'il s'agit d'une suite originale qui s'inscrit fort honorablement dans la trilogie des termites mutantes.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
MIMIC 3 : SENTINEL DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h13
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      Aucun
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