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Critique du film et du DVD Zone 1
DANGER : DIABOLIK 1968

 

Malgré toutes les précautions mises en œuvre par l'inspecteur Ginko, dix millions de dollar sont subtilisés par l'insaisissable Diabolik. Mais le policier ne dit pas son dernier mot et essaye de coincer son adversaire criminel en montant un nouveau stratagème…

Au début des années 60, deux sœurs italiennes, par ailleurs enseignantes, inventent le personnage de Diabolik. Il fait alors basculer les illustrées des enfants vers la bande dessinée pour adultes. Le titre est un véritable succès et provoque l'apparition d'autres criminels, parfois encore plus extrême que l'original, tout en instaurant une nouvelle façon d'appréhender la bande dessinée où violence et érotisme vont s'épanouir pour le plus grand plaisir des connaisseurs ! Mais si le succès est au rendez-vous, ces publications à destination des adultes provoquent des réactions négatives critiquant le contenu amoral. Au milieu des années 60, en raison de ses campagnes virulentes, Diabolik s'édulcore petit à petit au fil des parutions sans pour autant émousser l'intérêt du public. Pourtant, le premier de ces nouveaux anti-héros à passer sur les grands écrans ne sera pas Diabolik mais l'un de ses concurrents dans KRIMINAL d'Umberto Lenzi.

A peine plus tard, Dino De Laurentiis se lance sur le créneau de la bande dessinée adaptée au cinéma. Il produit ainsi au même moment BARBARELLA et DANGER : DIABOLIK. Il confiera ce dernier à Mario Bava lui offrant au passage le plus gros budget jamais offert au cinéaste italien. D'autres auraient été grisés par l'argent mais ce n'est pas le cas de Mario Bava qui finalement ne consommera pas le sixième de l'argent proposé pour tourner le film ! Surprenant surtout que les décors de DANGER : DIABOLIK donnent l'impression d'avoir été tourné avec les moyens d'une super production alors qu'ils sont le fruit de l'ingéniosité et du système D du cinéaste italien. DANGER : DIABOLIK et BARBARELLA seront d'ailleurs réalisés dans les studios italiens de Dino De Laurentiis et John Phillip Law passera du film de Roger Vadim à celui de Mario Bava pour endosser la tenue du ténébreux Diabolik !

Alors que le dénouement du film appelle clairement, d'un clin d'œil adressé aux spectateurs, une suite, cela ne se fera pas. Pourtant, Dino De Laurentiis propose de tourner un prolongement à DANGER : DIABOLIK avec le reste du budget non dépensé. Mais Mario Bava déclinera l'offre ne préférant pas continuer avec Dino De Laurentiis sur de tels production en raison des pressions que cela peut engendrer. En tout cas, John Phillip Law incarnera un autre héros de bande dessinée un peu plus tard puisqu'il sera le médecin aventurier et adepte des arts martiaux dans le DOCTEUR JUSTICE de Christian-Jaque.

Pour son passage à l'écran, des ajustements sont tout de même faits sur l'ambiance. Ainsi, le DANGER : DIABOLIK de Mario Bava aura un côté bien plus léger que son pendant illustré. Toutefois, cela ne va pas jusqu'à modifier profondément l'œuvre en offrant une comédie délirante à l'image d'un autre génie du crime adapté, de nouveau, quelques années auparavant avec la série des FANTOMAS mettant en scène Jean Marais et Louis De Funès. Si l'humour est présent, Diabolik reste un personnage aux méthodes expéditives qui n'hésitent pas un instant à supprimer au couteau des policiers qui lui barrent la route. Le personnage campé par John Phillip Law conserve tout autant son aura sexuelle et sa complicité tactile avec sa compagne, la jolie Marisa Mell, reste d'une grande sensualité !

Génie du crime, Diabolik n'est donc pas fait à la base pour s'attirer les faveurs du public. Mais le personnage est un véritable fantasme : il est le plus fort, le plus intelligent et le plus charismatique. Autant dire qu'il représente ce qu'aimeraient être tous les hommes ou le mâle que désirent toutes les femmes ! Qu'il tue pour obtenir ce qu'il veut passe finalement au second plan… Tout au long du film, on découvre aussi qu'il n'agit pas en raison d'un égoïsme forcené puisqu'il voue un attachement sans borne à sa compagne, ce qui est bien entendu réciproque. Plus osé, pour gagner les faveurs du public, il se transforme même en anarchiste faisant exploser littéralement les institutions financières du pays. Un passage incroyable suivi par une hilarante séquence où le ministre de l'économie en appelle au civisme de ses concitoyens (pas si con).

D'une manière générale, DANGER : DIABOLIK ridiculise les institutions politiques et répressives. Parmi les opérations de police auquel on pourra assister, on pourra ainsi noter le coup de filet héroïque des troupes policières à l'assaut d'une boîte où d'inoffensifs hippies font passer un joint dans une ambiance psychédélique. Mais dès lors que la police s'essaye à coffrer un adversaire plus coriace, ils se font rouler dans la farine ! Mais il faut tout de même y noter une différence avec ce que l'on peut voir à présent sur les écrans. Dans un film comme DANGER : DIABOLIK, l'identification avec le héros ne peut aller au-delà du simple désir, Diabolik est un personnage exceptionnel, et il ne peut donc y avoir une incitation à se voir comme supérieur aux forces de l'ordre. Alors que dans les productions récentes, tel que TAXI, l'identification avec les héros est immédiate ce qui pose un problème moral quant au message délivré aux spectateurs. Si le personnage de Diabolik ne suit pas la morale des mortels, le film ne nourrit pas pour autant une immoralité vulgaire et commerciale.

Avec DANGER : DIABOLIK, Mario Bava nous offrait un film enjoué, inventif et bougrement entraînant. Bourré de séquences mémorables, le film est encore plus aidé par ses morceaux musicaux qui restent gravés dans la tête de tout spectateur normalement constitué pendant plusieurs jours après la vision du film. Des thèmes musicaux que l'on doit à Ennio Morricone qui composera à cette seule et unique occasion une partition pour Mario Bava. Devant la caméra, on notera aussi la présence de Michel Piccoli et Adolfo Celi, deux adversaires redoutables pour le personnage principal, ou encore l'amusant Terry Thomas.

Le transfert de cette édition est de toute beauté et offre une belle définition et donc une image claire et nette. On notera seulement quelques plans légèrement instables ou de minuscules défauts sur la pellicule ainsi qu'un mouvement suspect à environ 93mn40 trahissant peut être l'absence d'une ou deux images. Enfin, comme souvent chez Paramount, le transfert 16/9 propose un cadrage légèrement différent de celui prévu pour la diffusion dans les salles. Quelques petits reproches anodins tant le rendu de l'image est excellent sur cette copie intégrale de DANGER : DIABOLIK !

Pour le son, Paramount n'a pas été plus loin que la piste anglaise d'origine. Bien qu'elle ait environ une quarantaine d'année, cette piste ne présente pas vraiment de faille sur son mono d'origine. Les dialogues sont clairs et surtout les morceaux musicaux sonnent merveilleusement ! Reste qu'il est difficile de parler ici de version originale puisqu'en raison de son casting cosmopolite (italien, américain, anglais, français, yougoslave…), tout le monde ne devait pas parler la même langue sur le tournage. De toutes façons, dans l'industrie italienne de l'époque, les films étaient systématiquement synchronisés. Dès lors, la version anglaise a autant de légitimité qu'un doublage italien ou français qui ne sont malheureusement pas sur ce disque.

Annoncé dans un premier temps dans une édition simpliste en 2004, Paramount s'est finalement ravisé et a laissé s'écouler une année avant de sortir DANGER : DIABOLIK. En apparence car le temps imparti fut mis en œuvre pour ajouter des suppléments. Ainsi, on peut écouter un commentaire audio de John Phillip Law et Tim Lucas. Une piste de commentaire audio qui aurait été édité à partir de plusieurs heures d'enregistrements. Si Tim Lucas, rédacteur en chef de Video Watchdog et spécialiste de Mario Bava, est très factuel et prolixe en information, de son côté, John Phillip Law apporte le vécu à coup d'anecdotes comme le remplacement de Catherine Deneuve ou le fait que Carlo Rambaldi fut le créateur du masque de Diabolik. Le commentaire n'est pas extrêmement soutenu puisque l'on trouve de nombreuses pauses de quelques secondes. Ce commentaire n'est pas sous-titré et la voix grave ainsi que la diction de John Phillip Law pourra donner quelques soucis à ceux qui ne maîtrisent pas parfaitement l'anglais.

Outre ce commentaire audio, un petit documentaire a été spécialement produit pour l'occasion. Celui-ci est d'ailleurs sous-titré en anglais. On y retrouve John Phillip Law ou de brèves interventions de Dino De Laurentiis et Ennio Morricone. Plus présent, il y a un membre des Beastie Boys un peu à côté de la plaque dans sa façon de voir le film. Enfin, le plus pertinent reste Stephen Bissette, créateur de bande dessinée, dont toutes les interventions sont passionnantes avec même des analyses visuelles très intéressantes. Si ce documentaire parle de l'adaptation cinématographique, il n'en oublie pas pour autant d'évoquer la bande dessinée d'origine. Une vingtaine de minutes qui, contrairement aux suppléments habituels, se regardent sans que l'on ne voit passer le temps une seconde !

Les Beastie Boys ont réalisé un clip qui était une parodie reprenant des séquences de DANGER : DIABOLIK. Le clip n'atteint pas une seconde le niveau de qualité musicale de la bande originale d'Ennio Morricone ce qui n'est pas le but de toutes façons. Comme on l'a bien compris dans le documentaire, les Beastie Boys appréhendent le film comme un objet kitch et le mettent plus ou moins sur un pied d'égalité avec la série télévisée BATMAN. Dans le commentaire audio du clip-vidéo, Adam Yauch va même jusqu'à supposer que le film de Mario Bava était une réponse à la série télévisée de William Dozier. Un commentaire audio parfaitement inutile, il va sans dire, sauf si vous êtes fan des Beastie Boys.

Enfin, le disque contient aussi le Teaser et la bande-annonce d'époque. Le passage du temps a altéré les deux bobines qui n'ont manifestement pas connu le même traitement appliqué au film lui-même. Les défauts de pellicule sont parfois très présents et l'image est nettement moins jolie. Deux ajouts qui restent sympathiques surtout que Paramount a plutôt tendance ces derniers temps à ne plus mettre de bandes-annonces sur ses DVD.

Avec cette première édition au monde du film de Mario Bava, Paramount a fait un excellent travail en dehors des menus peu attrayants. Sans compter que ce disque de DANGER : DIABOLIK est commercialisé aux Etats-Unis pour un tout petit prix. Une occasion en or de voir ou revoir DANGER : DIABOLIK à condition de comprendre l'anglais ne serait-ce qu'à la lecture puisque le film est pourvu d'un sous-titrage amovible dans cette langue !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
54 ans
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4 critiques Livres
On aime
Un film coloré, enjoué et inventif
Une belle édition !
On n'aime pas
Des menus peu attrayants.
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L'édition vidéo
DIABOLIK DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h40
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Commentaire audio de Tim Lucas et John Phillip Law
    • From Fumetti to Film (20mn18)
      • Bandes-annonces
      • Teaser
      • Trailer
    • "Body Movin'" The Beastie Boys (clip vidéo)
      Avec ou sans commentaire audio de Adam Yauch
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