Header Critique : GHOSTS ON THE LOOSE

Critique du film et du DVD Zone 2
GHOSTS ON THE LOOSE 1943

 

Sam Katzman fut le producteur hollywoodien le plus fauché. Lorsqu'il entreprend de mettre sur pied GHOSTS ON THE LOOSE, il avait racheté à la Warner les droits d'utiliser les Dead End Kids, une bande jeunes acteurs comiques présents dans DEAD END de William Wyler ou encore dans LES ANGES AUX FIGURES SALES. En 1939, Katzman, les utilise donc pour la Monogram (une des nombreuses compagnies B qui s'épanouissait dans les années 30-40) et ils prennent le nom éponyme du film EAST SIDE KIDS où ils apparaissent. Les East Side Kids deviendront les Bowery Boys dès lors que Katzman revendit les droits à leur agent.

GHOSTS ON THE LOOSE fut réalisé par le vétéran William Beaudine, incroyable machine à tourner de 1918 à 1966 ! Il toucha à tout, du mélodrame SPARROWS avec Mary Pickford en 1926, des films religieux, des films sur l'éducation sexuelle, des westerns, du LASSIE pour la télévision, 24 (!) films pour les Bowery Boys, de l'horreur avec THE APE MAN pour finir en beauté avec deux curiosités horrifico-western, JESSE JAMES MEETS FRANKENSTEIN'S DAUGHTER et BILLY THE KID vs DRACULA. Un véritable homme à tout faire !

GHOSTS ON THE LOOSE est donc une comédie, comme son nom ne l'indique pas (trad. «Fantômes en vadrouille») et faussement fantastique de surcroît. La sœur d'un des East Side Kids se marie et son époux vient d'acheter une maison pour une bouchée de pain. Néanmoins, la maison d'à côté possède la sinistre réputation d'être hantée. D'autant plus qu'un homme mystérieux (Bela Lugosi) s'oppose curieusement à voir les tourtereaux emménager dans leur nouvelle demeure. Bien évidemment, et pour une toute autre raison, les Kids s'y rendent en chœur.

Le peu de moyens est évident dès les premières scènes : au mieux quatre décors, un espace réduit... Pas de doute, nous nageons en pleine série B de la Monogram. Un Cran au-dessus de la PRC (qui produisit THE DEVIL BAT avec aussi Bela Lugosi mais également son chef-d'œuvre DETOUR d'Edgar George Ulmer), la Monogram reste franchement pauvre. Même si le générique met des fantômes un peu partout, la première partie se concentre sur la préparation du mariage. Les East Side Kids nous font d'ailleurs subir moults gags et jeux de mots pendant la répétition interminable d'une chanson destinée à la cérémonie. A noter que la mariée se révèle être Ava Gardner. L'actrice était alors sous contrat avec la MGM et fut louée par la Monogram. , Encore très loin du glamour et ses rôles historiques de PANDORA ou des 55 JOURS DE PEKIN (je n'ose parler de TREMBLEMENT DE TERRE Ou CITE EN FEU, ça ferait désordre), certains cinémas la présentaient seulement comme l'épouse de Mickey Rooney. Au bout de trente minutes, le cinéaste nous montre enfin cette maudite maison et tout ce qui s'y trame. De méchants nazis s'y terrent afin d'imprimer des tracts destinés à détruire les alliés ! Horreur ! Malheur ! Bela ! Oui, Bela est à la tête de tout cela et va utiliser passages secrets, ambiance gothique, apparitions fantomatiques afin d'effrayer la joyeuse bande d'idiots venus nettoyer la maison des jeunes mariés.

Coincés entre quelques gags visuels qui paraissent totalement dépassés selon les canons actuels de la comédie, les rares moments d'épouvante sont cependant réussis. Malgré un décor vide, des éclairages judicieusement choisis et la juste musique d'ambiance, la peur fait quelquefois surface. Mais ce n'est jamais pour durer bien longtemps, les idioties de Huntz Hall, pilier comique des Kids, reprennent rapidement le dessus.

Bela Lugosi reste cependant relégué au second voire au troisième plan en nazi de service. Juste présent pour attirer le chaland, ceci n'est absolument pas représentatif de son travail. Jouant les utilités, il passe sur l'écran comme relativement peu concerné par ce qu'il s'y passe. Le choix de GHOSTS ON THE LOOSE s'avère contestable comme œuvre de référence avec Bela Lugosi. Cela s'apparente plus comme un non-choix plutôt qu'autre chose.

Le film de William Beaudine rejoint en fait l'effort de guerre que fit Hollywood contre l'Allemagne nazie, trouvant en elle le méchant idéal en ces temps troublés. Toutes les série B de l'époque trouvèrent en Hitler et ses comparses des vilains de premier choix, mêlés à toutes les sauces, ici la comédie d'épouvante.

La copie demeure de faible qualité, on mettra cela sur le dos du matériau d'origine qui ne doit pas être d'une clarté touchant au sublime. Voilée, elle montre quelques griffures ça et là au gré du film (31mn15, par exemple), rien de gênant cependant pour la vision GHOSTS ON THE LOOSE. La version originale anglaise y est présentée avec des sous-titres français brûlés à même l'image. Le son sort souvent étouffé et certains dialogues demeurent parfois inaudibles (tant pis pour les jeux de mots-laids). Si les fantômes sont en vadrouilles, les bonus ont quitté la maison : il n'y a rien à se mettre sous la dent, hormis l'accès au film et aux six chapitres.

GHOSTS ON THE LOOSE est présenté sur le même DVD qu'un autre film avec Bela Lugosi, SCARED TO DEATH de Christy Cabanne. Le menu principal donne ainsi accès aux deux films et aux chapitres correspondants.

Si l'aspect fantastique s'avère totalement absent, les espions nazis se révèle n'être qu'un vague prétexte pour mettre en avant la bande de joyeux drilles des East Side Kids. GHOSTS ON THE LOOSE ne marque pas le cinéma d'un empreinte indélébile, loin de là. Il reste néanmoins le témoin d'une comédie d'un autre âge avec, dans la deuxième partie, un sens du rythme dans le flot verbal et les gesticulations qui s'inspirent certes des Marx Brothers (de TRES loin !) mais également des 3 Stooges ou des Ritz Brother, Tout en tentant de donner un côté réaliste très «les garçons d'à côté» en ce qui concerne les héros dépeints.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
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Une comédie série B typique des années 40
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Une copie médiocre
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L'édition vidéo
GHOSTS ON THE LOOSE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Aventi
Support
Inconnu
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h05
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
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