Header Critique : JU-ON : THE GRUDGE 2

Critique du film et du DVD Zone 3
JU-ON : THE GRUDGE 2 2003

 

Kyoko, comédienne spécialisée dans l'horreur, est victime d'un curieux accident de voiture avec son compagnon. Ce dernier tombe dans le coma et la jeune femme perd l'enfant qu'elle portait. Dès lors, le quotidien de Kyoko et de ses proches va se trouver parasiter par des apparitions malsaines, tandis que sa grossesse va reprendre mystérieusement son cours normal.

JU-ON 2 est la suite du premier JU-ON, ce qui n'aura échappé à personne jusqu'ici. Enfin presque, puisque la franchise fantomatique écrite et dirigée par le japonais Takashi Shimizu n'est pas si limpide que ça. JU-ON est au départ un film de V-Cinema, soit un métrage exclusivement destiné au marché vidéo (sorti en 2000). La même année, Shimizu propose déjà un JU-ON 2, qui en constitue logiquement la suite vidéo. En 2003, JU-ON est transposé au cinéma avec le sous-titre THE GRUDGE. JU-ON 2 est ainsi la suite sur grand écran de ce dernier, tourné juste avant le remake américain du premier JU-ON : THE GRUDGE opéré par Shimizu lui-même. De quoi en perdre son latin !

Concocté par la même équipe, très proche du premier film du simple point de vue temporel, JU-ON 2 fait plus figure d'extension que de véritable suite. Shimizu ne prend pas le moindre recul avec sa série, et livre une nouvelle histoire fragmentée en sketches non linéaires. Personnage principal du film, Kyoko entre en contact avec les fantômes du film en visitant pour les besoins d'une émission télé la maison maudite du premier opus. Dès lors, elle est «contaminée» par les spectres, et transmet sa malédiction à toute personne qu'elle croise à son tour. Un schéma d'apparitions traité comme un virus, ce qui n'est pas sans rappeler une certaine cassette vidéo hantée.

Bien que certains lui reprochaient son statisme, le premier JU-ON était pourtant une petite merveille de terreur. Un film volontairement lent et cru, littéralement glaçant lorsqu'il mettait en scène ses revenants aux travers d'images terriblement insistantes. Le film bénéficiait également d'un travail sonore remarquable, comme en témoigne le «cri» des fantômes, devenu le véritable symbole de la série. Tout cela est donc repris à l'identique dans cette suite, sans malheureusement chercher à élargir le concept.

L'effet de surprise est ainsi considérablement érodé. Ceci a pour conséquence fâcheuse d'apprivoiser les terrifiants spectres aux yeux du spectateur. Shimizu opte de plus pour des mouvements narratifs identiques à l'intérieur des sketches qui morcellent l'histoire principale. Chaque segment s'attache à un protagoniste qui va peu à peu se faire la victime des esprits vengeurs, dans un crescendo horrifique qui s'achèvera systématiquement par un plan subjectif du spectre se jetant sur la caméra. On regrette sincèrement les plans finaux des sketches du premier opus, composés avec une imagination malsaine des plus traumatisante.

Mais si JU-ON 2 est une déception par rapport à son aîné, il n'en demeure pas moins un bon film d'horreur parfaitement recommandable. Ce dernier se montre très exigeant, ne cédant jamais aux sirènes du frisson facile pour privilégier une ambiance lourde et oppressante. Si certains sketches se montrent un peu trop attendus, d'autres sont très brillants, déstructurant la chronologie ainsi que la réalité et le fantasmé avec une aisance peu commune. Le final, qui se rapproche de la suite littéraire de RING, est d'un minimalisme suffocant bien supérieur à ses inspirateurs.

Un peu inégal, JU-ON 2 mérite pourtant toute attention puisqu'il contient un véritable petit chef d'œuvre. En aparté de son intrigue principale, Shimizu orchestre au détour d'un sketch un mini-film indépendant d'une profonde excellence, sans aucun doute le sommet d'inspiration de la franchise JU-ON tout film confondu. Se focalisant sur Tomoka, une jeune fille dérangée dans son studio par des bruits métronomiques à chaque heure précise de la journée, le film déroule un tissu horrifique à la fois limpide et totalement imprévisible. La surprise de cette formidable découverte laisse pantois, et hisse sans effort JU-ON 2 vers le haut du panier de l'horreur post-RING, certes bien derrière son prédécesseur.

JU-ON devait atterrir dans nos salles, il n'en est toujours rien. Il faudra donc se tourner vers l'import asiatique si l'on veut profiter de cette série. Disponible dans une édition chinoise peu onéreuse, nous nous intéresserons cependant à l'édition Coréenne de JU-ON 2. Présenté dans un packaging classieux, on est cependant déçu de la qualité technique du film. L'image présente des noirs très peu profonds et une colorimétrie fade, ce qui compromet l'impact photographique du film. Heureusement, les pistes sonores rattrapent quelque peu les choses, avec notamment une piste DTS à vous rendre fou de terreur dès lors qu'elle se met à cracher le fameux râle des revenants.

De nombreux bonus sont présents sur les deux disques qu'offre l'édition : Making Of, interviews, scènes coupées, bandes-annonces, comparatifs avec le story-board, résumé en images de la première. Malheureusement, aucun ne bénéficie de sous-titres anglais, ce qui risque de compromettre grandement la compréhension de l'ensemble pour grand nombre d'entre nous. Bloqué par la langue, on s'attardera plus volontiers sur les deux Making Of complémentaires, situés sur chaque disque, qui nous offrent à voir les astucieux procédés de filmage des si terrifiants effets d'apparitions.

Malgré un niveau artistique élevé, JU-ON 2 ne parviens pas à rallumer de manière intacte la flamme d'angoisse provoquée par le premier film. Conçu peut être trop rapidement derrière son aîné, le film ne parvient pas à offrir une nouvelle dimension à son univers de spectres croasseurs. Reste un formidable segment, véritable film dans le film, qui justifie à lui seul l'existence de cette séquelle.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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287 critiques Film & Vidéo
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Une suite qui ne renouvelle pas assez l’original
Une qualité image reprochable
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L'édition vidéo
JU-ON : THE GRUDGE 2 DVD Zone 3 (Korea)
Editeur
Bear
Support
2 DVD
Origine
Korea (Zone 3)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.85 (16/9)
Audio
Japanese DTS 5.1
Japanese Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Coréen
  • Supplements
      • DVD 1
      • Making of (20mn14)
      • Interviews du réalisateur et des comédiens (25mn07)
      • Bandes-annonces
      • DVD 2
      • Making of (29mn54)
      • Interviews du réalisateur et des comédiens (26mn03)
      • Scènes coupées (8mn43)
      • Galerie photos
      • Continuity alias comparatifs avec le storyboard (10mn46)
      • Clip promotionnel (12mn24)
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