Header Critique : GODZILLA & MOTHRA (GOJIRA VS MOSURA)

Critique du film et du DVD Zone 2
GODZILLA & MOTHRA 1992

GOJIRA VS MOSURA 

Avec GODZILLA VS. KING GHIDORAH (titre DVD), le second cycle japonais de Godzilla prend un nouveau tournant. Plutôt que de tenter de créer de nouveaux monstres, comme cela a été fait pour GODZILLA CONTRE BIOLLANTE (titre vidéo) en 1989, on se décide à redonner vie à des créatures classiques du bestiaire Toho, que le dragon atomique a déjà affrontées dans les années 1960. Ainsi, dans GODZILLA VS. KING GHIDORAH, on retrouve le dragon tricéphale de SANDAIKAIJU, CHIKYU SAIDAI NO KESSEN de 1964. Dans GODZILLA ET MOTHRA, c'est bien entendu le monstre gentil Mothra (apparue dans le MOSURA de 1961, alias MOTHRA dans les pays anglo-saxons et chez nos amis belges) qui revient à la charge.

Le retour de Mothra a été envisagé dès le tournage de GODZILLA CONTRE BIOLLANTE : Koichi Kawakita (responsable des effets spéciaux sur les Godzilla de 1989 à 1995) a l'idée de mettre en scène un affrontement entre cette mite géante et une nouvelle création nommée Bagan. Ce "Mothra contre Bagan", dans lequel ne serait pas intervenu Godzilla, n'est toutefois pas réalisé. Puis, Kawakita propose une autre histoire voyant Godzilla combattre Gigamoth, nouveau-venu lui aussi, qui se serait avéré être un frère de Mothra, mais contaminé par des radiations nucléaires. L'affrontement final aurait mis en scène Gigamoth, Mothra et Godzilla. Cet autre projet échoue aussi, bien que, comme on va le voir, certaines de ses idées vont être reprises dans GODZILLA ET MOTHRA.

Si GODZILLA CONTRE BIOLLANTE et GODZILLA VS. KING GHIDORAH ont été écrits et réalisés par Kazuki Omori, celui-ci se contente ici d'être scénariste, et passe le relais de la mise en scène à Takao Okawara, un quasi-débutant qui a été notamment assistant-réalisateur sur KAGEMUSHA de Kurosawa et LE RETOUR DE GODZILLA (titre vidéo). Sinon, comme pour le film précédent, on retrouve, bien sûr, Koichi Kawakita aux effets spéciaux, tandis que le mythique compositeur Akira Ikifube (qui a écrit entre autres la musique du GODZILLA original) signe la partition. Si le casting se compose avant tout de jeunes comédiens japonais n'ayant, jusque-là, pas de rapport avec la série, on retrouve tout de même avec émotion la mine sévère d'Akira Takarada, véritable vétéran de la série, déjà témoin d'un premier affrontement de MOTHRA CONTRE GODZILLA dans ce film de 1964 ! Enfin, dans le costume de Godzilla, on retrouve Kengo Nakayama, détenteur du titre depuis LE RETOUR DE GODZILLA. La jeune Miki Saegusa (Megumi Odaka), personnage récurrent dans les aventures de Godzilla de 1989 à 1995, est à nouveau présente, mais elle tient ici un rôle très en retrait.

Un énorme météorite s'écrase dans l'Océan Pacifique, provocant des effondrements terribles sur l'île d'Infant. Un aventurier s'y rend en compagnie d'une agent du gouvernement (qui est, accessoirement, son ancienne femme) et d'un employé du groupe privé Marutomo. Ils y découvrent deux minuscules jumelles extra-terrestres, les Cosmos, ainsi qu'un oeuf énorme. Le groupe Marutomo s'empresse de ramener tout ce petit monde vers le Japon, l'œuf étant transporté sur un énorme barge. Ce périple maritime est interrompu par l'arrivée de deux monstres réveillés par le météorite : Battra, une méchante mite volante, et Godzilla, le roi des monstres. Les deux créatures s'affrontent, tandis que l'œuf géant finit par éclore et libère Mothra, encore à l'état de larve...

Plutôt que de proposer une véritable histoire originale, Toho a préféré jouer la sécurité en reprenant de nombreux éléments scénaristiques présents dans MOSURA et MOTHRA CONTRE GODZILLA. C'est particulièrement le premier titre qui est sollicité puisque le point de départ est globalement identique : des japonais mal intentionnés se rendaient sur une île mystérieuse et y enlevaient deux petites magiciennes jumelles, gardiennes du monstre Mothra ; une fois à Tokyo, celles-ci appelaient Mothra à leur secours, grâce à leurs pouvoirs télépathiques, et le monstre arrivait prestement, non sans avoir ravagé une bonne partie de Tokyo en cours de route. L'idée d'introduire Godzilla dans cette histoire provient, bien sûr, de MOTHRA CONTRE GODZILLA. Par contre, l'apparition de Battra, double négatif de Mothra, est une innovation, découlant apparemment du projet avorté "Godzilla contre Megamoth".

Largement orienté vers les personnages de Mothra et de son double Battra, GODZILLA ET MOTHRA tend à mettre le lézard atomique en arrière-plan. Si la chute de l'astéroïde, alliée aux méfaits que les humains font subir à la Nature, provoque le réveil du gentil Mothra et du méchant Battra (chargé de punir l'humanité qui bafoue l'écologie de la Terre), le rôle de Godzilla dans cette histoire est moins clair. Il n'est ici qu'une force déchaînée, détruisant tout sur son passage, mais sans rôle réel dans le récit.

Et il faut bien reconnaître que ce récit paraît un peu inégal et confus. Commençant comme un pastiche des AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE et d'INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT, il s'oriente ensuite vers un remake assez littéral de MOSURA, dans lequel émergent, sans beaucoup de cohérence, des éléments de comédie familiale ou une critique du capitalisme aveugle. Quant à Godzilla et Battra, le scénario s'arrange pour les faire disparaître un bon moment du métrage (ils sont engloutis dans le magma terrestre au cours d'un combat sous-marin à proximité d'une faille sismique !), et ne les libère que pour le final. Tout cela donne l'impression d'un récit inégal et inabouti.

Heureusement, GODZILLA ET MOTHRA se rattrape nettement au cours de trois séquences d'anthologie, bénéficiant d'effets spéciaux réellement étourdissants. L'affrontement maritime autour de la barge transportant l'œuf de Mothra est ainsi une superbe réussite, tout comme le magnifique final dans la fête foraine, au cours duquel combattent Battra, Mothra et Godzilla. Déchaînement de lasers, d'éclairs et d'explosions, ces luttes titanesques en donnent très nettement pour son argent à l'amateur de grands monstres japonais. Enfin, la métamorphose de Mothra en papillon, inspirée du MOSURA original, est évidemment une superbe réussite, débordant d'une poésie naïve extrêmement touchante, poésie inhérente à ce monstre assez à part dans le bestiaire de la science-fiction japonaise. Si, d'habitude, les monstres incarnent plutôt une représentation dangereuse et vengeresse de la nature, Mothra représente sa beauté et sa bienveillance, que les citoyens de Tokyo contemplent avec respect et admiration.

Malgré quelques faiblesses, MOTHRA ET GODZILLA est véritablement un bon film de science-fiction, bénéficiant de grandes qualités spectaculaires. Au Japon, il rencontre un énorme succès, avec 4,2 millions d'entrées, soit le second plus gros "hit" de l'année, juste derrière JURASSIC PARK de Steven Spielberg (ce dernier reconnaît d'ailleurs avoir été influencé, pour ce titre, par le GODZILLA original !). Il s'agit du plus gros succès de la série Godzilla de la période 1984-1995 ! Ce cycle poursuit donc sereinement sa route. Pour le volet suivant, GODZILLA VS. MECHAGODZILLA II (titre DVD), on fait appel à d'autres vieilles connaissances : Rodan (cf. RODAN de Honda), un fils de Godzilla (cf. LA PLANÈTE DES MONSTRES) et MechaGodzilla (cf. GODZILLA CONTRE MECANIK MONSTER).

Mothra, de son côté, réapparaît dans GODZILLA VS. SPACE GODZILLA (titre DVD). Puis, il a droit à sa propre série, le temps de trois films, de 1996 à 1998 : MOSURA, MOSURA II, puis MOSURA III. Il reviendra dans la "troisième période" de Godzilla, amorcée en 1999 par GOJIRA NI-SEN MIRENIAMU. Mais, c'est une autre histoire !

En France, MOTHRA ET GODZILLA est tout simplement inédit, et c'est donc une belle surprise de le voir débarquer en DVD chez Aventi, dans la nouvelle collection "Godzilla". Pour ce titre, il existe déjà un DVD américain (zone 1, NTSC), mais proposé dans un Pan et Scan disqualifiant. Il y a encore un DVD nippon (zone 2, NTSC), bénéficiant de quelques bonus intéressants, mais, hélas, n'incluant aucune option linguistique autre que le japonais.

Le DVD français propose le film dans son format panoramique d'origine (1.85 en théorie, même si le cadrage a l'air légèrement moins large). On n'y trouve, hélas, pas d'option 16/9, ce qui est très regrettable. De plus, le télécinéma n'est pas impeccable : on regrette notamment des couleurs assez fades et des contrastes manquant sérieusement de profondeur. On repère quelques défauts d'état, heureusement très ponctuels (poinçons de fin de bobine). Plus étrange, le film fait, à trois reprises (aux alentours de 25'50'' par exemple), une petite pause laissant un écran noir et silencieux pendant cinq secondes. Tout cela n'est pas tragique et est en partie compensé par une compression quasiment irréprochable. Au vu de la rareté du titre en Occident, on ne fera pas la fine bouche.

La bande-son est proposée uniquement dans sa version japonaise, en Dolby Surround d'origine (2.0). Cette piste sonne un peu pincée et a tendance à privilégier les aigus par rapport à un grave peut-être trop discret. Le résultat reste néanmoins suffisamment spectaculaire pour bien mettre en valeur les séquences les plus destructrices du métrage. Un sous-titrage français est évidemment présent (et imposé).

En bonus, on ne trouve hélas rien du tout. Toutefois, GODZILLA ET MOTHRA est vendu en tandem avec un autre film : GODZILLA VS. MEGALON (titre DVD), mieux connu dans notre pays sous l'intitulé GODZILLA 80.

Ce DVD de GODZILLA ET MOTHRA est donc globalement acceptable, même si l'on regrette l'absence d'option 16/9, et, en tous cas, n'a pas de véritable concurrence en occident pour le moment.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
GOJIRA VS MOSURA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Aventi
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h42
Image
1.85 (4/3)
Audio
Japanese Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
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