Header Critique : PORTRAIT DE DORIAN GRAY, LE (THE PICTURE OF DORIAN GRAY)

Critique du film
LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY 1945

THE PICTURE OF DORIAN GRAY 

Alors qu'un de ses amis peint son portrait, le jeune Dorian Gray émet le souhait que le tableau vieillisse à sa place. Son voeu se réalise : la peinture décline et reflète la corruption de son âme, sans que son allure, juvénile, pure et noble, n'en pâtisse...

Cette adaptation du célèbre roman de l'irlandais Oscar Wilde a été réalisée aux USA par Albert Lewin. Producteur depuis le temps du muet, il passe à la réalisation au début des années quarante, LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY étant son second long métrage à ce poste. Ce film est remarquablement interprété par Hurd Hatfield dans le rôle titre, et par George Sanders dans celui de son ami à l'influence néfaste. Nous remarquons aussi la présence de la jeune Angela Lansbury, au début d'une carrière prometteuse : elle est encore active de nos jours puisque nous avons croisé cette grande dame du cinéma il y a quelques mois, à la fin de l'année 2018, dans LE RETOUR DE MARY POPPINS !

La mise en scène de LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY évoque le meilleur du cinéma classique américain. L'interprétation en est irréprochable : George Sanders, comme toujours impeccable, incarne un beau parleur cynique, tandis que Hurd Hatfield est étonnant dans le rôle d'un Dorian Gray frémissant, au visage lisse et lumineux. La photographie en noir et blanc est constamment magnifique, seuls certains plans du fameux tableau étant en couleurs. Nous apprécions aussi les somptueux décors, qui soulignent le contraste entre les intérieurs raffinés où évolue la haute société à laquelle appartient Dorian, et les quartiers lépreux dans lesquels il assouvit ses vices.

Pour sa restitution formidable de l'Angleterre victorienne, LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY est recommandé aux amateurs d'atmosphères gothiques raffinées. Comme d'autres films de la même époque (DR JEKYLL ET MR HYDE de Victor Fleming, LA FÉLINE de Jacques Tourneur...), LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY préfère l'installation d'une ambiance sombre et subtile à l'accumulation de scènes violentes et choquantes. Ainsi, certaines séquences parviennent à être tout à fait saisissantes sans pour autant recourir a des effets horrifiques classiques (le meurtre, l'auberge avec le dessinateur...),

Nous apprécions surtout la finesse de la description des personnages. Après une déception sentimentale, Dorian Gray décide de vivre sans se soucier de la morale étouffante de son époque. Grâce au lien étrange le liant à son portrait, il peut détruire son âme en se vautrant avec masochisme dans les plaisirs et les vices les plus immoraux,et ce sans que son visage n'affiche les stigmates de sa déchéance. Seul le tableau devient un peu plus hideux, jour après jour.

Ce film restitue très bien le contenu du roman, avec beaucoup d'intelligence. Si Albert Lewin opte pour une mise en scène en finesse, il s'éloigne aussi des influences expressionnistes les plus flagrantes que nous croisions par exemple dans les classiques Universal des années trente. Ce qui peut faire de LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY un métrage nous paraissant moins fou, moins graphique et visuellement inventif que ceux-ci. Par exemple, le recours fréquent à la voix off peut paraître lassant et scolaire par endroit.

Pourtant, grâce à son atmosphère particulière, à la qualité de son interprétation et à la subtilité de son propos, LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY est un film remarquable, qui évoque avec intelligence le prix terrible payé par celui qui choisit de vivre sans se soucier de la morale.

Six ans après, en 1951, Albert Lewin livre un autre classique du fantastique : PANDORA, avec Ava Gardner et James Mason, qui pousse encore plus loin la démarche esthète de son metteur en scène et puisant ses sources artistiques dans les avant-gardes surréalistes d'alors.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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