Header Critique : JANE DOE IDENTITY, THE (THE AUTOPSY OF JANE DOE)

Critique du film
THE JANE DOE IDENTITY 2016

THE AUTOPSY OF JANE DOE 

Dans la petite ville de Virginia (Minnesota), le médecin légiste Tommy Tilden (Brian Cox) et son fils Austin (Emile Hirsch) doivent pratiquer de toute urgence l'autopsie d'une inconnue baptisée par défaut «Jane Doe» (Olwen Kelly). L'autopsie  se pratique le soir car l'inconnue vient d'être retrouvée dans une maison où a eu lieu un carnage. Au fur et à mesure, Tommy et Austin révèlent un par un les secrets du cadavre. Parallèlement à leurs découvertes, des évènements aussi étranges que surnaturels se produisent, comme si on les empêchait d'aboutir à la conclusion.

Nombre de fantasticophiles attendaient avec impatience le nouveau long métrage du Norvégien André Øvredal, réalisateur du désormais cultissime TROLL HUNTER que nous avions pu découvrir en 2011 au festival de Gérardmer. Cette fois, le réalisateur quitte l'univers des légendes Norvégiennes pour se consacrer à un thème complètement différent, ce qu'il a tenu nous présenter en personne à l'édition 2017 de ce même festival de Gérardmer. Øvredal expliqua que ce film lui tenait particulièrement à cœur, et qu'il voulait se lancer dans un projet aux antipodes du film version found footage de TROLL HUNTER. Le pari est plutôt réussi puisque THE AUTOPSY OF JANE DOE est reparti avec le prix du jury jeunes.

L'intrigue prend place quasi-exclusivement au sein de la vieille morgue située au sous-sol de la maison familiale des Tilden. Dès le début du film, une atmosphère glauque et pesante envahit le spectateur, retrouvant celle du mausolée de PHANTASM, voire de ONE DARK NIGHT. La caméra reste quant à elle fixe, et filme telle un espionne le déroulement de l'autopsie dont les étapes sont analysées une à une par le père qui enseigne au fils. Le cadavre de Jane Doe a été retrouvé à moitié enterré dans une cave, mais semble étrangement bien préservé et ne présente aucune trace de violence apparente. L'analyse poussée du corps de manière externe puis interne pose des questions fondamentales : comment une jeune femme qui a les os brisés, la langue coupée, puis les poumons noirs (entre autres) a seulement l'air de somnoler ? Le scénario écrit par  Ian Golberg & Richard Naing possède une structure à-propos car les légistes, au travers de leur travail, répondent aux interrogations du spectateur, et vont de déduction en déduction. Et même si l'on devine plus ou moins la causalité surnaturelle, qu'importe. Cela permet la mise en place d'une ambiance angoissante, ponctuée par des scènes de sursaut bien placées. Même si certaines apparaissent bien classiques comme l'ombre que l'on aperçoit à travers l'oculus (cela fonctionne définitivement bien !).

Le suspense et la terreur vont de pair avec l'avènement du surnaturel, au gré de  la compréhension des causes de la mort de Jane. La mise en scène se révèle en ce sens très subtile :  les protagonistes ne font pas réellement face à des morts-vivants qui veulent à tout prix leur mort. On oscille entre réalité et hallucinations, sans vraiment réaliser si les morts se sont relevés et si le cadavre de Jane est à l'origine de ce déferlement d'évènements étranges.

Øvredal utilise peu d'effets spéciaux et un décor plutôt simpliste. Il réussit néanmoins à distiller l'épouvante de manière efficace. Pour cela il a fait appel à  la photo de Roman Osin (ORGUEIL ET PREJUGES) qui retrouve l'ambiance ambiguë de THE RETURN pour ce faire. Il propose des couleurs sombres mais denses qui nous rappelle quelque peu le travail de Luciano Tovoli pour SUSPIRIA ses rouges-orangés. Par ailleurs, le fait que l'action se déroule dans le soubassement d'une vieille maison aux couloirs sombres augmente réellement le sentiment de malaise via l'architecture des lieux. En outre, la manière de filmer le dédale des couloirs renvoie immédiatement à SHINING de Stanley Kubrick, et contribue à semer le doute sur le côté réel ou hallucinatoire. Enfin, les sons utilisés au détriment d'une bande sonore amènent une petite touche grinçante supplémentaire. On entend tous les bruits de l'autopsie (que l'on devine réels), du craquement des os au décollement de la peau ! Mais le plus amusant reste le bruit de la clochette, que l'on ne percevra jamais plus de la même manière après avoir visionné le film.

Nos deux personnages principaux jouent également un rôle prépondérant dans l ‘histoire qui tourne essentiellement autour d'eux. Ce qui est agréable  - et avouons-le original - , demeure le rapport le père/fils,  non conflictuel. Quel changement par rapport à toutes les productions Le duo très complice père/fils analyse et étudie sans que l'un cherche à avoir le dessus sur l'autre. On assiste là à un véritable échange entre scientifiques passionnés. La plus énigmatique reste néanmoins Jane Doe. Bien qu'elle ne parle pas et reste immobile, elle n'en apparaît pas moins menaçante : le défi absolu d'un tel rôle. L'iMage renvoie inévitablement au très mauvais  DEADGIRL de Marcel Garmiento & Sadi Harel ou au récent EL CADAVER DE ANNA FRITZ, surfant sur le même mode de lieu unique à vocation quelque peu expiatoire. Mais à l différence que Jane Doe ne verse pas dans l'érotisme morbide, car l'on sent bien que si la caméra filme Olwen Kelly certes nue, elle ne s'attarde sur des points précis de son anatomie que pour les besoins de l'enquête. Le fait aussi que le personnage de Jane soit d'une blancheur immaculée la rend presque fragile, humaine et atténue quelque peu le côté repoussant du cadavre en décomposition.

Avec THE AUTOPSY OF JANE DOE André Øvredal livre un long métrage maitrisé, combiné d'un scénario construit intelligemment, des personnages crédibles qui évoluent dans un huis clos poisseux à souhait. Les légistes intègrent dans un cercle infernal zoomant sur LA QUATRIEME DIMENSION hardcore. Même si la suggestion reste maîtresse des lieux, l'horreur s'installe  inexorablement, sans avoir recours à des effets spéciaux à outrance dont on nous abreuve aujourd'hui. Tout en rendant un hommage bienvenu aux séries B d'horreur des années 70/80, et ça, on aime !

Rédacteur : Anne Barbier
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