Header Critique : EXTE (EKUSUTE)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
EXTE 2007

EKUSUTE 

Lors d'un simple contrôle de routine, des douaniers tombent sur un conteneur rempli de cheveux destinés à produire des extensions capillaires. Pourquoi pas. Mais le plus choquant est qu'au beau milieu de cette impressionnante tignasse se cache le cadavre d'une jeune femme à laquelle on a subtilisé bon nombre d'organes. La malheureuse est donc ré-orienté vers la morgue mais elle n'y restera pas longtemps. Le corps est en effet volé par Yamazaki, un employé bien barré qui tombe sous le charme des cheveux de la défunte. Beaux, soyeux et doux, ils ont également la particularité de continuer de pousser avec l'énergie de la mauvaise herbe  ! Yamazaki entreprend donc de les couper et de les vendre aux salons de coiffure avoisinants...

Ce n'est un secret pour personne, les japonais font un blocage sur les cheveux. Sadako a traumatisé le monde entier en sortant du puits de RING en 1997 et dès lors, pas une seule vision cauchemardesque n'a vu le jour sur l'archipel sans qu'une tignasse lisse ne cache un faciès fantomatique. Les mèches folles ont fini par conquérir les autres pays d'Asie, et même les États-Unis par le biais de remakes douteux. En 2005, le coréen Shin-yeon Won pousse le bouchon et place une perruque au centre de l'intrigue de THE WIG. Aussi tirée par les cheveux qu'elle puisse paraître, l'idée fonctionne plutôt bien grâce à un traitement sérieux et une intrigue intelligente. La pellicule sera malheureusement handicapée par un rythme laborieux, pour ne pas dire profondément soporifique... Deux ans plus tard, Sono Sion interviewe une jeune demoiselle et constate que d'un jour à l'autre, la longueur de ses cheveux varie. Le réalisateur se renseigne et découvre alors l'étonnante popularité des extensions capillaires  ! Fasciné par les phénomènes de société, aussi futiles soient-ils, Sono voit là le sujet de son prochain film...

Le réalisateur de SUICIDE CLUB et NORIKO'S DINNER TABLE entreprend donc de mettre en boite EXTE qui sera son premier véritable film d'horreur. Sa première œuvre commerciale serait-on également tentés de dire. En effet, bien que l'on retrouve ici une certaine folie inhérente au réalisateur, nous ne pourrons que regretter un propos assez lisse et quelque peu passe-partout. Le trafic d'organe est oublié après cinq minutes, les motivations du «monstre» sont plus que floues et même le regard porté sur la jeunesse est assez indigne de ce à quoi Sono nous a habitué. En réalité, l'homme ne semble intéressé que par deux choses  : Les cheveux et le personnage de Yamazaki.

Les cheveux sont une évidence puisqu'au centre du film et des préoccupations. Ils s'immiscent partout, envahissent le corps des victimes et peuvent même s'en extraire pour emplir des pièces entières ou former d'immenses toiles. Sono ne manque pas d'imagination dans le domaine et même si le spectateur habitué pointera l'emprunt de nombreuses idées, c'est davantage l'abondance des cheveux à l'écran qui déroutera. Force est de constater que leur omniprésence finit par dégager quelque chose de malsain, et par mettre mal à l'aise. A ce titre, l'image de langues «chevelues» relève clairement du bizarre ou, comme nous le soupçonnons, du fétichisme. Nous noterons au passage et sans surprise que le film est dédié à tous les adorateurs capillaires  ! Très chères groupies, vous savez maintenant comment séduire votre réalisateur préféré...

L'autre pilier du métrage est, comme nous l'avons dit, l'employé de la morgue et collecteur de cheveux, Yamazaki. Nous tenons là notre déjanté typique de l'univers Sono Sion. Hystérique, décalé et très largement surjoué, ce protagoniste nous emporte, ou nous perd, selon qu'on apprécie ou pas le second degré qu'il injecte sans la moindre finesse. Yamazaki est un peu l'exutoire du réalisateur au sein de ce métrage calibré. On pourrait même dire qu'il est le reflet du réalisateur tant les deux semblent partager la même excentricité ou douce folie, ainsi qu'une fascination particulière pour les cheveux. Pour incarner le barjot, Sono a fait appel à l'acteur Ren Osugi que l'on a grande habitude de voir chez «Beat» Takeshi Kitano, généralement en Yakuza. Ici, l'acteur se fait plaisir cède à une exagération qui ne cessera qu'avec le générique. Si vous avez de la chance. Car il se peut que l'horrible mélodie composée par Sono et chantée par Osugi vous reste en tête plusieurs heures après le visionnage  !

En marge du personnage de Yamazaki, nous avons tout de même des héros dans EXTE. Ceux-ci peinent à exister mais nous citerons par politesse la troublante et séduisante Chiaki Kuriyama. La jeune femme s'avérait bien plus à l'aise dans BATTLE ROYALE et KILL BILL 1 qu'ici, mais admettons qu'il n'est pas simple de briller quand on incarne une gentille petite apprentie-coiffeuse... Le reste du casting acquitte de sa tâche sans faire d'étincelle, nous amenant bon an mal an jusqu'à une conclusion qui, admettons-le, laisse pantois  !

D'une manière générale et malgré ses nombreuses imperfections, EXTE distille un certain malaise et remplit donc partiellement son rôle horrifique. Aucun effet facile ou «jump-scare» n'est à noter et Sono tente de créer une ambiance bien à lui, aussi déroutante que grotesque. On constatera que, comme bien souvent, les idées les plus simples et modestes fonctionnent alors que les séquences trop audacieuses souffrent d'un problème de crédibilité. La faute sans doute à des effets numériques qui montrent assez régulièrement leurs limites. Quoiqu'il en soit, les amateurs de films étranges pourront y trouver leur compte, de même que les coiffeurs déviants. EXTE peinera sans doute plus à convaincre les férus d'horreur nippone ou les amoureux de Sono Sion...

Alors que nous sommes en 2016 et que les spectres japonais sont quelque peu passés de mode, l'éditeur Metropolitan (sous sa bannière HK Vidéo) décide d'éditer cet EXTE datant de 2007. L'idée est étonnante mais ne nous plaignons pas de ce genre d'initiative. Surtout que le boulot est bien fait et que l'éditeur soigne sa copie. Nous avons donc le film présenté dans un 1080p/24 très propre, sans défaut. Les noirs sont profonds et détaillés, et les couleurs vives. Sur le plan sonore, nous aurons le choix entre la version originale japonaise et le doublage français, tous deux encodés en DTS-HD Master Audio 5.1. Sans surprise les pistes sont propres et offrent une belle dynamique. Les voix sont parfaitement claires et le tout est spatialisé de manière homogène. Bien évidemment, la version originale se montre bien plus naturelle et immersive à l'écoute.

Du point de vue du contenu éditorial, le disque se montre très généreux en proposant une belle brochette de documents vidéo. Le premier se nomme «Le cinéma Sunshine». Il s'agit d'un reportage revenant sur la sortie du film au Japon, et notamment sa présentation par l'équipe sur la scène du Sunshine. Le réalisateur et quatre de ses principaux acteurs prennent la parole à tour de rôle pour évoquer le film et la vision qu'ils en ont. Le propos est assez pertinent et meuble bien la petite dizaine de minutes. Il n'en sera pas de même du documentaire suivant intitulé «Le café Ariapita» et qui nous amène dans un troquet décoré aux couleurs du film. Les intervenants sont les mêmes que sur le précédent supplément et le propos se montre très redondant...

«Rencontre avec Chiaki Kuriyama» est pour sa part bien différent ! Différent de tout à vrai dire. C'est l'exemple parfait du genre d'interview que l'on ne peut faire qu'au Japon. A savoir que durant plus de douze minutes, les questions qui sont posées à l'actrice s'intéressent plus à l'entretien de ses cheveux et à son régime minceur qu'à son métier ou au film dont il est question ! Donc si vous vous intéressez à ce genre de notions existentielles, c'est indiscutablement sur ce supplément qu'il faut vous ruer...

Le Blu-ray propose en outre trois séquences coupées au montage et dont l'intérêt est tout relatif. Également présente sur le disque, l'horrible chanson dont tout le monde semble si fier. Écrite par Sono Sion, elle ne comporte qu'un seul mot en guise de parole, et vous aurez devinez lequel. C'est le genre de ritournelle qui vous reste dans la tête aussi sûrement qu'une vilaine gueule de bois mais si vous êtes masochiste, l'option Karaoke est là pour vous ! Enfin nous retrouverons la bande-annonce japonaise du film, assez décousue et rythmée au son d'une J-Pop non identifiée. La version internationale est davantage orientée vers l'horreur et prend le parti de masquer les écarts comiques. Nous pourrons enfin découvrir les bandes-annonces de LOVE EXPOSURE et THE LAND OF HOPE qui, pour le coup, sont deux très bons films de Sono Sion.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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Chiaki Kuriyama
Une belle édition
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Un film d'horreur mineur
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L'édition vidéo
EKUSUTE Blu-ray Zone B (France)
Editeur
HK Vidéo
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h48
Image
1.78 (16/9)
Audio
Japanese DTS Master Audio 5.1
Francais DTS Master Audio 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Le cinéma Sunshine (9mn24)
    • Le café Ariapita (5mn14)
    • La chanson de Sono Sion (1mn50)
    • Rencontre avec Chiaki Kuriyama (12mn46)
    • 3 scènes coupées (1mn19)
      • Bandes-annonces
        • Exte
        • Japonaise
        • Internationale
      • Love Exposure
      • The Land of Hope
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