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Critique du film
LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT 2015

 

Dieu réside à Bruxelles et, contrairement aux idées reçues, il n'a pas un bon fond. Au contraire, il passe son temps à jouer avec sa création, s'amusant de manière sadique à pourrir la vie des êtres humains. Mais tout va changer lorsque sa fille décide de fuguer après avoir révélé les dates de décès de chaque habitant de la planète (tout du moins à ceux qui ont des téléphones portables !). Son objectif, rassembler de nouveaux apôtres de manière à délivrer un nouveau message de paix au monde entier !

Avec quatre longs-métrages pour le cinéma sur une période de vingt cinq ans, Jaco Van Dormael prend son temps. Et ce n'est pas plus mal puisque le cinéaste nous offre des œuvres atypiques et réfléchies. Il le prouve une nouvelle fois en réalisant LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT. Avec un tel titre et la mise en avant d'un Dieu interprété par Benoît Poelvoorde, Jaco Van Dormael ne s'intéresse pourtant pas à l'existence (ou pas) d'une volonté divine. Au contraire, comme pour les films précédents du cinéaste, c'est l'humain qui est au cœur du sujet ! Dieu aurait créé l'homme à son image ? Jaco Van Dormael nous montre donc Dieu par le miroir des imperfections de notre univers et de nos sociétés. Le constat, c'est un Dieu qui se gratte les couilles en robe de chambre tout en s'amusant des emmerdes qu'il inflige, de manière sadique, aux habitants de notre petite planète ! Dans LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT, ce Dieu, c'est donc avant tout le reflet négatif de l'humanité, à petite ou grande échelle. Un Dieu aussi imparfait que l'homme ! Le salut de l'humanité, il viendra, peut être, de ses enfants qui changeront les mentalités, en donnant une impulsion à même d'améliorer la vie de tout un chacun. Voilà un propos qui semble de prime abord naïf tout en laissant la porte grande ouverte à une démonstration moralisatrice. Naïf, peut être dans son message et son épilogue qui a, au moins, le mérite de terminer ce conte fantastique sur une note sympathique et optimiste ! Mais, moralisateur, certainement pas ! Les nouveaux apôtres dans LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT sont des personnages brisés physiquement ou moralement par leurs vies et parcours respectifs : un tueur en série, un obsédé sexuel, un jeune garçon qui aimerait être une fille, une jeune femme handicapée… Jaco Van Dormael ne porte pas de jugement hâtif et nous les présente avec un regard rempli de tendresse. Car le cinéaste exprime au travers de ces accidentés de la vie ce qui ne va pas dans notre monde, un manque évident d'amour et de tolérance ! Grâce à ces deux éléments, les personnages vont retrouver une vie heureuse pour le temps qu'il leur reste à vivre. La démonstration est joliment enveloppée dans un emballage truculent mais le film n'en reste pas moins une critique acerbe de nos semblables et du monde qu'ils ont créé !

Avec MR NOBODY, Jaco Van Dormael explorait assez sérieusement les conséquences de chaque petit choix que l'on peut faire dans nos vies. Bien que d'un ton radicalement différent, LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT se rattache à bien des égards au film précédent du cinéaste. Particulièrement dans le fait que la vie est un terrain de jeu qui doit être vécu pleinement, comme l'explique le héros de MR NOBODY. Cette idée est ici en grande partie au cœur du TOUT NOUVEAU TESTAMENT. Le film se montre même un poil subversif, le plus osé étant certainement l'histoire du personnage interprété par Catherine Deneuve. Malheureusement, la surprise est éventée avant même l'entrée dans la salle de cinéma puisqu'une partie de la promotion dévoile certains passages clefs du film. Il faut croire qu'il n'est donc plus possible d'attirer le public sans tout lui dévoiler quitte à gâcher le plaisir de la découverte… Cela s'avère des plus dommage dans le cas présent ! LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT est, en tout cas, une belle expérience cinématographique qui prône l'ouverture d'esprit avec intelligence et humour !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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