Header Critique : DAREDEVIL (SERIE)

Critique du film
DAREDEVIL 2015

SERIE 

Marvel, le célèbre éditeur de comics américain compte dans son écurie un Captain America dont les films ont relevés le niveau, un Iron Man au succès incontestable, un Punisher au succès plus discutable, un Spiderman qui fait toujours recette, et un héros aveugle dont la première adaptation avait été un pénible échec. DAREDEVIL, le film, avait non seulement marqué d'une pierre blanche le studio mais aussi la carrière de son acteur Ben Affleck qui a été estampillé mauvais acteurs suite à ce désastreux naufrage. S'il lui faudra carrément passer derrière la caméra pour effacer ce mauvais souvenir, pour Marvel, il suffit de refaire entièrement toute son imagerie.

Voguant sur le succès de ses désormais piliers à savoir Iron Man, Spiderman et Captain America, c'est carrément tout un plan d'action qui s'est établi. Les gros cartons sont réservés au cinéma avec les Avenger qui caracolent en tête, et le reste sortira en série. Suivant l'exemple de DC qui avec SMALLVILLE puis ARROW ayant conquis un public, THE SHIELD est ainsi une série plutôt pour adolescents et malheureusement pas de très bonne facture. La nouvelle série DAREDEVIL quand à elle a été mise entre les mains de Netflix qui a la lourde tâche de faire oublier l'échec du film, de faire table rase de l'image qu'il véhiculait alors et de redonner un côté badass au héros aveugle qui le jour est avocat, la nuit justicier.

Vendu comme un "nightwatch", un vigilante, DAREDEVIL à eu droit une campagne publicitaire en règle. Une bande annonce aussi dark que badass a vendu du rêve au public qui commence à s'habituer à l'image de marque complètement rebooster de Marvel. La bande annonce plutôt efficace est devenue virale et ainsi en quelques heures après sa sortie, la série a aussitôt figurée dans celles les plus téléchargés (et piratés du même coup).

Et les toutes premières images, donnent le ton, nous avons clairement affaire à une série plus mature qui décide de regarder le verre à moitié vide plutôt que l'inverse. Ainsi les images absolument magnifique du générique (bien qu'un peu pompé de celui de Hannibal) accompagné d'une musique assez représentante du ton voulu et recherché nous plonge directement dedans.

Dès qu'on regarde les épisodes on perçoit vite les changements. Les tonalités sont sombres allant carrément dans le vert bouteille afin de donner un aspect glauque à l'image d'un sombre New York. Mais le plus surprenant est sans doute la sobriété du costume du héros qui est d'ailleurs décrit plus comme un justicier au côté sombre que comme un chevalier blanc. Ainsi la série vise à se rapprocher de l'imagerie de Batman et quitte donc le côté poli et propre qu'avait jusqu'à présent les justiciers de Marvel (excepté bien sûr le Punisher). Un virage à 180° qui pourrait s'amorcer avec difficulté car le héros de base n'est pas vraiment quelqu'un de sombre.

En effet, Netflix dans ses efforts en a oublié le principal, Matt Murdock est un avocat qui se bat contre le crime organisé, et s'il revêt un costume de super héros, il se perçoit comme un chevalier blanc. La seule partie obscure de ce type est son attirance pour une méchante. Contrairement à Bruce Wayne, il n'est pas tiraillé par sa personnalité de justicier, et surtout il n'a pas l'envie de tuer les méchants qu'il fout en prison. Matt Murdock est plus proche techniquement du héros de KICK ASS que de Big Daddy. N'ayant dans les comics du moins pas le moindre signe de folie avant-coureur autre que celui d'enfiler un costume rouge pour aller se battre contre des méchants, la série prend donc un risque, d'autant qu'il faut que ça colle à tout le reste.

Et c'est là tout le problème de DAREDEVIL, tout l'aspect double vie du héros ne tient pas la route par manque de crédibilité dans la vie de l'avocat qu'il est supposé mené. En effet, justifier des bleus assez inquiétant que se trimbale l'avocat le jour par le fait qu'il soit aveugle et du coup se cogne régulièrement est un peu léger. Ne parlons même pas du fait que ses amis semblent peu s'inquiéter de voir Matt disparaître pendant une nuit entière et reparaître dans un état plutôt inquiétant physiquement parlant. En fait c'est tous les personnages secondaires supposés donner une réalité à sa vie normale, et justifier l'aspect masqué sont totalement insipides, clichés et irréalistes dans le sens où on peine à croire qu'ils ne se doutent pas qu'un truc cloche. Ne parvenant pas à dissiper l'aspect surréaliste de la BD, la série prend une tournure un peu bizarre où la partie "avocat", et donc de jour, de la vie du héros semble carrément pas crédible pour un sou.

D'ailleurs en parlant de différence avec la BD on ne ressent pas tellement ses capacités de perceptions hors du commun via ses autres sens, ni l'implication des produits toxiques à l'origine de la perte de sa vue dans ces sens. Du coup ça paraît un peu grosbill qu'un type avocat et aveugle soit aussi fortiche puisqu'on a totalement enlevé l'aspect un peu fantastique qu'a la BD sur ce point là.

Mieux foutu que la partie « civile », le justicier de la ville incarné par un Charlie Cox investi qui parvient assez bien à incarner l'avocat propre sur lui, et le justicier en devenir (moins le boxeur qui justifie ainsi les capacités hors du commun du héros) plongé face à des méchants et des situations parfois fortement inspiré de BATMAN BEGINS (la séquence sur les docks) le tout servit par une mise en scène de l'action plutôt fluide.

Certaines séquences comme celle de l'interrogatoire sur le toit d'un flic véreux est assez jubilatoire d'autant qu'elle met vraiment en scène le côté sombre du héros qui est prêt à tuer pour ses croyances et pour le coup met vraiment en lumière l'aspect vigilante à la inspecteur Harry. En revanche celle du combat dans le couloir très emprunté à OLD BOY est en deçà de ce qu'on peut en dire mais reste assez honorable comme scène de fight.

Même si les scènes d'actions sont imaginatives et à défaut d'être originales multiplient les références cinématographiques, l'ennui est qu'on sent la limite de moyen. Clairement il y aurait pu avoir des mouvements de caméra ou des plans plus badass et plus impressionnants avec un peu plus de moyens.

Le problème n'est pas tant la manière de filmer l'action mais l'impression qu'on a que les personnages qui croisent la route du justicier sont peu crédibles et arrivent comme un cheveux sur la soupe. L'exemple le plus parlant est celui de la médecin qui récupère le justicier blessé chez elle et s'inquiète après coup des conséquences?! ou encore de la secrétaire accusée à tord d'un crime qui semble se remettre très vite du traumatisme vécu, et en plus accepte de travailler gratuitement pour les avocats dans le même temps... Le pire étant que ça mêle cliché et mauvaise utilisation scénaristique des personnages. Trop apparaissent trop rapidement, le tout étant mal employé, et pas assez approfondis.

Tout est en vérité assez mal écrit. Ca donne vraiment l'impression qu'on coche des cases, qu'on ajoute les éléments importants de la BD mais sans chercher à leur donner du sens, on les met là uniquement parce qu'ils doivent y être, que c'est dans la BD et du coup ça suffit à justifier la présence d'un prête qui n'a que deux séquences qui n'apportent franchement rien à l'histoire ou celle de la secrétaire qui sert juste à donner l'intrigue (d'ailleurs plutôt surfaite) du premier épisode.

Même si la série tente de se la jouer épique par moment, notamment à la fin de chaque épisode avec des montages parallèles et la musique qui monte, ça ne prend pas. Sans doute parce que ça fait dix ans que la télé américaine fait ça dans un tas de séries et qu'on a finit par s'y habituer. Maladroite, mal écrite, DAREDEVIL partait avec de bonnes intentions mais s'est perdu quelque part en route. L'écriture est le plus gros défaut avec une mise en scène un peu trop ampoulé, pas assez fluide, ni assez imaginative. L'on se retrouve à la fin à se dire qu'on a déjà vu ça ailleurs et que c'était mieux fait. En bref, on est très loin de la qualité d'un Captain America. Marvel peut mieux faire.

Rédacteur : Sophie Schweitzer
Photo Sophie Schweitzer
Passionnée de cinéma et littérature de genre, elle a fait des études de cinéma et travaille désormais comme cadreuse. A côté de son travail, elle écrit des nouvelles fantastiques et horrifiques.
36 ans
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