Header Critique : WHITE GOD (FEHER ISTEN)

Critique du film
WHITE GOD 2014

FEHER ISTEN 

Vendu d'après ses images énigmatiques comme une sorte de post-apo assez étrange ou encore une nouvelle version des OISEAUX avec des chiens, on s'attendait dès lors à tout autre chose que le film assez réaliste mais un peu barré et conceptuel qui nous est livré. Autant dire que WHITE GOD fait parti de ce genre de films dont la promotion un peu à côté de la plaque provoque inexorablement une déception. Les images qu'on a pu voir auparavant, celles des rues désertes et de la meute de chien sont belles et bien présentes dans WHITE GOD mais il ne s'agit pas du tout d'un monde futuriste où les chiens auraient prit le pouvoir pas plus qu'il ne s'agit d'un film catastrophe un peu fantastique où les animaux auraient adopté un comportement agressif totalement incompréhensible. En fait, WHITE GOD évoque bien une agression animale mais il s'agit ici de la conséquence des mauvais traitements appliqués à nos amis les bêtes.

A mi-chemin entre AU HASARD BALTAZAR de Robert Bresson et un film de vengeance tendant vers le Bis, dans la veine des Rape and Revenge, WHITE GOD suit donc une jeune fille qui se retrouve contrainte d'abandonner son chien suite à un concours de circonstance. En parallèle nous voyons donc évoluer les recherches de l'adolescente et de l'autre côté l'errance assez infernale de son animal qui va être rapidement confronté aux pires aspects de l'humanité. L'atmosphère du film tend ainsi vers l'apocalypse avec en toile de fond une crise économique qui nous ancre pleinement dans la réalité. Ainsi, le père de l'héroïne, anciennement professeur, travaille désormais dans des boucheries. Futur morose à l'ambiance poisseuse, WHITE GOD évoque toute la misère du monde jusqu'à nous dépeindre une sorte de camp de la mort canin. La vision omniprésente de la pauvreté et du dénuement ainsi que la froideur des relations entre les personnages donne au film un aspect brutal et assez primaire de l'univers qui nous est dépeint. Pourtant, WHITE GOD aligne de très belles images et une lumière assez froide, évoquant un cinéma scandinave dans sa manière de filmer les personnages.

Et puis WHITE GOD a aussi un côté Bis mais il flirte aussi avec l'expérimental, assez conceptuel. Le chien abandonné, maltraité, se libére de ses bourreaux et entraîne même ses camarades à quatre pattes, abandonnés à la fourrière. A l'image d'un rebelle en pleine révolte, il libère sur son sillage les animaux au point de créer une espèce de horde sauvage débouchant sur une chasse nocturne que l'on retrouve dans les mythes nordiques et celtiques. Toutefois, si le chien principal est à la tête d'une armée d'animaux, il est pourtant le seul, au final, à tuer, massacrer, défigurer, attaquer... Inclassable, il y a des instants de magie, comme les moments où la meute court à travers les rues, semant la panique, la façon dont les chiens sautent par-dessus les corps à terre, comme s'ils volaient presque. Le début du film qui sont aussi les images de la bande annonce où la jeune fille sillonne les rues vides avec en tout et pour tout son vélo et sa trompette nichée dans son sac à dos, pourchassée par la meute est un moment d'une rare intensité cinématographique. Et puis, il est bon de préciser que la fin est assez magistrale et ne peut pas nous laisser complètement indifférent. Tout cela imbriqué, cela donne à WHITE GOD un aspect étrange, à la limite de l'ovni, d'où l'aspect expérimental évoque auparavant.

Au final, WHITE GOD est plus une fable sociale qu'un film post-apocalyptique. Cela ne lui enlève pas pour autant son charme, ni sa force. Le récit qu'il dresse est inhabituel, bouleversant par moment, montrant une société avide et cupide, des personnages froids et blessants, et, au milieu de ce monde aride, il dessine une relation particulière entre une gamine et son chien. Assez beau, WHITE GOD n'en demeure pas moins déroutant. On pourrait d'ailleurs lui reprocher une certaine lenteur mais il s'agit néanmoins d'un bon film qu'il sera préférable d'aborder sans image préconçue et a priori.

Rédacteur : Sophie Schweitzer
Photo Sophie Schweitzer
Passionnée de cinéma et littérature de genre, elle a fait des études de cinéma et travaille désormais comme cadreuse. A côté de son travail, elle écrit des nouvelles fantastiques et horrifiques.
36 ans
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