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Critique du film
IRANDAM ULAGAM 2013

 

Dans notre monde, Ramya est une infirmière qui, amoureuse d'un bel inconnu, décide d'aller lui déclarer sa flamme. Très sollicité par l'infirmité de son père, Madhu se sent contraint de repousser les avances de la jeune femme. Mais malgré ce faux départ, la tendresse et l'amour s'installeront peu à peu, jusqu'à un premier baiser qui viendra sceller l'union... Dans un autre monde, Ramya est une guerrière coriace qui ne veut en aucun cas s'attacher à un homme. Madhu, un aventurier musculeux, décide tout de même de la prendre pour femme. L'amour finira par s'imposer au fil des mésaventures, et malgré l'apparition d'un élément extérieur plutôt déroutant...

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'IRANDAM ULAGAM n'aura pas eu une genèse facile ! Débuté en novembre 2006, le tournage a rapidement été interrompu, sans doute par manque de préparation en amont. Exactement deux ans plus tard, les prises de vues reprennent avec un casting bouleversé, aussi bien devant que derrière la caméra. Sans plus d'explications, la production est à nouveau mise entre parenthèses avant de reprendre en août 2009... pour s'arrêter trois mois plus tard ! Une quatrième tentative débute en juin 2010 sous le titre MARAVAN mais le navire prend l'eau une nouvelle fois et l'actrice principale Andrea Jeremiah s'éclipse. Fort heureusement, le nouveau tournage de 2011 sera moins catastrophique et arrivera à terme, avec à la clef une version bilingue en tamoul et en télougou…

Reconnaissez qu'une gestation aussi douloureuse, étalée sur sept années, a de quoi stimuler l'intérêt et créer une certaine attente. Quel projet peut être à ce point brillant qu'il doive se faire envers et contre tout ? Quel scénario peut emporter son réalisateur sur une telle durée ? Quelle est la valeur de cette pépite pour laquelle des hommes et des femmes se sont battus de 2006 à 2013 ? D'aucuns seraient tentés de répondre 60 crores, soit environ 6,8 millions d'euros. Un budget très confortable pour un métrage tamoul, sans être pour autant excessif à la vue de ses ambitions. Reste que pour le spectateur en revanche, la «valeur» de l'œuvre sera bien plus difficile à jauger. Du point de vue du scénario tout d'abord, IRANDAM ULAGAM est une œuvre plutôt bâclée, distillant d'une part un message relativement simpliste (l'Amour finit par trouver sa voie...), et d'autre part un délire sur des univers parallèles, dans lesquels existent d'autres versions de nous-mêmes. Alternant donc le cucul et le mystico-fumeux, le film de Selvaraghavan peine à emporter son spectateur. Perdu entre deux mondes, le film laisse espérer une direction précise, un dénouement lumineux ou, à défaut, un semblant d'explication, de bilan spirituel... Mais à l'issue des deux heures quarante-quatre de projection, il faudra bien se faire une raison et accepter les faits : Cette double histoire ne mène nulle part, et n'avait finalement pas grand-chose à dire ! N'est pas THE FOUNTAIN qui veut...

Ceux qui avaient pu voir la bande-annonce argueront peut être qu'IRANDAM ULAGAM semblait davantage lorgner vers le film d'aventure aux effets spéciaux généreux et à l'ambiance héroïc-fantasy très marquée. Pourquoi pas. La présence de certains professionnels ayant bossé sur AVATAR pourrait du reste abonder dans le sens du spectaculaire à vocation pop-corn. Mais là encore, la laideur du résultat final laisse pantois. Et ce qu'il s'agisse des effets numériques intégralement ratés, des incrustations bien maladroites ou même des armes aux allures de jouets pour gosses. Visuellement, IRANDAM ULAGAM est un véritable tueur de rétines dont le kitsch et l'amateurisme nous ramènent quelques décennies en arrière. Difficile ainsi de ne pas songer à des productions Roger Corman telles que DEATHSTALKER ou BARBARIAN QUEEN, nanas à poil en moins. Mais plus encore, c'est LES BARBARIANS de Ruggero Deodato qui s'imposera à nos esprits, avec ses deux jumeaux crétins et musculeux passant leur temps à se bouffer le nez.

La comparaison ne s'arrêtera pas là du reste, puisque l'acteur Arya nous livre ici une double composition dont la finesse, ou plutôt son absence, rivalise avec celle des frères Paul. Mais outre ce faciès alternativement bêta ou énervé selon les circonstances, c'est également la lourdeur du bonhomme qui se montre étonnante. Même accélérées, les altercations demeureront incroyablement molles et peu crédibles. L'actrice Anushka Shetty s'en sort pour sa part un peu mieux, sans pour autant briller par sa performance...

Nous pourrions poursuivre en évoquant le rythme du film, souvent laborieux, ou ses séquences dansées, toutes très banales. Mais quelle que soit la manière d'aborder l'œuvrette, il semble bien difficile de trouver matière à la défendre. Selvaraghavan se fourvoie donc avec ce projet de longue date, dont on peut comprendre après coup les difficultés de production, mais aucunement le fait qu'il ait été porté contre vents et marées. Le cinéma Tamoul a bien mieux à offrir, y compris dans le domaine du fantastique où LE 7EME SENS se révélait un honnête divertissement.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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