Header Critique : UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT (UNIVERSAL SOLDIER : DAY OF RECKONING)

Critique du film
UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT 2012

UNIVERSAL SOLDIER : DAY OF RECKONING 

Alors qu'il pionce tranquillement aux côtés de sa femme, John est réveillé par sa fillette Emma. Celle-ci prétend avoir entendu des monstres dans la cuisine et contre toute attente, John y trouve effectivement trois individus cagoulés ! Impuissant face à leur incroyable sauvagerie, le pauvre bougre assistera au meurtre barbare de sa famille. Hanté par le visage du tueur, John se remet de ses blessures et n'aspire plus qu'à la vengeance. Mais plus il pousse ses investigations, plus il en apprend sur lui-même et la violence excessive dont il a pu faire preuve de par le passé. Peu à peu, la brume se dissipe et les souvenirs ressurgissent aussi bien que les vieux réflexes. Une bonne chose au final car sur sa route, John aura maille à partir avec un barbu indestructible (non, pas Chuck Norris)...

Curieuse tournure que celle prise avec ce nouvel opus de la saga des Uni-Sols ! Alors que le premier film adoptait le ton d'un blockbuster décontracté et que le second lui emboitait le pas, John Hyams nous livre en 2009 un troisième volet bien plus sombre. Enfin plus bleu si l'on en juge la photographie monochromatique. Reste que le métrage laissait de côté le second degré et faisait la part belle à une action bien plus brutale. Jean-Claude Van Damme y apparaissait en outre comme une machine à tuer efficace, mais psychologiquement déclinante. Un parti-pris très curieux pour une oeuvre assez dépressive qui aura divisé les spectateurs. Mais du côté de l'équipe, tout le monde semble y croire et ce nouveau UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT enfonce le clou d'une étonnante manière !

John Hyams se fend donc d'un script qu'il rédige en compagnie de Moshe Diamant, et assure encore une fois la mise en boîte. Pour le plus grand bonheur des fans, Jean-Claude Van Damme et Dolph Lundgren remettent le couvert et renouent même avec Andrei "The Pitbull" Arlovski, «Bad Guy» du précédent opus. Les plus attentifs noteront également qu'un certain Kristopher Van Varenberg reprend lui aussi son (maigre) rôle de scientifique velu. Rien de très surprenant à cela puisque depuis quelques années, cet « acteur » est plus ou moins imposé sur tous les films de son père. Comprenez que pour un Van Damme distribuant des coups de pieds à l'écran, on a donc droit à son fiston en prime ! La touche féminine sera quant à elle assurée par une américaine au fort accent français, la mignonette (et maigrichonne) Mariah Bonner.

Mais la grande nouveauté de ce casting, c'est bien évidemment l'arrivée directe en tête d'affiche du cogneur Scott Adkins. Régulièrement sous-exploité à l'écran, comme récemment dans THE EXPENDABLES 2, le bonhomme reste cependant l'un des musculeux les plus convaincants du moment. Pour vous en persuader, nous vous invitons à jeter un oeil à UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE : DERNIER ROUND dans lequel il éclipse Michael Jai White, allant jusqu'à prendre le premier rôle dans le virevoltant UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE : REDEMPTION ! Malheureusement pour nous, sa déconcertante facilité à distribuer des pêches ne sera pas suffisante dans UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT. Le bonhomme révèle en effet ses limites, pour ne pas dire lacunes, en termes de jeu d'acteur. Reconnaissons toutefois à sa décharge qu'il n'est pas le pire des acteurs à l'écran, l'interprétation globale allant du laborieux au pathétique, en passant par le comique involontaire !

Bien évidemment, c'est à cela que l'on s'expose lorsqu'on recrute ses acteurs dans des salles de musculation. Mais s'il y a bien une pierre à jeter ici, c'est davantage sur John Hyams que nous ajusterons notre tir. Car notre homme ne fait rien pour faciliter la mission de nos bodybuildés. Il tend même à les malmener sérieusement en cumulant les gros plans, les séquences «émotion» et les ralentis sur des visages aux expressions bouchées. Pire encore... Avec ce nouvel opus, le réalisateur pète bien au dessus de son cul en versant dans l'expérimental douteux, voir même l'auteurisant ! Nul doute que sur le plateau, on n'a pas fait tourner que des protéines allégées en sucre... On aura ainsi droit à quelques «trips» dans lesquels un Van Damme chauve se veut prophète, ou des séquences muettes où les muscles suintent et les regards s'affrontent. Voilà qui contrastera avec l'aspect hystérico-putassier de la scène dans le bordel, ou d'une autre située dans une boîte de nuit. Concernant ces deux dernières, nous ne remettrons pas en cause leur efficacité ni leur aspect ludique et jovial (Ah ! Cette magnifique levrette filmée en plongée totale !). Mais ce sont là des séquences particulièrement Bis qui justifiaient à elles seules un atterrissage du film en Direct-To-DVD... Dans le même registre, signalons également qu'UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT se situe aux antipodes du métrage de Roland Emmerich en termes de violence graphique. Nous avons là du gore qui tache sévère. Enormément. Partout. Bon courage au service d'entretien.

Mais au-delà de cet étonnant contraste entre le quasi-mystique et les outrances décomplexées, UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT révèle peu à peu l'inattendu. Le soldat modèle devenu un gourou-despotique, la remontée de la rivière en bateau, les soldats muets, la végétation, la mort d'un père spirituel, la machette... Non. Ce n'est pas possible. On n'ose y croire mais John Hyams l'a fait. Du haut de ses trois ou quatre séries B, le mec nous refait quand même et sans complexe le dernier segment d'APOCALYPSE NOW à la sauce UNIVERSAL SOLDIER ! Vous admettrez que ce n'est pas rien et que s'il est bien un argument qui doit vous inciter à découvrir UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT, c'est celui-là ! Alors certes, un budget de onze millions de dollars freine certains élans. Nous aurons donc une pauvre forêt en guise de jungle, et une grotte miteuse tapissée de papier en lieu et place d'un Temple. Mais nous saluerons l'effort, et surtout l'audace.

Arrivé à ce stade de notre chronique, il semble évident que le bilan global n'est pas des plus brillants. Malgré cela, il nous apparait difficile de rejeter UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT en bloc. Car à force d'oser, John Hyams finit par réussir quelques scènes. Ce sera le cas de l'introduction, particulièrement soignée et efficace, mais également de la toute dernière séquence, distillant une sombre ironie particulièrement bien vue. En outre, si certaines scènes d'action sont assez ratées (la poursuite en voiture), les empoignades entre les quatre têtes d'affiche précédemment citées sont aussi généreuses que sauvages. Il apparaît donc dommage que Hyams ne s'égare aussi souvent, mettant à mal sa trame (finalement assez maligne) aussi bien que le rythme de son film, souvent laborieux... Reste que les amoureux de la saga pourront s'y risquer par curiosité, au même titre que ceux qui ont toujours pensé que le Chef d'oeuvre de Francis Ford Coppola manquait de coups de pieds retournés.

Sans trop de surprise donc, ce dernier opus en date de la saga UNIVERSAL SOLDIER ne prendra pas le chemin des salles, en tout cas pas de manière traditionnelle, et alimentera directement les linéaires vidéo. Les technophiles s'étonneront de ne pas pouvoir acquérir le métrage en Blu-Ray 3D, en tout cas pas en France pour l'instant, le film ayant été conçu en relief. A ceux-là nous répondrons simplement «C'est pour votre bien». Il faut savoir en effet que John Hyams s'amuse ici régulièrement d'un effet stroboscopique particulièrement prononcé et désagréable à l'oeil. Le procédé 3D ajoutant en plus une alternance oeil droit / oeil gauche, il est plus que probable que ces passages deviendraient tout simplement inregardables, voire source de migraines, ou de mort cérébrale...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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