Header Critique : ETRANGE VICE DE MADAME WARDH, L' (LO STRANO VIZIO DELLA SIGNORA WARDH)

Critique du film et du DVD Zone 2
L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH 1970

LO STRANO VIZIO DELLA SIGNORA WARDH 

Issu d'une famille ancrée dans le cinéma, Sergio Martino fait ses premières armes de metteur en scène dans l'univers du Mondo, avec par exemple le pseudo-documentaire L'AMERIQUE A NU, qui a le droit à une distribution dans les salles françaises, tout comme le Western ARIZONA SE DECHAINE, également sorti en 1970. Ce n'est pourtant qu'avec L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH que sa carrière décolle, grâce à ce succès qui sera le premier d'une série de cinq Giallos qu'il tourne entre 1971 et 1973. Parmi eux, trois mettront en vedette la star sexy Edwige Fenech, plantureuse pin-up brune apparaissant aussi dans L'ALLIANCE INVISIBLE et IL TUO VIZIO E UNE STANZA CHIUSA E SOLO IO NE HO LA CHIAVE.

L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH arrive dans la déferlante de Giallos s'abattant sur les écrans italiens en 1970 et 1971, juste après l'énorme succès de L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL de Dario Argento. Néanmoins, Sergio Martino a beau jeu de rappeler que lui et son frère Luciano ont été impliqués dans une vague de Giallos antérieure, celle des «Giallo Machination», comme l'important L'ADORABLE CORPS DE JESSICA sorti dès 1968. Pour L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH, il réunit une distribution d'acteurs appelés à devenir des incontournables du cinéma Bis des années 70, comme George Hilton et Ivan Rassimov, puis part tourner son métrage essentiellement en Autriche et en Espagne.

Julie Wardh rejoint à Vienne son mari, un homme d'affaire important travaillant à la Bourse. Elle retrouve aussi son amie Carol, ainsi que Jean, un ancien amant avec lequel elle entretenait une relation trouble et dont elle s'est séparée. Elle fait encore la connaissance de George, play-boy ténébreux qui s'éprend d'elle. Pendant ce temps, la capitale autrichienne est le théâtre d'une série de crimes sadiques...

L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH s'ouvre sur une citation de Freud reliant le meurtre aux pulsions malfaisantes inhérentes à la nature humaine. Une présentation de circonstance, puisque comme l'indique son titre, ce long métrage se penche sur les troubles sexuelles d'une jeune femme. Ainsi Julie a entretenu une relation malsaine et sadomasochiste avec Jean, amant tordu prenant plaisir à la souffrance d'autrui. Elle s'est séparé de ce pervers, mais reste hantée dans ses rêves par sa présence.

Ce qui permet à Sergio Martino d'aligner deux belles scènes oniriques, l'une montrant Jean violer Julie dans un coin de forêt, sous la pluie, l'autre les dépeignant faisant l'amour sur un lit jonché de bris de verre. Assumant mal ses pulsions, les combattant tant bien que mal, la jeune femme se trouve dans un état d'angoisse encore augmentée par l'ambiance inquiétante de Vienne dont les rues nocturnes sont hantées par un assassin sadique, ganté de cuir noir et tuant au rasoir des filles isolées.

Nous marchons donc sur les pas du premier Giallo d'Argento, L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL, lequel mettait aussi en scène un criminel sadique très perturbé, s'en prenant exclusivement aux jeunes femmes. Mais là où Argento prend bien soin de définir un contexte social urbain crédible, Martino reste dans la tradition des Giallos de la fin des années soixante, avec ses riches oisifs sortis tout droit d'un film d'Antonioni, louvoyant entre fêtes décadentes et voitures décapotables, entre magasins de luxe et appartements de décorateurs. L'occupation professionnelle des protagonistes, quand ils en ont une, reste soigneusement dans le vague et jamais nous ne les verrons se livrer à une occupation aussi peu glamour que le travail !

Dans cet univers de roman-photo, Sergio Martino décrit non seulement les troubles de Madame Wardh sur fond de crimes en série, mais il multiplie aussi les nudités féminines dès que faire se peut, employant des prétextes futiles pour dévêtir aussi régulièrement que possible ses comédiennes rondement tournées. Il y a certainement une complaisance purement mercantile dans cette pratique, L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH n'oubliant pas d'offrir au spectateur ce qu'il est supposé être venu chercher : à savoir du sexe et de la violence. Suivant les codes du genre, il offre des scènes de meurtres commises par un criminel sans visage, faisant jouer le fil de son rasoir sur le corps de ses proies ensanglantées. Sergio Martino respecte les règles en place et ne cherche jamais à s'en éloigner.

L'intrigue policière réserve quant à elle des surprises. Bien que le récit démarre sur une classique histoire de psychokiller, ce scénario a plus d'un tour dans son sac et donne lieu à des coups de théâtre dramatiques. L'habitué en voit venir certains de loin, mais la clé finale de l'énigme reste imprévisible. Il faut dire qu'elle donne lieu à une certaine confusion, pour ne pas dire qu'elle résiste mal à une analyse même rapide des péripéties de cette histoire !

Ce qu'il manque en cohérence à L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH, reconnaissons qu'il le rattrape par sa facture très professionnelles comme toujours chez Sergio Martino. Doté d'un œil très cinématographique, exploitant avec habileté les divers paysages naturels et décors mis à sa disposition, il crée avec facilité une ambiance à la fois trouble, malsaine, mais aussi élégante et non dénuée de virtuosité formelle. Commerçant avant tout, Martino n'apporte pas de thématiques fortes dans son premier Giallo, se contentant de marcher sur des sentiers déjà balisés. Il le fait néanmoins avec assurance et savoir-faire, mélangeant création atmosphérique et solide compétence technique.

L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH s'avère un succès retentissant à sa sortie en Italie, tant et si bien qu'il lance fortement la carrière de son metteur en scène et ouvre de nouvelles portes à ses principaux comédiens : George Hilton, Ivan Rassimov et Edwige Fenech deviennent ainsi des figures régulières du Giallo.

En DVD, L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH a connu diverses éditions de par le monde (dont deux rien que pour le marché américain). Nous allons nous intéresser au disque français publié par l'éditeur Néo en 2010.

Ce disque propose une copie au format 2.35 d'origine, avec un transfert 16/9, qui a le mérite d'être d'une grande propreté, sans laisser apparaître de saletés ou de rayures. Par contre, elle souffre par endroit de pépins vidéos se manifestant par des effets de moirages ou de contours crénelés. La résolution n'est pas optimale, l'image montrant une texture parfois grossière. Bref, nous ne sommes pas devant la copie la plus époustouflante que nous ait sorti cet éditeur, mais le rendu globalement convenable des couleurs et des contrastes ainsi que la rareté de ce titre sur nos côtes nous conduisent à une certaine indulgence. Cela aurait pu être mieux, mais ce n'est déjà pas mal !

La bande son est proposée dans son mixage mono italien d'origine, en Dolby Digital codé sur deux canaux, avec un rendu très convenable, restituant de façon agréable la belle musique composée par Nora Orlandi. Le tout est sous-titré en français, avec quelques petites fautes par ci par là, sans que cela devienne envahissant. Bien que le film semble être sorti au cinéma chez nous, aucun doublage français n'est proposé. Peut-être avec les années celui-ci est-il devenu introuvable ?

Dans la tradition de sa collection «Giallo», Néo propose une sympathique galerie de suppléments, à commencer par une bande-annonce italienne d'époque en 2.35 [16/9] et sous-titrée en français, ainsi qu'une galerie mêlant photographies de plateau et matériel publicitaire de provenance diverse (affiches, photos d'exploitation et même l'intégralité du roman-photo publié dans la revue française «Ciné-Scandale» !).

Encore plus substantiel s'avère le documentaire «Histoire d'un Vice», réunissant des entretiens en italien avec George Hilton et un historien spécialisé dans le cinéma populaire transalpin. Ce dernier offre une analyse très juste de la place et des spécificités de L'ETRANGE VICE DE MADAME WARDH dans la filmographie du Giallo, tandis que George Hilton apporte une touche nostalgique plaisante ainsi que des informations sur sa carrière et ce tournage. Après ces trente minutes bien fournies, nous pouvons accéder à un commentaire audio de Federico Caddeo, bien connu des habitués des disques Néo sur lesquels il a fourni de nombreux bonus. Ce spécialiste du cinéma italien commente seul le métrage, apportant beaucoup d'informations intéressantes sur le genre Giallo, le film lui-même et ses protagonistes.

Bref, voici encore un disque satisfaisant à mettre au crédit de cette collection «Giallo», proposant un film de qualité dans une édition convenable, accompagnée qui plus est de suppléments soignés et exclusifs à cette édition française.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
LO STRANO VIZIO DELLA SIGNORA WARDH DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
2.35 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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