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Critique du film
HUNGER GAMES 2012

 

Depuis la révolution populaire du 13ème district, lequel a été intégralement rasé, le Capitole a durci sa politique déjà fortement répressive. C'est ainsi qu'ont été mis en place les Hunger Games. Tous les ans, chacun des douze districts restant doit offrir en tribut un jeune homme et une jeune femme. Les vingt-quatre individus, âgés de 12 à 18 ans seront alors regroupés au cœur d'une gigantesque arène aménagée dans laquelle ils devront tuer pour vivre. Pour vingt-trois cadavres rappelant au peuple le prix de la révolte, un vainqueur sortira libre et riche, personnalisant ainsi l'espoir. Cette année, Katniss Everdeen du 12ème district s'est portée volontaire afin de se substituer à sa jeune sœur, laquelle avait été désignée d'office. Aidée d'un ancien champion et d'un styliste attentionné, elle va découvrir la mécanique des jeux et des sponsors mais aussi assurer sa survie...

Paru en 2008, «The Hunger Games» est le premier tome d'une trilogie littéraire écrite par l'américaine Suzanne Collins. Couronné d'un certain succès, le bouquin se veut une dystopie dans laquelle l'Amérique du nord est devenue Panem, un état totalitaire gouverné par le Capitole. Les douze districts se voient numérotés du plus riche au plus pauvre et, sans surprise, l'héroïne de cette histoire est issue du dernier. Le bouquin véhicule donc un modeste sous-texte social, imagé en partie par des jeux d'une extrême violence. Nous ne sommes guère loin des jeux du cirque de la Rome antique et, par extension, des nombreux films de gladiateurs dans lesquels courage et force finissent par avoir raison d'un dictateur en place. Reprise mainte fois également au sein d'œuvres de science-fiction, cette thématique est finalement assez proche de celle vue dans LA COURSE A LA MORT DE L'AN 2000, ROLLERBALL, RUNNING MAN (livre et film étant bien différents), FUTURESPORT, LES CONDAMNES, ULTIMATE GAME et tant d'autres... Mais s'il est bien une œuvre de laquelle «The Hungers Games» se rapproche, c'est bien évidemment du magnifique pavé «Battle Royale» écrit de la main de Koushun Takami. A tel point que l'œuvre de Suzanne Collins sera taxée de plagiat lors de sa sortie. A défaut d'être avérée, cette accusation nous semble tout de même très fortement justifiée.

Il ne faudra donc pas s'étonner de voir à quel point l'idée véhiculée par le film HUNGER GAMES (on a perdu le «The» du livre !) est semblable à celle qui faisait la force de BATTLE ROYALE. Nous ne pousserons cependant pas plus avant la comparaison et ce pour deux raisons majeures. La première est que l'aura du film de Kinji Fukasaku se montre bien trop écrasante pour un métrage de l'étoffe de celui de Gary Ross. La seconde, c'est que le public cible n'est à l'évidence pas le même. Avec HUNGER GAMES, nous tenons en effet la relève de la saga TWILIGHT, cette série fantastique ô combien prude et gentille, agrémentée de bons sentiments et nappée même d'une mièvrerie qui n'a jamais trouvé salut dans nos colonnes... Ici, nous aurons peu ou prou la même soupe avec également un triangle amoureux, et une douce héroïne hésitant entre celui qui lui a jeté un bout de pain ou celui qui porte sa petite sœur sur les épaules. Trop mignon. HUNGER GAMES est également nourri de ce puritanisme typiquement américain qui veut qu'à seize ans, les rapports hommes-femmes se résument à se tenir la main ou placer sa tête sur l'épaule de l'autre. Trop tendre.

Dès lors, on peut s'en douter, le Survival-Game auquel nous invite Gary Ross (et Steven Soderbergh pour la seconde équipe) ne donnera pas dans les excès de violence, ni même dans la violence tout court. Découpé en deux parties, le film s'attache tout d'abord à nous faire découvrir l'envers du jeu. L'aspect social est survolé et c'est davantage les strass et paillettes qui illumineront l'écran. D'un mauvais goût (parfois) assumé, comme RUNNING MAN de Paul Michael Glaser en son temps, HUNGER GAMES nous dévoile le train de vie des classes hautes, ainsi que la rapide «starification» de sa petite héroïne. Pour en arriver là, elle sera épaulée par un ex-champion (Woody Harrelson, mais que fais-tu là ?) et bien évidemment de l'indispensable styliste qui lui confectionnera une «robe de feu». Outre l'incroyable crétinerie de certaines scènes («Vous voulez voir ma robe ? Ooooooh !»), nous noterons que Katniss, le personnage principal, est adorée et prise en charge très tôt dans le métrage. Et c'est sans doute là l'un des gros défauts de la pelloche : jamais l'héroïne ne sera mise en réelle difficulté !

Il en sera de même dans la seconde partie, se déroulant dans une forêt artificielle, ce qui correspond bien évidemment à l'environnement de prédilection de l'héroïne. On trouvera du reste assez étonnant qu'elle demeure assistée au sein même de l'arène ! Tour à tour sauvée, guérie ou épargnée, on en vient à se demander si les concurrents ont parfaitement compris les règles du jeu sordide auquel ils participent. On ne leur jettera pas la pierre cependant puisque les règles peuvent être fondamentalement modifiées d'une minute à l'autre ! Bon an mal an, les victimes s'accumulent malgré tout, hors-champ, et bien évidemment sans méchanceté aucune. HUNGER GAMES devient dès lors le plus gentil jeu de chasse à l'homme de l'histoire du cinéma. Gary Ross, pourtant réalisateur jadis des posés PLEASANTVILLE et SEABISCUIT tente tout de même d'agiter sa caméra et de simuler l'action. Peine perdue, n'est pas Paul Greengrass ou Tony Scott qui veut.

Côté casting, nous avons déjà évoqué Woody Harrelson dans une interprétation qui n'ira pas grandir sa carrière. Donald Sutherland cachetonne, lui aussi, dans le rôle sans envergure du Président du Capitole. Autour d'eux s'agiteront moult jeunes acteurs interchangeables, donnant corps à des personnages sans âme et pour la plupart survolés. La mignonette Jennifer Lawrence surnage donc sans peine dans le rôle de Katniss, jeune femme forte et douce à la fois, «guerrière» tout autant que Princesse. Reste qu'après LOIN DE LA TERRE BRÛLEE et WINTER'S BONE, deux métrages qui lui avaient valu de belles récompenses, on ne peut pas dire que HUNGER GAMES, ou même sa récente participation à X-MEN : LE COMMENCEMENT, la tire réellement vers le haut...

Malgré nos efforts, vous aurez donc saisi que HUNGER GAMES ne nous a pas vraiment convaincus. Mise en scène plate et peu dynamique, script bourré de trous et bien peu ambitieux, personnages creux et sots. Tous les éléments semblent réunis pour mener la pelloche à la benne et pourtant... Le métrage a remporté un succès insolent aux Etat-Unis et la campagne marketing est à la hauteur dans le reste du monde. Rien n'arrêtera donc les trois suites envisagées afin de donner corps aux deux bouquins restants. De notre côté, on oubliera bien vite cette version castrée de BATTLE ROYALE pour d'autres métrages sans doute moins friqués et grand-publics, mais tellement plus divertissants...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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