Header Critique : TUR MIT DEN 7 SCHLOSSERN, DIE (LA PORTE AUX SEPT SERRURES)

Critique du film et du DVD Zone 2
DIE TUR MIT DEN 7 SCHLOSSERN 1962

LA PORTE AUX SEPT SERRURES 

Londres, gare de Waterloo, deux meurtres coup sur coup et Scotland Yard est aux abois. L'inspecteur Martin (Heinz Drache) découvre deux clés quasi-identiques sur les cadavres. L'enquête mène à un héritage dont va bénéficier un jeune Lord à son 21ème anniversaire. Cinq autres clés ont été confiées aux meilleurs amis du paternel défunt qui doivent ouvrir une mystérieuse porte à sept serrures.

Le Krimi, antichambre du Giallo, a de beaux jours devant lui en cette année 1962. L'équipe de production de la Rialto remet donc le couvert pour cette adaptation d'Edgar Wallace et avec Alfred Vohrer aux manettes. Cette PORTE AUX SEPT SERRURES s'entrouvre petit à petit sur les prémices d'un style visuel que Vohrer va appliquer consciencieusement à ses adaptations futures du cycle krimi-nel qu'il va assurer pendant plus d'une décade.

A y regarder de plus près, cette intrigue abracadabrantesque ressemble à s'y méprendre à quelques autres récits alambiqués wallaciens adaptés pour la circonstance. Si un réalisateur plus impersonnel comme Harald Reinl se perd dans les circonvolutions d'un scénario qui se prend les pieds dans le tapis, comme dans SCOTLAND YARD CONTRE LE MASQUE, CHAMBRE 13 ou DER FALSCHER VON LONDON, Vohrer se décide à s'amuser du récit et de ses composantes.

Il y a déjà le «truc» visuel cher au réalisateur : une caméra subjective à la gare de Waterloo en début de métrage ou une loupe déformante sur le visage d'Eddi Arent. Un fauteuil révèle des pieds en forme de pieds de femme chaussés de stilettos, et dont l'entrejambe révèle... un tiroir contenant un pick up qui diffuse du Jean-Sébastien Bach ! Idem pour la caractérisation de l'inspecteur Martin, magicien à ses heures et que son second essaye désespérément d'imiter. En fait, ces traits d'humour disparaîtront comme par enchantement au bout du premier tiers du métrage, renforçant le sentiment de remplissage du propos et du caractère hasardeux du scénario qu'il faut masquer par quelques digressions visuelles.

Eddi Arent n'est d'ailleurs pas en reste : son rôle de second couteau regorge de menus détails humoristiques à priori sans importance. Mais ils font la saveur de son interprétation et une des caractéristiques du film ! Car avouons-le d'emblée : l'histoire ne prête guère d'intérêt. Un mélange pas très subtil d'héritage contrarié, de manoir anglais aux recoins sombres, et passages secrets en tous genres, donzelles effarouchées, créature tueuse lobotomisée et autre docteur fou. Le réalisateur n'étant pas arrivé à une certaine homogénéité stylistique (comme pour DER HEXER, entre autres), on sent qu'il se cherche encore. Et l'intrigue part dans tous les sens, arrivant difficilement à intéresser le spectateur de manière régulière.

Difficile de faire en effet plus cliché que le capharnaüm de thèmes balancés à la poignée de cette PORTE AUX SEPT SERRURES. Les ingrédients habituels d'héritage et de meurtres inexpliqués viennent télescoper un argument rarement intégré : la greffe de tête humaine ! Positivement n'importe quoi, avec un laboratoire en sous-sol, un singe emprisonné (c'est un faux et ça se voit) et des expériences pour exprimer le génie du gentil docteur. Ben voyons. C'est en fait à se demander si les scénaristes avaient vraiment envie de suivre une narration sérieuse ou si Vohrer, conscient de l'inanité de l'histoire, jouait à fond la carte du ridicule jusqu'auboutiste. D'un côté comme de l'autre, cette excroissance du récit ne sert à rien si ce n'est provoquer un sourire mi-amusé, mi-dépité. Car en pleine bagarre générale, on finit par se dire : mais bon sang, on va y arriver à cette maudite porte !?

Côté acteurs, on retrouve les réguliers de la série. Heinz Drache s'affirme comme un concurrent sérieux à Joachim Fuchsberger. Siegried Schürenberg n'a pas encore la place qu'il aura par la suite dans le rôle de Sir John – on le trouve ainsi ici moins pataud, moins obsédé par la gent féminine et moins ridicule. Eddi Arent se fait les dents sur des personnages de britannique flegmatique et décalé. Pour le premier rôle féminin, il fut d'abord envisagé de faire appel à Marisa Mell, fraîche émoulue de son interprétation dans L'ORCHIDEE ROUGE. Ce fut finalement Sabine Sesselmann qui retint l'attention pour le rôle de Sybil, elle aussi après avoir été dans un autre Krimi, LE NARCISSE JAUNE INTRIGUE SCOTLAND YARD. Mais surtout connue en France pour avoir joué aux côtes de Jean Marais et Bourvil dans LE BOSSU d'André Hunebelle.

Cette PORTE AUX SEPT SERRURES se referme sur une odeur qui fleure bon le bis. On se demande d'ailleurs un peu à quoi on a eu à faire pendant plus de 91 minutes. Un thriller ? Un film fantastique ? Une comédie ? En fait, un coup de shaker avec tout ça dedans et hop, on balance le tout sur l'écran. En fonction de son humeur, la tolérance peut provoquer quelques sourires et même faire apprécier le côté foutraque de l'ensemble. Ceci posé, ce métrage d'Alfred Vohrer ne compte pas parmi les meilleures réussites du genre. Il pose quelques jalons pour des œuvres futures qui seront plus ramassées en terme de personnages et d'actions. Mais toute logique, raison et rythme ont été laissés devant une porte visiblement close.

L'édition est au diapason des autres Krimi du même coffret et de ceux édités par Universum. Des contrastes parfois mal gérés, de traces de griffures et autres rayures. On notera également une sensation assez étrange comme un voile posé sur la pellicule, mais largement moins pire que ce sentiment identique ressenti à la vision de LES MYSTERES DE LONDRES. Ce souci est probablement dus au matériau d'origine. Cet effet apparait surtout lors du générique de début et dans des scènes qui semblent surexposées. On pourra reprocher quelque usage d'edge enhancement un peu visible. Le grain de l'époque est certes conservé, sans trop amoindrir l'aspect qualitatif de l'ensemble du métrage. Les arrières plans sont régulièrement flous, tandis que les très gros plans offrent une définition agréable des visages jusque dans les moindres détails. Il s'agit d'ailleurs d'une remarque déjà pointée sur la copie de CHAMBRE 13.

Le format 1.66 respecté est agrémenté d'un transfert 16/9, chapitré en douze parties et adoubé de deux pistes sonores. L'une en langue originale allemande et son doublage anglais, les deux en mono encodé sur deux canaux. Les sous titres, qu'ils soient de la langue de Shakespeare ou celle de Goethe, sont amovibles. A noter que les sous-titres anglais ne sont pas toujours en adéquation avec les dialogues à l'écran, et les erreurs de traduction sont régulières. Ce qui semble être une marque de fabrique pour ces éditions ! La piste allemande est, comme d'habitude, à privilégier. Des dialogues qui se détachent correctement de l'action, la bande originale là aussi résonne de manière claire. La piste anglaise offre également une compréhension assez limpide des dialogues, mais certains effets sonores ont disparu lors du doublage. Dommage. A noter par ailleurs que le film dure exactement 91 minutes et 23 secondes, et qu'après le mot «Ende» («Fin») soufflé par Eddi Arent, on entend dans le noir complet la voix d'Edgar Wallace susurrer une menace au spectateur quittant la salle (mais le tout non sous-titré) !

Le film fait donc partie du troisième volume de la collection des Krimi Edgar Wallace sortie par Universum en Allemagne. Le film reste cependant disponible à la vente seul (avec un livret de quatre pages rappelant les films de la collection et le titre des chapitres). Ou en coffret avec trois autres films : L'ENIGME DU SERPENT NOIR, DAS GASTHAUS AN DER THEMSE et L'ORCHIDEE ROUGE. Le tout avec un livret de 24 pages où des leçons d'allemand seront diablement efficaces afin d'en lire la totalité. Pour les complétistes, on retrouve l'habituelle cohorte de films annonces des films Universum, les mêmes sur quasiment toutes les éditions de Krimi.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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L'édition vidéo
DIE TUR MIT DEN 7 SCHLOSSERN DVD Zone 2 (Allemagne)
Editeur
Universum
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Allemagne (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.66 (16/9)
Audio
German Dolby Digital Mono
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Allemand
  • Supplements
      • Bandes annonces
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