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Critique du film
2012 2009

 

Le scientifique Adrian Helmsley (Chiwetel Ejiofor) alerte les autorités à propos d'un léger problème. En effet, et il en a les preuves, la Terre vit ses dernières années avant une apocalypse d'envergure. Pendant ce temps, le romancier Jackson Curtis (John Cusack) a des soucis de boulot ce qui ne l'empêche pas d'assurer son rôle de père divorcé auprès de ses deux enfants. Ces personnages et leurs proches vont donc être amenés, chacun à leur façon, à affronter les pires catastrophes jamais vues sur notre petite planète…

A la fin du XXème siècle, une petite frénésie s'était emparée des millénaristes annonçant la fin du monde. Ils s'étaient plantés en l'an 1000 et ils se sont une nouvelle fois foutus dedans à l'issue du deuxième millénaire de notre calendrier. Car il faut bien évidemment rappeler que les calendriers sont mis en place par l'homme. Même le bug de l'an 2000, sensé mettre en carafe beaucoup d'ordinateurs, s'est avéré bien décevant à l'arrivée. Du coup, l'apocalypse et les catastrophes ne sont que parties remises. Depuis quelques années, on nous annonce donc très sérieusement que la fin du monde aura lieu en 2012. Le temps des dingos affublés de pancartes annonçant l'apocalypse est un peu dépassé, aujourd'hui, les conneries sont gentiment colportées par internet et la télévision. Concernant 2012, ce n'est plus le calendrier que nous apporte les pompiers, en espérant des étrennes, qui est en cause. Cette fois, on se base donc sur un calendrier d'origine sud-américaine qui devrait expirer à la fin du mois de décembre 2012. Les mayas ont ainsi placé le début de leur calendrier à une certaine date, la Terre existait déjà, et ont fixé un terme après plusieurs milliers d'années en faisant un compte rond. A vrai dire, personne ne sait vraiment pourquoi, surtout que rien n'empêche de continuer à compter au-delà. Parmi toutes les hypothèses spéculatives, personne n'a soulevé une possible lassitude des experts de l'époque qui auraient très bien pu se dire que «2012, c'est vachement loin, c'est même dans cinq millénaires, on ne sera plus là pour le voir !». Sachant que de nos jours, la durée de vie d'un film au cinéma ne dépasse souvent pas la semaine d'exploitation, faut-il vraiment en vouloir aux commerciaux des mayas ? Peu importe puisque le film de Roland Emmerich, intitulé sobrement 2012, s'assure, lui en tout cas, une certaine longévité dans les salles en surfant sur des croyances populaires et des effets spéciaux impressionnants.

Evidemment, les scientifiques ont réfuté toutes les théories invoquées concernant la fin du monde en 2012 : alignement planétaire, collision avec un astre furtif, inversion magnétique… Peu importe, Roland Emmerich et Harald Kloser, les deux coupables du scénario pachydermique de 10.000, recyclent toutes les superstitions concernant l'année 2012 pour mieux fracasser la planète. Les deux hommes ont du se limiter à quelques documentaires et ouvrages sensationnalistes. Pour preuve que les deux cinéastes ne sont pas du genre à pinailler sur ce qu'ils mettent à l'écran, il suffit de pointer du doigt le niveau de recherche concernant le Louvre et la manière dont la Joconde y est exposée. Lorsque Roland Emmerich vient à Paris, c'est probablement plus pour aller visiter Disneyland que l'un des musées les plus renommés du monde. Qu'à cela ne tienne, 2012, c'est avant tout de l'attraction de fête foraine à consommer sur grand écran. Roland Emmerich s'en donne à cœur joie ! Le cinéaste provoque éruptions volcaniques, tremblements de terre et autre raz de marée de manière à provoquer le maximum de destruction massive. L'homme s'y connaît, il a déjà pulvérisé des monuments et des grandes villes dans INDEPENDENCE DAY, GODZILLA et LE JOUR D'APRES. Un palmarès qui veut tout dire…

C'est sans surprise que 2012 reprend des éléments de ses films passés, véritable catalogue de clichés surannés. Par exemple, 2012 est l'occasion, une nouvelle fois, de nous présenter un président des Etats-Unis, homme foncièrement droit, s'adressant à toute une population de manière grave. Chiant dans la vraie vie, les discours d'homme politique ne passent pas franchement mieux sur un écran de cinéma, surtout dans un contexte où le spectateur n'attend qu'une chose… Que l'on arrête de parler pour mieux détruire la maison blanche, la Chapelle Sixtine ou n'importe quoi d'autre. Mais, difficile pour autant de meubler deux heures et trente huit minutes avec seulement des slaloms entre des immeubles qui s'écroulent, ou en roulant à toute vitesse (limousine ou camping car, c'est pareil) pour échapper aux déformations de la route par des séismes. Comme tout film catastrophe, 2012 s'attelle donc à dresser le portrait d'une poignée de personnages plus ou moins intéressants. Petite innovation, le scientifique que personne n'écoute avant qu'il ne soit trop tard trouve, pour une fois, une oreille attentive auprès des autorités. Pas de quoi chambouler un déroulement très balisé où l'on suit des sacrifices et autres morts de parents proches et le parcours d'une toute petite poignée de rescapés essayant d'échapper à l'inéluctable. Car 2012 ne rigole pas. Il est question ici de faire périr la majeure partie de l'humanité. Un détail qui ne semble pas tellement intéresser la narration qui s'attache à quelques familles et un cador traversant les catastrophes sans trop d'encombre. Cela suit, quelque part, assez bien le canevas habituel des films catastrophes, où ceux qui prennent leur destin en main vont survivre alors que les autres, plus attentistes, vont se noyer dans une masse informe et dans l'indifférence. Mais les séquences de destruction de 2012 s'avèrent plutôt bien troussées. Roland Emmerich adopte un point de vue assez nerveux plaçant le spectateur au cœur de l'action et des catastrophes. Le point fort de 2012 est assurément sa manière d'exposer à l'écran toutes les folies destructrices et on en a pour son argent en terme d'images spectaculaires. A un tel point qu'il serait sûrement intéressant de retourner voir le film à plusieurs reprises, de manière à déceler tous les détails des cataclysmes présentés à l'écran. Pour cela, il faudra néanmoins affronter les séquences d'exposition et de dialogues largement moins passionnants ou encore des passages curieusement sans intérêt. La palme revenant certainement au grand sage tibétain qui nous fait une petite leçon de sagesse, qui semble totalement inutile, ou bien pique un somme pendant la fin du monde. Un personnage qui s'avère aussi passionnant que la petite vieille de 10.000.

Mais 2012, c'est surtout un film assez curieux puisque Roland Emmerich et son compositeur, co-scénariste, parsèment leur métrage de gags, de petites critiques politiques et d'autres passages à prendre clairement au second degré. Plutôt amusant avec toutes les catastrophes qui s'accumulent, ce ton décontracté et un peu railleur a tout de même beaucoup de mal à cohabiter avec une approche bien plus sérieuse du sujet. La dernière partie du film est, en ce sens, particulièrement convenue avec un suspense très artificiel et un étalage de bons sentiments de dernière minute. Même George Pal, producteur, n'avait pas osé dans son pourtant très solennel LE CHOC DES MONDES, et dans une situation similaire, proposer une solution aussi naïve. Roland Emmerich, lui, n'hésite pas et termine son film sur une note optimiste où finalement tout va pour le mieux. Quand certains disaient il y a trente ou quarante ans «Il leur faudrait une bonne petite guerre», Roland Emmerich nous rétorque aujourd'hui que la solution à tous nos problèmes, ce serait plutôt l'apocalypse. Oubliés les problèmes du réchauffement climatique du JOUR D'APRES, de toutes façons, la fin du monde telle que nous la connaissons est pour demain et on ne peut rien y faire. Et tant mieux, semble nous dire l'épilogue de 2012, car tous les problèmes sociaux, les soucis politiques, les affaires amoureuses et même les petits tracas physiologiques s'envoleront comme par miracle !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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