Header Critique : MACHINE GIRL

Critique du film et du DVD Zone 1
MACHINE GIRL 2008

 

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Ami n'est pas une demoiselle chanceuse. Suite au suicide de ses parents, elle s'occupe avec tendresse de son jeune frère Yu. Celui-ci est régulièrement victime de racket et c'est en tentant d'y mettre un terme qu'il sera finalement assassiné par un gang de Yakuzas… Le cœur empli de rage, Ami tente d'aller venger son frère mais elle échouera, sera violentée, torturée et perdra un bras. A moitié morte, Ami est recueillie par la famille d'un ami de Yu, lui aussi tué par les Yakuzas. Le père, bricoleur dans l'âme, confectionnera alors une incroyable Gatling pouvant se greffer sur le moignon de la jeune fille. Dès lors, c'est une Ami plus dangereuse que jamais qui réclame vengeance !

Au Japon, le marché du «V-Cinema» (film a destination des vidéoclubs) est très abondamment représenté et offre aux jeunes réalisateurs la possibilité de mettre en boite leurs projets à moindre coût. Comme nous avons pu le constater à maintes reprises ces dernières années, cette filière est aussi un excellent moyen pour les investisseurs de débusquer de nouveaux talents. Takashi Shimizu (JU-ON, JU-ON 2) et Takaski Miike (trilogie DEAD OR ALIVE, ICHI THE KILLER) sont par exemple tous deux issus du milieu du V-Cinema et ont, suite à une œuvre «maîtresse», été invités à réaliser pour le cinéma. Le cas de Noboru Iguchi est toutefois légèrement différent puisqu'il rejoint celui de Yoshihiro Nishimura et Yûji Shimomura. A savoir qu'il s'agit là de réalisateurs ou responsables d'effets spéciaux qui ont été repérés non pas en vue faire du cinéma mais pour mettre en boite des œuvres aux budgets limités co-produites par les américains et les japonais. La firme «Fever Dreams» d'Outre Atlantique s'associe donc tout d'abord à la compagnie nippone «Media Suits» pour la production du DEATH TRANCE de Shimomura. Suite à cela, elle s'acoquinera à la «Nikkatsu» pour TOKYO GORE POLICE de Nishimura et le MACHINE GIRL qui nous intéresse ici…

La plupart des films japonais de ces dernières années semblent destinés à être «refaits» par les bons soins des américains. «Fever Dreams» prend donc ce phénomène à contre-pied et décide d'injecter de l'argent dans des produits asiatiques directement exploitables de par le monde. L'objectif est dès lors de proposer au public occidental une pellicule au «look & feel» japonais et ce sans qu'elle le soit complètement. Pour ce faire, la culture japonaise se doit donc d'être réduite à ses clichés (gore, ninjas, écolières, etc...) et les références trop «locales» devront bien évidemment être gommées. Bien que la démarche puisse apparaître comme douteuse, elle n'est cependant pas dénuée d'intérêt et peut aboutir sur des œuvres «internationales» bien plus pertinentes que les remakes dont on nous abreuve...

MACHINE GIRL est donc le fruit du travail de Noboru Iguchi. L'homme a consacré une bonne partie de sa carrière à la mise en boite de ce que l'on appelle des «AV» («Adults Video») au contenu pornographique. Il est aussi connu dans son pays pour avoir porté à l'écran différents mangas tels que le farfelu «Cat-eyed Boy» (NEKOME KOZÔ) ou l'érotico-délirant «Oira Sukeban» (pour un film homonyme). Aujourd'hui, la folie étourdissante de ces deux métrages se retrouve dans un MACHINE GIRL qui nous conte les tristes péripéties d'une jeune étudiante évoluant dans un monde où règnent racket et violence. Noboru Iguchi recycle ici les mécaniques bien connues du «film de vengeance» et c'est pourquoi nous assisterons donc dans la première moitié du métrage à la classique mise en abîmes du personnage principal. Sauf que dans le cas présent, les sévices physiques sont si terribles et exubérants qu'ils en deviennent paradoxalement ludiques et même irrésistiblement drôles ! Qu'elle soit crucifier, battue, humiliée, qu'on lui fasse frire le bras ou qu'on lui coupe les doigts, Amy reste une jeune fille au regard dur et à l'esprit de vengeance tenace. Le comportement du personnage n'est donc pas très éloigné de celui de Sasori dans LA FEMME SCORPION et dans ces conditions, l'ablation d'un bras n'est plus qu'un simple détail, voire un soulagement (rappelons qu'il est frit et mutilé)… Reste que cette amputation n'est pas anodine et qu'elle permet à Noboru Iguchi d'aborder une autre thématique bien connue du cinéma d'exploitation : celle du héros handicapé.

Le PLANETE TERREUR de Robert Rodriguez avait bien évidemment remis au goût du jour ce concept en 2007 mais il serait dommage d'oublier la longue tradition qui l'a précédé, en Asie notamment. Le cinéma hongkongais fût ainsi très friand de héros physiquement «diminués» et nous offrit au fil des décennies nombre de métrages les mettant en scène. La trilogie du sabreur manchot, le stupéfiant LES MONSTRES DU KUNG FU, le sympathique LE BOXEUR MANCHOT et bien évidemment THE BLADE sont autant d'exemples de films qui glorifièrent des individus au mental si fort qu'ils en venaient à transformer un handicap physique en une anomalie mineure, un élément de ruse et parfois même une arme… Au Japon, des héros tels que Zatoichi (27 films et une série télé) ou Tange Sazen (plus de 34 films pour ce personnage manchot, borgne et balafré) répondent à ces critères et c'est sans doute dans ces héros, plus que dans le film de Rodriguez, que Noboru Iguchi va puiser son inspiration… Ainsi, après avoir pris grand soin d'enfoncer son héroïne plus bas que terre, il la fait renaître de ses cendres et la transforme en impitoyable machine à tuer. Unique et diablement efficace, le fusil d'assaut qui sera greffer à son bras n'est bien évidemment pas sans évoquer le «rayon delta» du charismatique protagoniste de la série animée SPACE ADVENTURE COBRA. Le résultat sera à peu de chose près le même : Une véritable hécatombe !

Car s'il est une chose sur laquelle Noboru Iguchi ne lésine pas, c'est bien sur la violence graphique. Décomplexés, inventifs, étonnants et hilarants sont des mots qui décrivent parfaitement les nombreux délires gores que nous propose le monsieur. Là encore, le metteur en scène ravive le souvenir des sanglants chambaras d'antan et nous offrent quelques geysers de sang digne d'un opus de BABY CART. Mieux encore, l'innocente Ami use même de ces fontaines rougeoyantes pour asperger et humilier ses adversaires ! Dès ses premières secondes, MACHINE GIRL baigne donc dans cette ambiance granguignolesque colorée et nous offre quelques uns des meilleurs moment gores de ces dernières années. Bien évidemment, tout n'est pas parfait et la qualité souvent approximative des effets numériques ou plastiques pourra en choquer certains. Reste que cette aspect «bricolé» s'avère au final bénéfique puisqu'il ne fait qu'abonder dans la logique d'un film qui n'a rien de sérieux, bien au contraire.

Dans le même ordre d'idée, nous noterons que le jeu de certains acteurs secondaires laisse à désirer. Il faut dire que pour nombre d'entre eux, MACHINE GIRL est l'une de leurs premières expériences devant une caméra. Pour les autres, le curriculum vitae s'avère en réalité bardé d'apparitions mineures, voire de films pornographiques. C'est par exemple le cas de l'actrice Honoka qui, allez savoir pourquoi, conservera ici (presque) tous ses vêtements. Ami sera pour sa part interprétée par une Minase Yashiro convaincu et plutôt convaincante. Sa performance se montre très honorable, surtout si l'on prend en compte le fait que MACHINE GIRL est son premier véritable film. En effet, Minase Yashiro est ce que l'on appelle une «J-gravure-idole», une jeune fille ayant pour profession d'exposer ses courbes en bikini devant l'œil avide des caméras et autres appareils photos. Un métier comme un autre qui ouvre assez régulièrement des débouchés en tant qu'actrice de «V-Cinema»… Pour les besoins du film de Noboru Iguchi, elle donne donc corps à une héroïne hors norme, indestructible et particulièrement charismatique. Son sourire carnassier et sadique en viendrait même à rivaliser avec celui de Eihi Shiina dans AUDITION, c'est dire !

Au final, MACHINE GIRL est donc de ces rares films qui parviennent à tenir les promesses faites par une affiche promotionnelle des plus réussies. Méli-mélo gore et délirant, le métrage n'en reste pas moins construit et nourrit avec talent des influences «manga» de son auteur. Les quelques problèmes de rythme ne viendront pas ternir cette œuvre dont l'hystérie générale s'avère bien souvent comparable à celle d'un EVIL DEAD 2 par exemple. Gros plans sur des visages hurlants, répliques décalées, ninjas bondissants, armes loufoques, postures débiles et apparitions spectrales du frangin décédés sont donc au programme de cette œuvre hautement divertissante et par conséquent fort recommandable. OIRA SUKEBAN avait tout pour attirer notre attention, MACHINE GIRL a tout pour la retenir : Noboru Iguchi est un réalisateur à suivre.

En raison de ses origines en partie américaines, la sortie de MACHINE GIRL en DVD s'est faite tout d'abord outre-atlantique. D'autres éditions devraient suivre rapidement mais, pour l'instant, il s'agit de la seule possibilité qui soit offerte aux DVDPhiles pour découvrir le film. Comme ce fut le cas pour les autres productions «Fever Dreams», c'est l'éditeur «Tokyo Shock» qui régale et nous propose un disque d'honnête facture, parfaitement accessible aux anglophones.

L'image tout d'abord nous est proposée dans un format 1.78 proche du ratio d'origine. L'encodage 16/9ème offre une définition très correcte et les défauts numériques sont globalement discrets. Les couleurs sont pour leur part plutôt fades et le manque de contraste amplifie d'avantage encore la «platitude» de l'image. Nul doute que des couleurs plus «pétantes» et des noirs plus profonds auraient apportés davantage de bonheur encore… Quoiqu'il en soit, cette copie n'a rien de honteuse.

Du côté des pistes sonores, nous aurons le choix entre la version originale japonaise et le doublage en langue de Shakespeare. Dans les deux cas, «Tokyo Shock» nous propose un mixage en Dolby Digital 2.0 mais aussi des alternatives en Dolby Digital 5.1. Dans la pratique, les enceintes arrières sont si peu sollicitées que les mixages stéréo n'ont quasiment rien a envier aux multi-canaux... Le doublage anglais s'avère de bonne qualité et se montre bien plus clair que les pistes d'origines. Reste qu'il est bien évidemment aberrant de ne pas regarder le métrage dans sa version japonaise. Une fois cette option choisie, vous pourrez être épaulés à la demande par un sous-titrages anglais clair et lisible...

En terme de bonus, le disque nous propose la bande annonce originale en 16/9ème ainsi qu'un making-of d'une dizaine de minutes. Celui-ci reprend de nombreuses scènes du film et n'apporte en réalité que peu d'informations. Il donnera toutefois la parole aux deux actrices principales bien qu'elles n'aient manifestement rien à dire... Le spectateur pourra par ailleurs découvrir les secrets de fabrication d'une paire d'effets gores ainsi que les moyens mis en oeuvres pour la création des armes les plus étranges du film. Si vous souhaitez garder intacte la surprise de la découverte, nous vous recommandons donc d'éviter soigneusement ce supplément tant que vous n'avez pas vu le métrage... Enfin, le menu «Trailers» vous mènera à quatre bandes annonces de l'éditeur. Parmi celles-ci, nous retrouverons notamment celle de DEATH TRANCE ainsi que celle de la très recommandable série télévisée LONE WOLF AND CUB (BABY CART).

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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Un film délirant bercé d’inspiration manga
Du gore drôle et excessif comme on en voit peu
Les armes ninjas…
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Quelques légers problèmes de rythme
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L'édition vidéo
KATAUDE MASHIN GARU DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Tokyo Shock
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
1.78 (16/9)
Audio
Japanese Dolby Digital 5.1
Japanese Dolby Digital Stéréo
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Anglais
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