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Critique du film et du Blu-ray Zone B
DUNE 1984

 

En l'an 10191, l'exploitation d'une substance rare attise toutes les convoitises sur la planète Arrakis. Plusieurs factions s'y affrontent à coups de batailles, machinations et autres tractations diplomatiques. Mais tout va changer lorsque le jeune Paul Atreides accomplira sa destinée au contact de cette planète désertique aussi connue sous le nom de Dune.

Passionné d'écriture, Frank Herbert va devenir journaliste. En parallèle, il va écrire des histoires qui seront publiées dans des magazines. A la fin des années 50, il doit écrire un article qui va le mener à amasser un grand nombre d'informations. A partir de cela, l'article ne sera pourtant jamais écrit mais l'auteur va plutôt s'engager dans l'écriture de Dune. Le livre sera d'abord publié dès 1963 en plusieurs parties au sein de la revue Analog. Dune ne va pourtant pas intéresser les maisons d'éditions qui refusent les unes après les autres l'ouvrage. C'est finalement un tout petit éditeur qui va prendre le livre sous son aile pour le sortir en 1965 sous la forme d'un petit tirage de quelques milliers d'exemplaires. Dune va alors recevoir des Prix littéraires et commencera à se forger une réputation grandissante sans pour autant assurer, à ce moment là, des revenus conséquents à Frank Herbert. L'univers de Dune, l'auteur le développera au travers de cinq autres livres et, après sa mort, l'un de ses fils prolongera l'épopée au travers d'autres ouvrages dont certains ont été écrits à partir de notes laissées par Frank Herbert. Après la parution du second ouvrage, Le Messie de Dune, le cinéma va s'intéresser au premier livre, Dune, qui s'est alors imposé comme une œuvre renommée de la science-fiction moderne…

Au début des années 70, le producteur Arthur P. Jacobs fait l'acquisition des droits du livre au travers de sa société de production Apjac International. Prévu pour être tourné par David Lean, cette adaptation cinématographique sera abandonnée à la mort du producteur en 1973. A la fin de l'année 1974, Apjac International revend les droits de Dune aux Français Jean-Paul Gibon et Michel Seydoux. Leur société de production, Caméra One, entend confier l'adaptation cinématographique du livre à Alejandro Jodorowsky. Le projet prend des allures démesurées en rassemblant un grand nombre de personnalités à tous les postes. Après une longue et coûteuse phase de pré-production, le projet fait naufrage. Les droits d'adaptation du livre changent une nouvelle fois de main pour passer dans celle de Dino De Laurentiis. Le producteur italien en confie l'écriture à Frank Herbert mais le résultat sera mis de côté car jugé trop long. A la place, on engage Rudy Wurlitzer pour réécrire le scénario et Ridley Scott est choisi pour en assumer la réalisation. H.R. Giger qui avait travaillé sur l'adaptation d'Alejandro Jodorowsky et sur ALIEN de Ridley Scott est, à ce moment là, toujours attaché au projet. Les droits d'adaptation du livre expirent au début des années 80 ce qui obligent Dino De Laurentiis de les acheter de nouveau ce qui le mène à prendre aussi une option sur les suites. Le producteur a, en effet, l'idée de produire plusieurs films sur l'univers de Dune. Toutefois, tout se complique, Ridley Scott abandonne le navire pour rejoindre BLADE RUNNER, la gestation de DUNE étant bien trop longue pour lui. Il faut trouver un autre réalisateur et la famille De Laurentiis va porter son dévolu sur David Lynch dont le ELEPHANT MAN vient de faire le tour du monde. Le cinéaste se sent plus intéressé par DUNE que par LE RETOUR DU JEDI qu'il refuse de faire en estimant que George Lucas ne lui laissera pas vraiment prendre le contrôle du film. Le scénario de Rudy Wurlitzer pour DUNE est abandonné et David Lynch entame l'écriture du film et d'une suite. Après un an et demi de rédaction de plusieurs scripts par le cinéaste, la machine est enfin lancée…

Si la gestation du scénario de DUNE fut longue et douloureuse, le tournage du film va prendre la même route ! Toute l'équipe est envoyée au Mexique pour mettre en boîte le film. La chaleur, l'altitude et la pollution vont rendre rapidement le tournage très éprouvant tout en freinant la production. L'ampleur du film et le temps alloué vont aussi multiplier la désorganisation du travail d'imposantes équipes. Pendant le temps où DUNE est réalisé, une autre production De Laurentiis, CONAN LE DESTRUCTEUR, sera bouclée dans les mêmes studios de Churubusco en beaucoup moins de temps. Mais une fois les séquences tournées, David Lynch n'est pas au bout de ses peines car il assemble un montage de travail d'environ quatre heures. Evidemment, ce premier montage n'a rien d'un montage définitif voulu par le cinéaste mais il faut dès lors commencer le dur travail qui permettra de ramener le film à une durée plus raisonnable pour son exploitation dans les salles. S'il y avait déjà des dissensions entre David Lynch et les producteurs (Dino De Laurentiis et Raphaella De Laurentiis), la phase du montage va les accentuer bien plus encore. Au passage, une séquence sera retournée en laissant de côté la première version, très différente, où le personnage de Paul Atreides boit l'eau de vie. A l'arrivée, le film sera amené à une durée d'environ deux heures et quart. Un montage que David Lynch assumera à l'époque mais le cinéaste estimera, par la suite, que le film est le seul échec artistique de sa filmographie. A sa sortie, le film est accueilli très froidement aux Etats-Unis alors que l'Europe ou le Japon sont bien plus clément envers le film. L'expérience du tournage et les résultats obtenus vont mettre un terme à l'idée de produire des suites. Plus tard, la télévision américaine assemblera une version longue de trois heures en ajoutant des scènes inédites jusque là. Un véritable bricolage auquel David Lynch refusera d'être associé et son nom sera retiré du générique. Lorsque Universal travaillera sur la sortie d'une édition «Collector» de DUNE, David Lynch refusera une nouvelle fois la proposition du studio de travailler sur un «Director's Cut». Le cinéaste a, effet, depuis longtemps décidé de laissé derrière lui DUNE et ne veut plus du tout en entendre parler !

Adapter le livre, Dune, dans un film condensant l'œuvre en deux heures est un pari très risqué. Pour y arriver, il faut donc réaliser un travail d'adaptation rigoureux et réducteur. C'est ce qu'à fait David Lynch, le cinéaste a donc coupé tout ce qui lui paraissait dispensable à la narration de son intrigue principale. De même, le réalisateur va opérer des modifications par rapport au livre d'origine qui ne seront pas au goût des puristes de l'oeuvre originale. Mais, pour une fois et c'est rare, l'auteur, Frank Herbert, est content du résultat même s'il avoue être déçu de ne pas avoir retrouvé sur grand écran tout ce qui avait été tourné par David Lynch. L'essence du livre est donc préservée dans DUNE sans pour autant offrir un spectacle pleinement satisfaisant. Ainsi, certains choix apparaissent douteux dans le processus d'adaptation ou dans le design du film à l'image des troupes de choc de l'Empereur dont les costumes les rendent bien peu effrayants ou efficaces. De même, la densité du livre s'exprime clairement face à la durée étroite du film. Le rythme du film est ainsi très instable alternant scènes d'exposition satisfaisante pour développer le récit avec des raccourcis littéralement expédiés par une voix off. Le gros défaut de cette adaptation de DUNE, c'est avant tout d'être une œuvre muselée que l'on a empêché de s'exprimer. L'élagage du film au montage n'a certainement pas aidé cet état de fait. Pour apprécier DUNE, il apparaît alors important d'aborder le film autrement qu'en essayant de le comparer au livre original ou même en attendant un déroulement classique. Il apparaît plus pertinent d'essayer de se laisser porter par l'ambiance étrange ou encore l'univers dépeint par David Lynch dans cette version de DUNE.

Si tout n'est pas réussi dans DUNE, le film expose tout de même un grand nombre de passages excellents. Les séquences sur Geidi Prime, fief des Harkonnen, sont de véritables réussites. David Lynch avouera d'ailleurs qu'il aurait bien aimé tourner un film seulement sur cette planète qu'il trouve bien plus proche de son propre univers que celui des autres environnements de DUNE. Manifestement plus intéressés par les vilains et l'exposition d'un univers plutôt bizarre, David Lynch ne semble pas non plus très captivé par les scènes de batailles. Passages obligés et spectaculaires de l'histoire, les affrontements à grande échelle du film sont quelque peu ternes. Heureusement, l'ampleur de l'univers sera bien mieux retranscrit grâce aux effets spéciaux donnant l'occasion de découvrir des plans extérieurs de la forteresse sur Arrakis ou bien lors de l'apparition des vers géants. Les créatures du film ont été confectionnées par Carlo Rambaldi qui a beaucoup œuvré sur des productions De Laurentiis (DANGER DIABOLIK, KING KONG, BISON BLANC, CONAN LE DESTRUCTEUR…). Bien qu'un peu rigide, les vers géants d'Arrakis s'avèrent plutôt impressionnants à l'écran. Un autre spécialiste des effets spéciaux italiens apporte son savoir-faire à DUNE puisque Giannetto De Rossi s'occupait des maquillages. D'un point de vue technique, l'image de DUNE se pare aussi d'une très belle photographie signée Freddie Francis, le directeur de la photographie avait d'ailleurs travaillé sur le précédent film de David Lynch. Enfin, la partition musicale est plutôt atypique puisque David Lynch demandera au groupe Toto et à Brian Eno de composer les thèmes du film.

La fresque de Frank Herbert met en scène un très grand nombre de personnages dont une partie n'apparaissent pas dans le film. Evidemment, les figures principales du livre original sont présentes ce qui nécessite tout de même d'assembler un large panel d'acteurs pour les incarner à l'écran. Tous les citer seraient interminables entre ceux qui ont, au moment du tournage, des carrières bien établies et ceux qui débutent à peine une filmographie. On notera que Jack Nance, interprète principal de ERASERHEAD, incarne l'un des Harkonnen et surtout que le film marque la première apparition à l'écran de Kyle MacLachlan. On le retrouvera, par la suite, dans BLUE VELVET ou encore TWIN PEAKS du même réalisateur. Le jeune acteur va avoir la dure tâche, dans DUNE, d'incarner le personnage principal de Paul Atreides. Un choix d'acteur pas toujours probant même s'il apparaît aujourd'hui difficile d'imaginer un autre comédien à sa place dans le film de David Lynch. Il affrontera en duel, à la fin du film, un acteur, Sting, plus connu pour sa carrière musicale au sein du groupe Police. David Lynch apparaît d'ailleurs lui aussi dans DUNE en interprétant un opérateur radio lors de la scène où un ver des sables englouti une moissonneuse. Les acteurs de DUNE, on en retrouvera une bonne partie lors du générique de fin où ils seront présentés sous la forme de portrait comme on pouvait le faire dans certains films à grands spectacles des années 50 et 60 à Hollywood.

DUNE reste aujourd'hui un curieux film de science-fiction. Les choix de David Lynch allié au matériel d'origine ne pouvait pas produire un métrage classique. N'ayant pas de grand rapport avec l'approche de LA GUERRE DES ETOILES, le film ressemble bien plus à une sorte de Péplum aux allures mystiques et à l'intrigue broussailleuse. Le spectacle est, plus de vingt ans après, toujours assuré pour ceux qui se laisseront porté par les images, les sons, les ambiances et les sensations distillés par le film de David Lynch.

Au moment de la sortie du film, Dino De Laurentiis envisage vaguement de créer une mini-série à partir du film et des scènes qui ont été retirée du montage comme cela a été fait avec LE PARRAIN ou LE BATEAU. Cela ne sera jamais fait mais la télévision accueillera une véritable mini-série en l'an 2000 avec FRANK HERBERT'S DUNE qui sera suivi trois ans plus tard des ENFANTS DE DUNE. Ces deux productions télévisuelles se rapprochent plus des livres en raison de leur durée. Les adaptations de Dune pourraient s'arrêter là mais il est déjà question d'une nouvelle version cinématographique produite, cette fois, par Paramount.

DUNE est sorti à plusieurs reprises en DVD un peu partout dans le monde. Opening avait d'ailleurs sorti en 2005 une édition triple disque proposant le film remasterisé en 16/9 accompagné de suppléments ainsi que du montage de trois heures (en 4/3). Un bel objet qui fut supplanté quelques temps plus tard par une édition américaine offrant un contenu additionnel plus probant. Avec la haute définition, l'exploitation de DUNE reprend. Aux Etats-Unis, Universal a sorti un HD-DVD alors que de son côté la France se voit doter d'un Blu-ray. C'est donc une nouvelle fois Opening qui s'y colle en proposant sur un seul disque l'ensemble des suppléments de son édition triple DVD à l'exception de la version, très dispensable, de trois heures.

Le DVD était joli mais le Blu-ray affiche une image écrasante de beauté ! Si l'intégralité du film n'est pas logée à la même enseigne, la plupart des plans offrent une définition de haute volée. La première séquence mettant en scène le Baron Harkonnen est absolument magnifique et il en va de même pour les scènes en extérieur sur la planète Arrakis. La finesse de l'image est accompagnée d'une stabilité à toute épreuve et de solides couleurs. Ce transfert 1080p/24 fait honneur à la photographie de Freddie Francis. Néanmoins, il y a un défaut étrange qui se manifeste lors du générique de fin lorsque les noms défilent sur fond noir. Le souci, c'est justement que le fond n'est pas entièrement noir et qu'une petite portion de l'image est curieusement d'une couleur légèrement différente ! Une anicroche qui n'a heureusement pas d'incidence sur le film en lui-même et qui était déjà présente sur le triple DVD de l'éditeur mais absent de l'édition américaine.

Pour son édition triple DVD, Opening avait nettoyé et remixé les pistes audio française et anglaise de DUNE à partir des bandes sonores originales. Ce travail était déjà impressionnant sur DVD et s'exprime avec encore plus de poids sur ce Blu-ray. L'éditeur donne d'ailleurs le choix, pour les deux langues, entre des pistes stéréo surround, Dolby Digital 5.1 et DTS HD Master Audio. De quoi satisfaire toutes les installations ! Un sous-titrage français est, bien évidemment, disponible sur les pistes anglaises.

Si la retranscription audio/vidéo du film est impressionnante, l'interactivité nous ramène sur Terre. Il s'agit des mêmes suppléments que ceux commercialisés auparavant par l'éditeur et présenté ici en définition standard (576p). On commence par deux modules vidéo qui sont des interviews d'Olivier Delcroix. Dans le premier, on nous parle rapidement de l'Adaptation d'Alejandro Jodorowsky pour survoler très sommairement celles de Dino De Laurentiis. La deuxième intervention s'attache à donner un point de vue sur l'adaptation qui a été faite avec le film par rapport au livre. Assez imprécis, il aurait été intéressant de pointer de façon plus précise les véritables différences, tel que les modules étranges qui n'apparaissent pas dans le livre original, ce qui n'est pas le cas du tout ici. Cette deuxième intervention laisse donc un avis très mitigé. Bien plus sympathique, on nous fait un historique de Alan Smithee, nom sous lequel est signée la version de trois heures de DUNE, avec une interview de Philippe Lombard qui a, cette fois, le mérite d'être claire et précise.

David Lynch ne veut plus parler de DUNE. Pourtant, il s'exprime durant plusieurs minutes à propos du film. Cette interview du cinéaste date de la promotion du film et a été enregistrée en France. Un document plutôt rare, et pas si promotionnel que cela, qui permet de laisser le réalisateur s'exprimer sur son film alors qu'il ne veut plus l'évoquer aujourd'hui. Toujours d'époque, on peut découvrir une Featurette rassemblant des images de tournage, des interviews sur le plateau ainsi qu'une intervention de Frank Herbert lui-même. Les dernières vidéos supplémentaires permettent de voir les bandes-annonces anglaise et française du film. Le reste des suppléments est composé de galeries avec dessins préparatoires, photos de tournage, affiches de divers pays et produits dérivés. A l'arrivée, le panorama supplémentaire de cette édition est plutôt sympathique de façon à prolonger l'expérience du film éprouvée en haute définition !

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Une retranscription audio/vidéo de toute beauté
On n'aime pas
Un étrange défaut sur le générique de fin
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L'édition vidéo
DUNE Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
2h15
Image
2.35 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais DTS Master Audio 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • L'adaptation
      • Le Roman adapté (Interview d'Olivier Delcroix - 8mn30)
      • Un Roman inadaptable (Interview d'Olivier Delcroix - 9mn26)
      • Galerie de dessins préparatoires
      • Le Tournage
      • Destination Dune (Featurette - 6mn15)
      • Galerie de photos
      • David Lynch
      • Interview [1985] de David Lynch (8mn23)
      • Filmographie
      • Les Scènes coupées
      • Qui est Alan Smithee ? (Interview de Philippe Lombard - 10mn18)
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