Header Critique : PLANETE DES SINGES, LA : COLLECTOR 2 DVD (PLANET OF THE APES)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA PLANETE DES SINGES 1968

PLANET OF THE APES 

Si jusqu'alors la science fiction était un genre plutôt ludique tendant le plus souvent vers le non sérieux ou la reflexion gentillette, deux films allaient inverser cette tendance dés la fin des années 60 donnant au genre un coté beaucoup plus grave et surtout philosophique. Il s'agit d'une part de 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE de Stanley Kubrick et LA PLANETE DES SINGES de Franklin J. Schaffner. Adaptation du roman de Pierre Boulle, LA PLANETE DES SINGES va être une véritable révolution tant au niveau de la reflexion que des effets spéciaux même si, ici, ils restent assez légers, misant beaucoup plus sur les costumes et maquillages simiesques qui devaient être totalement crédibles afin que le spectateur puisse croire à cette odyssée insensée. Tout fut fait, contre vents et marées, pour prédestiner le film à devenir une oeuvre clé de la science fiction moderne, véritable emblême du genre.

LA PLANETE DES SINGES c'est au départ un roman écrit en 1963 par Pierre Boulle, ancien militaire installé en Asie. Le livre est une sorte de fable satirique et utopiste mais néanmoins philosophique fleurant bon le roman feuilletonesque. C'est en 1967 que le producteur Arthur P. Jacobs va tenter d'en faire une adaptation cinématographique. Ancien publiciste pour la MGM et la Warner puis agent de stars prestigieuses telles que Marylin Monroe, Judy Garland ou Gregory Peck, Jacobs acquiert les droits du roman et en confie l'adaptation à Rod Serling, le célèbre créateur de la série télèvisée LA QUATRIEME DIMENSION. Prédominant dans le succès du projet, le choix de l'acteur principal se portera trés vite sur Charlton Heston, inoubliable Ben Hur, qui suggère alors de faire appel aux talents de Franklin J. Schaffner pour la réalisation du film, les deux hommes étant trés liés depuis le tournage du SEIGNEUR DE LA GUERRE.

Malheureusement le script de Serling n'enthousiasme guère les producteurs. C'est Michael Wilson responsable de l'adaptation du PONT DE LA RIVIERE KWAI, toujours d'après un livre de Pierre Boulle, qui va alors prendre le relai. Wilson va mettre l'accent sur le coté politique du livre et transformer bon nombre d'élèments. Dés lors, les différences entre le roman d'origine et le script vont se faire légion. L'oeuvre de Boulle devient rapidement sous la plume de Wilson une adaptation assez libre. Ainsi les singes seront moins évolués tant au niveau technologique que physique tandis que Taylor et Nova, les deux héros humains, sont eux aussi revus et corrigés. Exit ce coté nouvel Adam et Eve ainsi que la grossesse de Nova (une scène a pourtant été tournée !) car la chose est jugée, à l'époque, trop osée pour se voir transposée à l'écran. Une autre énorme différence mais capitale ici est le fait que Wilson conservera l'idée de Rod Serling qui faisait de la Terre cette fameuse planète des singes, les deux planètes étant distinctes dans le roman.

Le film de Schaffner est de toute évidence un film brutal et ce dès les premières minutes lorsque les trois astronautes, aprés un voyage de 2000 ans dans le futur, découvrent leur compagnon mort durant sa longue léthargie. A partir de cet instant, tout le film ne sera plus qu'un long cauchemar éveillé. Du violent amerissage de la capsule à la traversée d'un désert aride jusqu'à la terrible découverte de ce monde dans lequel il est tombé, ce sera pour le malheureux Taylor tortures et humiliations qui le meneront à la révolte puis à sa fuite jusqu'à la glaciale et stupéfiante révelation finale, une des images les plus fortes et symboliques que le cinéma nous ait offert. Tout le film est basé sur le point de vue de Taylor, homme cynique et négatif, qui n'a pour l'humanité que bien peu de compassion espérant que ce futur ait amélioré ses semblables. Ses espoirs de trouver une vie nouvelle seront vite balayés lorsqu'il sera capturé par les singes, prisonnier d'un effroyable monde inversé. Ce qu'il va vivre dés lors est sans doute le pire cauchemar qu'un être humain puisse vivre, celui de redevenir un animal, terrible retrogradation de quelques millenaires annihilant d'un seul coup toute évolution. De surcroit, le fait d'être privé de l'usage de la parole suite à une blessure à la gorge, ne fait qu'accroitre cet abominable mauvais rêve car il ne peut même plus prouver son intelligence si ce n'est à travers l'écriture et ce regard si vif qui lui vaudra justement le surnom de "Oeil vif" (curieusement traduit "Beaux yeux" dans le doublage français). Il aimerait hurler sa peur, sa révolte, se justifier mais il n'en a pas la possibilité. C'est peut être pour cela qu'il ne cessera de crier chacun de ses mots dés le moment où il pourra enfin reparler. Le film pourrait être un long cri, un cri de terreur, un cri d'alerte, un cri de révolte.

Dans cette société, les singes ont pris la place des humains, devenus quant à eux de simples animaux trop bêtes pour être domestiqués, tenus en laisse ou encagés, voués à l'esclavage pour les plus chanceux ou destinés à des experiences dites scientifiques pour les plus malheureux. Cette société simiesque est bâtie sur le modèle humain. Les orang-outangs sages et vénérables representent le clergé, édifiant leurs lois, leur religion et leur Dieu, le bien nommé Grand Législateur. Les chimpanzés se reservent à la science tandis que les gorilles, féroces et cruels guerriers, incarnent la force primaire. On y retrouve également toutes les velleités propres à l'Homme, la jalousie, le racisme, l'envie, le désir de puissance... Mais finalement dans cet étrange monde inversé qui imite qui? L'arrivée de Taylor devient aussitôt une dangereuse menace puiqu'il met gravement en danger cette société en risquant de mettre à jour les terribles secrets que tait le Dr Zaïus, representant suprême. Ces preuves qui contrairement aux écrits sacrés qu'il ne cesse de clamer, prouveraient que le singe descend de l'Homme, cette race qu'ils abhorrent et craignent à la fois depuis des millenaires et ce, à justes raisons. On retrouve en quelque sorte notre frange religieuse ou politique tout puissante, hypocrite, manipulatrice, qui depuis des siècles tient le monde à sa merci.

Les singes ne reproduisent ils donc pas ce que l'Humain a jadis fait? Esclavagisme, massacres, génocides, expériences pseudo scientifiques sur de malheureux cobayes, vivisection... De terribles et douloureux souvenirs reviennent ainsi à l'esprit du spectateur qui pense également aux dégats causés par le racisme et la ségrégation raciale. Lorsque Zaïus se demande si l'Homme a une âme cela n'évoque t'il pas ce que les Blancs pensaient des Noirs considérés alors comme des animaux? Taylor devient donc la representation même de l'opprimé qui par la force des choses va se révolter et se battre afin de faire admettre ses droits, ceux à la vie et au respect, recouvrant ainsi sa liberté mais également sa dignité. C'est par la violence et les armes qu'il y parviendra jusqu'à ce qu'il se retrouve face à l'incroyable vérité, cette écrasante et terrifiante révélation finale.

Derrière ses cotés humanistes et son discours politique, LA PLANETE DES SINGES est avant tout un conte alarmiste sur cet être destructeur qu'est l'Humain. Ainsi Schaffner donne "raison" aux singes qui finalement ne cherchent qu'à se protéger et à éviter un nouvel Holocauste. Par tous ses aspects, LA PLANETE DES SINGES est un film brillant, intelligent mais avant tout audacieux. Brillamment réalisé par Schaffner, le film alterne avec brio scénes d'action rondement menées et passages plus calmes notamment des dialogues toujours intelligents et jamais ennuyeux. Tourné dans un magnifique Scope, la caméra du réalisateur explore outre les grands déserts de l'Arizona et du lac Powell, les espaces verdoyants californiens qui eux appartenaient aux studios. A ces superbes extérieurs se mèlent les décors beaucoup plus carton-pâte des interieurs qui nous rapellent que nous sommes encore dans les années 60. Loin d'être une gêne, ceux ci apportent au film cette marque du temps si agréable.

Aux cotés de l'excellent Charlton Heston qui par la suite allait se spécialiser dans une science fiction militante (LE SURVIVANT et SOLEIL VERT) on trouvera tout aussi exceptionnels les autres acteurs incarnant leurs personnages simiesques respectifs Kim Hunter, révélée dans UN TRAMWAY NOMME DESIR aux cotés de Marlon Brando, Michael Evans qui remplaca au pied levé Edward G. Robinson, allergique aux maquillages, sous la défroque de Zaius sans oublier Roddy McDowall dans le rôle de Cornelius. Ce dernier apparaîtra dans quatre des cinq films en incarnant Cornelius mais aussi César, son fils, avant d'interpreter Galen pour la série télévisée. La touche féminine et érotique est, quant à elle, apportée par la sauvageonne Linda Harrisson, ex-miss Maryland, ex-mannequin et épouse du producteur Richard Zanuck, dans le rôle de Nova. On se souviendra aussi de LA PLANETE DES SINGES pour ses étonnants et si expressifs maquillages simiesques dûs à John Chambers. Ils demeurent aujourd'hui d'un réalisme toujours aussi saisissant, véritable clou visuel du film. Ils vaudront d'ailleurs à Chambers un Oscar en 1969 alors qu'il n'existe pas encore à l'époque de nomination spécifique dans le domaine des maquillages. Il faudra attendre le début des années 80 pour que cette catégorie soit ajoutée à la liste des nominations. Pour en revenir à LA PLANETE DES SINGES, le film fut aussi nominé pour les costumes et la musique. Hélas, cette dernière ne sera pas recompensée par une statuette dorée pour l'incroyable bande originale signée Jerry Goldsmith.

Le succés mondial de LA PLANETE DES SINGES donnera naissance à nombre d'opérations marketing et produits dérivés mais surtout à quatre suites, souvent inégales s'étalant de 1970 à 1973 : LE SECRET DE LA PLANETE DES SINGES, LES EVADES DE LA PLANETE DES SINGES, LA CONQUETE DE LA PLANETE DES SINGES et enfin LA BATAILLE DE LA PLANETE DES SINGES sans oublier deux séries, une animée et une pour la télévision en 1974 qui dura seulement le temps d'une saison. Aujourd'hui LA PLANETE DES SINGES demeure une oeuvre exceptionelle, d'une force visuelle et d'une portée philosophique assez étonnante, expliquant sans mal les raisons pour lesquelles le film de Schaffner est devenu au fil du temps ce véritable emblême de la science fiction.

Présenté dans son format d'origine, cette édition nous offre le film dans une excellente copie. La qualité du transfert permettra non seulement aux spectateurs d'apprécier le cadre de LA PLANETE DES SINGES, tant au niveau des couleurs que de l'image, ici superbe. C'est tout juste si on remarquera ça et là quelques imperfections dues au temps mais elles ne gachent en rien cette magnifique copie. Tourné à l'origine en stéréo, la bande sonore nous est proposée dans de nouveaux mixages Dolby Digital 5.1 lui offrant un rendu plus actuel tout en conservant une certaine sobriété. A vrai dire, il n'y a pas de grandes différences avec l'édition précédente du point de vue sonore. On notera l'arrivée d'une piste DTS, seulement pour le doublage français, mais elle n'offre pas vraiment de différence notable avec son alter ego Dolby Digital.

Sorti une première fois dans une édition simple, LA PLANETE DES SINGES fut mis en boîte avec les quatre autres films de la saga par la suite. Le disque ne changeait pas vraiment mais l'adjonction d'un sixième DVD permettait de découvrir un long documentaire retraçant l'histoire des films ainsi que des séries. Il y avait probablement mieux à faire surtout qu'un double DVD de suppléments, sans les films, étaient disponibles aux Etats-Unis depuis très longtemps chez Image sous le titre de BEHIND THE PLANET OF THE APES. Finalement, un double DVD consacré à LA PLANETE DES SINGES est sorti sur le marché français en amenant un plus grand nombre d'informations et autres documents. La majeure partie du contenu reprend d'ailleurs ce qui se trouvait sur le double DVD estampillé BEHIND THE PLANET OF THE APES. Nous ne reviendrons pas sur ces suppléments en détail ici puisqu'il vous suffit de vous reporter vers notre chronique dédiée de façon à en apprendre plus sur le sujet. Cela inclut donc le long documentaire BEHIND THE PLANET OF THE APES, les Featurettes consacrée à LA PLANETE DES SINGES, LES EVADES DE LA PLANETE DES SINGES et LA CONQUETE DE LA PLANETE DES SINGES. De même, on trouve ici le test de maquillage réalisé bien avant le premier film et mettant en scène Charlton Heston face à Edward G. Robinson ainsi que les «dailies» incorrectement traduit sur les menus en «Les quotidiens et le Bêtisier». Cela n'a, rien, en effet, d'un bêtisier !

Mais l'édition double DVD de LA PLANETE DES SINGES amènent toutefois du contenu inédit. Sur le premier DVD, on trouve deux commentaires audio et un commentaire textuel. Néanmoins, les deux commentaires audio ne sont pas vraiment satisfaisant. Celui de Jerry Goldsmith donne la parole au compositeur mais celui-ci s'exprime très rarement, mais toujours de façon intéressante, pour ne prendre la parole que brièvement à certains endroit où la musique se fait moins proéminente. Cela aurait été acceptable s'il s'agissait d'une piste audio où la musique aurait été isolée mais ce n'est pas du tout le cas ici. On attend donc parfois très longuement que le compositeur reprenne la parole. Il en va de même pour le second commentaire audio qui n'en a que le nom. En réalité, il s'agit d'un assemblage d'interviews données par le maquilleur John Chambers et les acteurs Roddy McDowall, Kim Hunter et Natalie Trundy. Cette dernière n'a d'ailleurs pas participé au premier film ! Les interventions sont assez rarement liées aux images qui défilent à l'écran et il aurait donc été plus logique de nous proposer de véritables interviews en annexe. Surtout qu'il s'écoule parfois de trop longue minute avant que les intervenants ne reprennent la parole ! Finalement, c'est du côté du commentaire textuel que l'on nous donne une bonne surprise. Les informations distillés tout au long du film sous la forme de texte ont été écrites par Eric Greene, l'auteur d'un livre sur LA PLANETE DES SINGES et ses suites. Bourrés d'anecdotes, ce supplément apportent nombres de précision absentes des autres suppléments. Cela en fait, avec le documentaire, l'ajout le plus pertinent de cette édition double DVD de LA PLANETE DES SINGES.

En plus de ces suppléments inédits localisés sur le premier disque, le deuxième DVD offre encore quelques petits suppléments qui n'étaient pas disponibles auparavant. Ainsi, on peut découvrir de façon brute les images tournées par Roddy McDowall. L'acteur avait ainsi, tout au long du tournage de LA PLANETE DES SINGES, filmé avec une petite caméra. On peut ainsi voir sa transformation en Cornelius tout au long de la séance de maquillage ou bien découvrir l'envers du décor. Certaines de ces images ont servi à illustrer le documentaire BEHIND THE PLANET OF THE APES. Quelques galeries de photos, extrêmement courtes, permettent de voir quelques clichés ou dessins de production. On trouve même la reproduction de deux articles de presse datant de la sortie du film aux Etats-Unis. Les deux sont présentés en anglais ce qui risque de poser quelques soucis à ceux qui ne comprennent pas cette langue puisqu'ils n'ont pas été traduits. Enfin, un bonus caché donne l'occasion de découvrir une publicité pour la gamme de jouet commercialisée par Mego lors de la diffusion de la première série télévisée. Ce document est présenté avec une image de très mauvaise qualité qui n'a d'égale que sa rareté. Il est aussi à noter que le premier DVD lance deux bandes-annonces lors de son insertion dans le lecteur. Ces deux vidéos promotionnelles, pour LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES et PHONE GAME, sont ensuite introuvables sur les menus du DVD.

Rédacteur : Francis Perrin
5 critiques Film & Vidéo
On aime
Les étonnants maquillages
Les magnifiques paysages
L'intelligence du propos
La révélation finale
Le pessimisme du film
On n'aime pas
Le commentaire audio un peu fumeux
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L'édition vidéo
PLANET OF THE APES DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h47
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio des acteurs et du chef maquilleur
    • Commentaire audio de Jerry Goldsmith
    • Commentaire textuel de Eric Green
    • Behind The Planet Of The Apes (127mn)
    • Essais de maquillage avec Edward G. Robinson (9mn29)
    • Films de Roddy McDowall (20mn02)
    • Dailies & Outtakes (19mn40)
    • Featurettes d'époque£ La Planète des Singes : Présentation NATO (10mn24)
    • Mini-documentaire "La Planète des Singes" (4mn36)
    • Regards sur "La Planète des Singes" (13mn39)
    • Don Taylor dirige "Les Evadés de La Planète des Singes" (7mn40)
    • J. Lee Thompson dirige "La Conquête de la Planète des Singes" (1mn07)
    • Bandes-annonces
      • La Planète des Singes
      • Teaser
      • Trailer
    • Le Secret de la Planète des Singes
    • Les Evadés de la Planète des Singes
    • La Conquête de la Planète des Singes
    • La Bataille de la Planète des Singes
    • Behind The Planet of the Apes
    • Articles d'époque (en anglais)
    • The Hollywood Reporter
    • Life
  • Affiches
    • Galeries photos
    • Dessins originaux du costumier Morton Haack
    • Galeries photos
    • Merchandising
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