Header Critique : BUG (LES INSECTES DE FEU)

Critique du film et du DVD Zone 1
BUG 1975

LES INSECTES DE FEU 

Après un séisme, d'étranges insectes sont localisés aux alentours d'une petite bourgade américaine. Le professeur James Parmiter va enquêter sur ces bestioles manifestement venues des profondeurs et dont les facultés sont des plus surprenantes…

Ayant rencontré un très gros succès, ROSEMARY'S BABY va resserrer les liens qui existaient déjà auparavant entre William Castle et la Paramount. Ainsi, durant les années suivantes, les films produits pour le cinéma par le cinéaste seront financés et distribués par la Paramount. Toutefois, seulement trois films, plutôt modestes, seront produits avant que le producteur ne décède et aucun n'aura l'envergure de ROSEMARY'S BABY. Néanmoins, LES INSECTES DE FEU, le dernier film de la filmographie de William Castle, sera le plus notable. Il sera ainsi nominé dans plusieurs festivals à travers le monde et remportera des prix à Sitges et au Festival du Film Fantastique de Paris où il obtiendra la Licorne d'Or ainsi que le Prix du Public.

A l'origine du sobrement intitulé BUG, qui deviendra donc LES INSECTES DE FEU en France, il y a un livre de science-fiction de Thomas Page. Publié en 1973 sous le titre «The Hephaestus Plague». L'adaptation pour le grand écran sera condensée par son auteur en collaboration avec William Castle. Toutefois, le cinéaste décide de ne pas réaliser le film qui sera confié à un réalisateur qui s'est surtout fait un nom à la télévision américaine jusque là. Pourtant, Jeannot Szwarc n'est pas Américain puisqu'il est originaire de la France. Après être passé par HEC et l'IDHEC, il commence à travailler sur des publicités et des documentaires. Il fait alors le pari de partir pour les Etats-Unis où il entend devenir réalisateur. Par l'entremise de la télévision, il se fait donc un nom en travaillant sur divers téléfilms et séries télévisées (L'ENVERS DU TABLEAU, L'HOMME DE FER, LE VIRGINIEN, COLUMBO…). Après EXTREME CLOSE-UP, sur un scénario de Michael Crichton, son deuxième film pour le cinéma, LES INSECTES DE FEU, va connaître une véritable distribution internationale et il ne tardera pas, ensuite, à mettre en scène LES DENTS DE LA MER : DEUXIEME PARTIE suivi de l'excellent QUELQUE PART DANS LE TEMPS plutôt éloigné, du coup, des insectes qui nous intéressent ici…

LES INSECTES DE FEU est un film assez surprenant dans son déroulement. Le film débute comme tout film de menace animale mais change quelque peu de directions arrivé à la moitié du métrage. Dans cette seconde partie, l'histoire se resserre sur son personnage principal et ses observations de curieux insectes. A partir de cet instant, LES INSECTES DE FEU se rapproche plus du PHASE IV de Saul Bass que d'un métrage où l'humanité doit faire face à des nuées de bestioles. Présent dans le livre original et certainement très arrangeant pour le budget du film, ce traitement carrément intimiste donne un ton très particulier au film de Jeannot Szwarc. Ainsi, les conventions du genre sont quelque peu chamboulées en suivant un scientifique dont l'obsession n'en font pas un personnage sympathique. Bien au contraire, suite à un événement tragique, l'homme de science sombre dans une sortie de folie qui l'écarte de sa vie normale pour se concentrer exclusivement sur les insectes au détriment des êtres humains. L'acteur Bradford Dillman trouve d'ailleurs ici l'un de ses meilleurs rôles. En tout cas, le comédien aura maille à partir avec les animaux à plusieurs reprises tout au long de sa carrière : chauves-souris (CHOSEN SURVIVORS), abeilles (L'INEVITABLE CATASTROPHE) ou piranha (PIRANHAS).

Plutôt ambitieux, LES INSECTES DE FEU a tout de même quelques défauts qui se mêlent souvent à ses qualités. Par exemple, il fait partie des films qui réussissent à provoquer dans une même séquence de la tension, voire de la répulsion, et une situation ridicule. C'est le cas lors de la mort d'un personnage où le dégoût des insectes est assez bien exploité. Des insectes se déplacent sur les vêtements de la victime à son insu ce qui met le spectateur dans une position angoissante. L'issue de la séquence casse un peu l'effet en mettant littéralement le feu à sa perruque… Le traitement paraît souvent bien étrange car naviguant entre le film de terreur et le comique involontaire. Reste que LES INSECTES DE FEU traite son sujet avec assez de sérieux et de rigueur pour que l'on excuse ses embardées surréalistes. Enfin, le final du film va, lui aussi, à contre courant des œuvres du genre nous offrant un épilogue assez radical où le personnage principal rejoint accidentellement les insectes avant que la menace ne s'estompe. Une fin assez sombre qui pourrait être vu comme une allégorie des scientifiques jouant avec le feu. Le professeur provoque sa propre perte après avoir manipulé les espèces sans s'interroger au préalable sur les conséquences de ses actes.

Si LES INSECTES DE FEU fait penser à PHASE IV en raison du traitement de son sujet, un autre point commun rapproche les deux films. En effet, Ken Middleham assure ici les prises de vues mettant en scène les insectes comme il avait pu le faire auparavant sur le film réalisé par Saul Bass. Le technicien avait d'ailleurs déjà travaillé sur un autre film, orienté vers le documentaire, que l'on peut facilement voir comme l'ancêtre de PHASE IV et, dans une moindre mesure, LES INSECTES DE FEU. Spécialiste d'images macrographiques, Ken Middleham s'occupera aussi des effets spéciaux mettant en scène des plantes dans MUTATIONS de Jack Cardiff ou participera à plusieurs séquences des SURVIVANTS DE LA FIN DU MONDE de Jack Smight.

Il est aussi important de noter que le film mis en scène par Jeannot Szwarc poursuit son approche atypique en utilisant un habillage «musical» synthétique à la limite de l'expérimental. Charles Fox ne compose pas vraiment une musique traditionnelle pour ce qui s'apparente, à l'arrivée, à des ambiances sonores plutôt qu'à des thèmes ou motifs mélodiques. Enfin, en plus de Bradford Dillman, LES INSECTES DE FEU met à l'écran Joanna Miles mais aussi Patricia McCormack qui incarnait une vingtaine d'années auparavant l'inquiétante petite fille de LA MAUVAISE GRAINE réalisé par Mervyn LeRoy. Elle est, avouons le, bien moins marquante, en tant qu'actrice, dans LES INSECTES DE FEU. Mais, l'ensemble du casting fait honnêtement son travail de façon à donner vie à cette étrange histoire d'insectes venus des entrailles de la terre mais aussi issus des expériences d'un scientifique dévoré par ses obsessions.

Apparemment, Paramount ne fait pas grand cas du film de Jeannot Szwarc. Comme pas mal d'autres films du fond de catalogue du studio, le traitement se fait dans le plus grand minimalisme à l'instar, par exemple, de QUAND LA MARABUNTA GRONDE de Byron Haskin, autre film mettant à l'écran des insectes. Dès lors, ce n'est pas la peine de chercher les suppléments, il n'y en a pas ! Même pas la trace d'une bande-annonce, c'est le vide absolu et il faudra se contenter du film et rien d'autres. Paru aux Etats-Unis, et inédit à ce jour dans nos contrées, LES INSECTES DE FEU ne fait pas non plus de gros effort sur les langues. Le DVD propose simplement la version originale anglaise sur laquelle on peut afficher un unique sous-titrage amovible dans la même langue. Cette traduction textuelle pourra aider ceux qui ne sont pas complètement anglophone. La piste audio en mono d'origine est très honnête mais accuse tout de même son origine avec un dynamisme un peu plat. Mais la sonorisation se fait, en tout cas, sans défaut.

Tourné en 1.85 à l'origine, l'image est ici retranscrite en 1.78 de façon à remplir totalement le cadre 16/9. L'image manque de pêche avec un rendu un peu trop doux. Le grain cinéma se fait sentir par endroit et on notera aussi diverses taches sur la copie utilisée pour ce transfert vidéo. A l'évidence, Paramount s'est contenté de réaliser un transfert 16/9 aux alentours du format cinéma sans vraiment le dépoussiérer. On peut certainement faire mieux mais, en l'état, ce DVD offre quand même une image de bonne qualité.

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Un métrage plutôt atypique traité avec un certain sérieux
On n'aime pas
Une édition DVD ultra basique
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L'édition vidéo
BUG DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h40
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
      Aucun
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