Header Critique : RETROACTIVE (RETROACTION)

Critique du film et du DVD Zone 1
RETROACTIVE 1997

RETROACTION 

Karen était négociatrice. Après l'échec de sa dernière mission, elle ne l'est plus et décide d'oublier en taillant la route… Malheureusement, la poisse la poursuit et sa voiture tombe en panne. Quelques minutes plus tard, Frank et sa femme, Rayanne, vont la prendre en stop. Ce qui aurait pu être un véritable coup de chance tourne bien vite au drame car en plus d'être vulgaire et écrasant, Frank est un homme violent. Et lorsqu'il va découvrir que sa femme le trompe, il va voir rouge et faire feu de toute part. Karen prend la fuite, suivie de très près par Frank et son revolver encore chaud. Alors que tout semble perdu, elle est accueillie dans un bunker par Brian, un scientifique qui vient de mettre au point une machine permettant de remonter dans le temps. Et si c'était là l'occasion d'éviter le bain de sang qui vient d'avoir lieu ?

Poulain de l'industrie Corman, Louis Morneau débute réellement sa carrière en 1990 lorsque le roi du bis lui confie la direction de la seconde équipe sur le navet WATCHERS 2. La même année, Corman, toujours, lui laisse les rênes de TO DIE STANDING. Dès lors, les réalisations ou coréalisations se succéderont à un rythme plutôt léger (une par an). Les résultats ne sont pas probants et la qualité n'est, comme le montre CARNOSAUR 2, pas toujours au rendez-vous. Reste qu'en 1997, c'est le miracle, l'étincelle qui vient subitement illuminer la carrière du monsieur : Morneau réalise donc RETROACTION et nous livre par là même une petite série B sans prétention mais originale, nerveuse et bougrement maligne. Finissons ce petit tour d'horizon en ajoutant que, par la suite, Louis Morneau retrouvera James Belushi pour le non moins sympathique FAUSSE DONNE, dont l'un des rôles principaux sera tenu par un Timothy Dalton au mieux de sa forme. Le réalisateur enchaînera ensuite avec le distrayant LA NUIT DES CHAUVES-SOURIS pour finalement se retrouver aux commandes du projet particulièrement casse-gueule qu'était HITCHER 2. Morneau s'inscrit donc dans cette catégorie d'honnêtes faiseurs à la carrière en dents de scie mais dont certaines œuvres méritent cependant d'être découvertes…

Au chapitre des acteurs et dans le rôle de l'odieux Frank, nous retrouverons l'excellent James Belushi, bien connu pour être aussi à l'aise dans les films d'action (DOUBLE DETENTE) que dans les comédies familiales canines (la trilogie CHIEN DE FLIC). L'homme fait encore une fois preuve d'un réel talent en nous livrant un personnage misogyne, grossier et profondément méprisable. Pour s'opposer à notre goujat, c'est la rayonnante Kylie Travis qui sera choisie. L'actrice d'origine britannique débuta sa carrière par un rôle d'importance dans le film EYES OF THE BEHOLDER aux côtés de George Lazenby avant de « briller » à la télévision, notamment dans la série de Aaron Spelling : MODELS INC. Elle obtient cependant avec RETROACTION l'un de ses meilleurs rôles, celui d'une femme forte et déterminée à résoudre un problème a priori insoluble. Dans le rôle de l'épouse meurtrie, nous retrouverons l'actrice Shannon Whirry. Sans aucun doute victime de son physique avantageux, la carrière de la demoiselle reste, à ce jour, essentiellement télévisuelle car elle se voit cantonnée à des rôles de potiche au décolleté pigeonnant dans des séries telles que MIKE HAMMER, LE SCORPION NOIR ou V.I.P… Elle s'en sort toutefois mieux ici avec un rôle certes effacé mais au final plus important qu'il n'y paraît. Autre membre du casting en la personne de Frank Whaley, éternel habitué à de petits rôles dans de gros films comme NÉ UN QUATRE JUILLET, JFK, PULP FICTION, l'homme se fera cependant remarquer dans SWIMMING WITH SHARKS ou, plus récemment, VACANCY. Whaley interprète ici le troisième véritable personnage d'importance du métrage, celui qui détient la clé du temps et va permettre de gommer les erreurs passées.

Car en effet, sous ses allures de thriller conventionnel, RETROACTION mixe en réalité les genres et injecte une bonne part de fantastique à son récit. Le voyage dans le temps apparaît donc comme la thématique principale, ce qui nous permettra de revivre à cinq reprises la même situation. Une idée qui rappelle, bien entendu, l'excellente comédie UN JOUR SANS FIN dans laquelle Bill Murray était condamné à revivre sans cesse la même journée. Dans un autre registre, RETROACTION pourra aussi faire penser au mésestimé COURS, LOLA, COURS ! réalisé en 1998 par nos voisins allemands. En effet, le personnage de Karen comprend très vite que, grâce à l'invention de Brian, elle va pouvoir retourner dans le passé et tenter de stopper de tragiques événements avant qu'ils ne se produisent. Une manière bien peu conventionnelle pour cette négociatrice d'exorciser son récent échec lors d'une prise d'otage. Karen s'obstinera donc et tentera, encore et encore, de modifier le dénouement dramatique de la querelle entre Frank et son épouse.

Nous entrons dès lors dans le cadre du phénomène de rétroaction annoncé dans le titre du métrage. En effet, la rétroaction est un mécanisme réagissant à une perturbation d'un état initial. Une rétroaction peut être positive (la perturbation s'amplifie) ou négative (la perturbation est étouffée). Dans le cas du film, Karen tente d'intervenir de plus en plus tôt et de « prendre de vitesse » l'événement déclencheur. Mais en procédant ainsi, elle ne fait que le précipiter et accentue la violence du personnage de Frank (rétroaction « positive » donc). De « simple » tueur adultère, il devient donc, au fil des tentatives désespérées de Karen, un tueur sanguinaire sans le moindre état d'âme. En tentant de prévenir le mal, la psychologue ne fait en réalité que révéler au grand jour la véritable nature, violente et froide, du monstre incarné par Belushi. Une dégradation des faits qui rappelle, par exemple, L'EFFET PAPILLON, dont l'issue ne pouvait être que dramatique.

RETROACTION part en réalité d'un postulat de base plutôt simple et clairement énoncé dès les premières minutes : seuls ceux qui voyagent dans le passé se souviennent de ce saut et des événements qui lui sont antérieurs. Ce qui semble logique puisqu'une fois dans le passé, le saut dans le temps n'a pas encore eu lieu et n'aura peut-être jamais lieu pour les autres protagonistes. Via ce concept, on nous propose donc quatre voyages et par conséquent cinq dénouements possibles de l'histoire. Aucune redondance cependant tandis que la sensation de « déjà-vu » est extrêmement bien gérée, voire finement exploitée. Chaque alternative est très différente de la précédente, chaque retour en arrière ouvre les portes à de nouvelles péripéties, l'identité des voyageurs temporels varie et la part de souvenir de chacun est ici primordiale. Aucune véritable erreur ne viendra entacher un scénario soigneusement écrit par pas moins de trois individus ! En effet, pour le scénario de RETROACTION, nous trouvons un trio formé de Michael Hamilton-Wright, Robert Strauss et Phillip Badger. Bien que les trois n'aient pas une carrière bien conséquente, nous constatons qu'elles ont tendance à s'entremêler. Michael Hamilton-Wright retrouvera donc Phillip Badger pour les besoins du script de DANGEROUS ATTRACTION et ce même Badger écrira le scénario de SLIPSTREAM en collaboration avec Louis Morneau. Soulignons enfin le soin apporté aux dialogues avec, notamment, quelques savoureuses répliques placées dans la bouche de l'effrayant James Belushi et celui accordé à l'image, mettant en valeur un désert aux couleurs étonnantes.

Attachons-nous maintenant au décorticage de l'édition DVD américaine éditée par MGM sous son titre original (RETROACTIVE). Il s'agit d'une édition proposée à bas prix depuis quelques années. L'image nous y est offerte au format d'origine 2.35 mais se trouve malheureusement encodée en 4/3. Bien que la qualité soit honnête, le manque de définition se fait sentir et la photographie du film, très soignée, en pâtit quelque peu. Pas de véritable drame cependant et le film peut, sans aucun problème, être découvert via cette édition à la compression peu visible, aux couleurs chaudes et aux contrastes satisfaisants. Du côté des pistes sonores, nous serons heureux de constater la présence de la version originale anglaise en Dolby Digital 5.1 ainsi que du doublage français d'époque en stéréo. Dans les deux cas, la qualité est au rendez-vous et, même si nous n'avons pas à faire à un mixage tonitruant, reconnaissons que le résultat se montre plutôt nerveux. Si l'option multicanaux proposée sur la version originale n'apporte pas grand-chose en termes de spatialisation, elle est néanmoins à privilégier si l'on souhaite profiter de la performance de Belushi. Un sous-titrage anglais ou français viendra compléter l'ensemble et le rendre plus accessible.

Bien que l'édition chroniquée ici soit celle parue outre-Atlantique, rien ne nous empêche de la comparer avec d'autres éditions aux spécifications étrangement bien différentes… Ainsi, l'éditeur français Neo Publishing sortit à ses débuts le film dans une copie gravement recadrée (alors qu'elle était indiquée « au format » sur la jaquette), brûlée et encodée dans un 4/3 de très mauvaise qualité. Le disque ne disposait à l'époque que du doublage français et fut retiré de la vente en 2003. Plus récemment, MGM réédita le film en France via un DVD proposant une image en scope encodée cette fois-ci en 16/9e. Alléluia, nous avons enfin là une édition à l'image digne du travail réalisé par Louis Morneau ! Sauf que tout n'est pas si simple puisque cette édition française se voit tout simplement privée du doublage français ! Un bien étrange constat, sans aucun doute lié à quelques soucis de droits sur notre territoire… Le consommateur exigeant devra donc se tourner vers la Belgique, dont le DVD dispose, semble-t-il (nous n'avons pas eu le disque entre les mains), d'un transfert 16/9e au format, d'une piste anglaise sous-titrée et du doublage français d'origine. L'édition idéale semble donc exister… Cependant, aucune de ces éditions ne propose de bonus dignes de nom, ce qui s'avère toujours frustrant lorsqu'on découvre un film aussi agréable que RETROACTION. Nous devrons donc nous contenter du strict minimum avec cette édition américaine, qui ne propose qu'une bande-annonce d'époque (de qualité douteuse), un chapitrage et un petit flyers de quatre pages, dont deux traitant rapidement de la genèse du film…

RETROACTION est donc une bonne surprise, une série B nerveuse se jouant avec habileté des contraintes temporelles. James Belushi explose l'écran dans le rôle d'un personnage de plus en plus odieux et Kylie Travis se montre très efficace en femme forte. L'affrontement entre les deux aura lieu dans un environnement désertique magnifié par un scope de qualité, seuls quelques rares effets spéciaux traduiront le réel manque de budget. Le film de Louis Morneau s'avère donc être un choix judicieux pour une soirée agréable et décontractée en compagnie d'un tueur amateur de country music…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
47 ans
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241 critiques Film & Vidéo
5 critiques Livres
On aime
Le personnage joué par Belushi
L’usage pertinent du voyage dans le temps
Le final, très particulier
On n'aime pas
Le transfert 4/3
L’absence de vrais bonus
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L'édition vidéo
RETROACTIVE DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
2.35 (4/3)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Bande annonce
    • Livret de 4 pages
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