Header Critique : I, ZOMBIE : THE CHRONICLES OF PAIN

Critique du film et du DVD Zone 0
I, ZOMBIE 1998

THE CHRONICLES OF PAIN 

Durant une promenade en forêt à la recherche de spécimens d'étude botanique, Mark se fait mordre par une femme à l'article de la mort. S'étant volontairement retiré de la société et de son entourage, son corps et son esprit vont subir une lente décomposition qu'il détaille dans un journal intime.

En sortant des sentiers battus sur lesquels déambulent les films de zombies, I, ZOMBIE s'avère un véritable processus de déshumanisation, aussi douloureuse à regarder qu'à subir pour son personnage principal. En se démarquant ainsi, le métrage rejoint d'autres œuvres traitant de la condition inhumaine, comme LE MORT VIVANT ou encore LA MOUCHE de Cronenberg avec lequel il comporte quelques similitudes dans son analyse d'un homme démuni face à un destin qu'il n'a pas choisi. Le réalisateur nous emmène ainsi dans une plongée touchante et intelligente au fond d'un désespoir total et le résultat fera office de chef d'œuvre pour certains ou de film long et ennuyeux pour les autres.

Aucune explication n'est proposée en ce qui concerne les zombies découvert par Mark lors de sa promenade mais cela n'a de toute façon aucune réelle importance pour le reste. Sa lente déchéance est enregistrée par lui-même sur un dictaphone entrecoupée d'interviews de son ancienne petite amie et de quelques amis de manière à renforcer l'aspect documentaire. La voix off de Mark achève de rendre le film d'autant plus personnel et intimiste que l'on s'identifie aisément à certains de ses sentiments, comme le manque d'un entourage proche, la solitude, le dégoût de soi-même, l'incompréhension devant ce qu'il devient avec une lenteur exécrable et dans une moindre mesure, l'horreur de devoir tuer d'autres humains pour se nourrir.

La nouvelle vie de Mark s'organise autour de ses besoins alimentaires et financiers ce qui comporte assez de difficultés en soi puisqu'il faut non seulement trouver des victimes mais surtout s'en débarrasser ensuite. Toutefois, le vrai cœur du film réside dans la souffrance sentimentale qui le réduit parfois à des comportements pathétiques mais compréhensibles. De vieilles photos de lui et Sarah serviront de fantasme masturbatoire, acte qui prendra une dimension parfaitement atroce la deuxième fois ou son membre lui restera dans la main. La scène peut sembler ridicule racontée comme cela mais l'impact est non négligeable avec cette perte de la masculinité ou de son dernier espoir de vie à travers une procréation potentielle. Il est légitime de se demander quelle femme voudrait de lui mais l'on peut penser que Mark garde malgré tout l'espoir de guérir. La séquence est renforcée par le cauchemar qui le précède où Mark imagine se greffer des morceaux de métal un peu partout pour cacher ses plaies et se voit en haut d'une montagne de ferraille rappelant fortement l'ambiance bioméchanique de TETSUO qui traite de manière éloignée d'un même sujet.

La perte d'identité est une chose à laquelle tout être humain se retrouve confronté à un moment ou un autre de sa vie. On a tous nos problèmes existentiels et nul besoin d'agents extérieurs pour en rajouter. Le virus qui infecte Mark peut ainsi être vu comme étant celui du SIDA qui cause également une lente dégradation corporelle tout en préservant la santé mentale du malade. On reste conscient donc on devient le spectateur de la vie qui nous échappe. L'entourage disparaît peu à peu, soit par peur face à la maladie soit parce qu'on s'éloigne de sa propre volonté mais dans tous les cas, la solitude est mal vécue et on ne ressent jamais autant le besoin d'appartenir à un groupe. Alors on se raccroche aux souvenirs à défaut de pouvoir s'en créer de nouveaux, on devient demandeur d'une tendresse que l'on ne trouve nulle part, on oublie la personne qu'on a été et on ne reconnaît pas celle qui prend sa place. La perte est totale et irréversible.

En ce qui concerne les acteurs, seule Mia Fothergill qui joue l'agent immobilier est une professionnelle. Les autres sont tous des connaissances du réalisateur ou des membres de l'équipe dont certains réapparaîtront dans les deux films suivants d'Andrew Parkinson, DEAD CREATURES et VENUS DROWNING dans des rôles de moindre importance. Giles Aspen (Mark) s'en sort très bien dans un rôle principal qui ne nécessite pas de grandes expansions sentimentales mais plutôt une certaine passivité induite par son état. Vers la fin, son corps s'est presque entièrement décomposé, laissant juste une dernière lueur d'humanité dans un seul œil bleu qui contemple son reflet misérable au travers d'un miroir fêlé symbolisant la dualité d'un personnage qui finalement n'est plus rien d'autre qu'un amas de chair pourrie.

Les effets spéciaux ont été réalisés par Paul Hyett qui fait également une apparition en tant que clochard. La décomposition du corps de Mark est étonnamment réaliste, ainsi que les divers plaies et prothèses que portent les victimes. Le sang prend une teinte un peu violette par moments et vers la fin, on se demande pourquoi les vêtements de Mark ne comportent presque aucune tache alors que sa peau n'est plus que des plaies béantes et que les draps de son lit en sont recouverts. Ces petits griefs mis de côté, on admire un résultat très "old school" qui ravira les nostalgiques du genre.

L'image est présentée dans son format 1.33 d'origine et sa qualité granuleuse reflète le côté amateur du projet. Tourné et monté sur une période de quatre ans, les changements de saison sont, par exemple, moins visibles que les différences de luminosité dans une même scène. Des ombres multiples sur l'arrière-plan trahit également le manque de moyens techniques mais un montage astucieux mêlant habilement le passé et le présent fait oublier cet aspect un peu cheap.

L'unique bande sonore est en anglais non sous-titré. Elle est passée par un remaniement intense à cause du bruit causé par les moteurs de caméra. A l'arrivée, les dialogues sont parfaitement compréhensibles et ne subissent aucun parasitage particulier.

Les suppléments proposent d'abord un commentaire audio d'Andrew Parkinson, Giles Aspen et Tudor Davies qui s'est occupée du mixage sonore. Leur conversation est sympathique à écouter, faite d'anecdotes et de nombreuses révélations sur la réalisation de certains mouvements de caméras. Ils dévoilent les conditions de tournage à l'arraché et sans aucun permis avec beaucoup d'humour, tout en laissant l'occasion à Parkinson de parler de son film plus en profondeur.

Le Making Of est un journal vidéo de qualité moyenne. On n'y apprend pas grand chose du fait que les images se concentrent en majorité sur une seule scène et le bruit ambiant rend souvent les commentaires difficiles à déchiffrer. Parkinson s'exprime avec peu de confiance et beaucoup de doutes mais compte tenu des conditions, cela n'étonnera personne.

L'interview de Tony Timpone, rédacteur en chef du magazine américain Fangoria, dure à peine plus de deux minutes et sent un peu le remplissage. En effet, Timpone survole très rapidement son arrivée au magazine et son ascension au sommet en l'espace d'un an et on apprend également que le point fort de sa carrière est représenté par sa rencontre avec Vincent Price. Et c'est tout. Il est dommage de ne pas plutôt avoir parlé du choix de Fangoria de distribuer des films ou plus particulièrement I, ZOMBIE, cela aurait constitué un segment bien plus intéressant.

Les scènes coupées sont au nombre de trois et non commentées cependant, Parkinson en parle déjà dans le commentaire audio. Elles ne sont pas sensiblement différentes de ce qui a été gardé vu que le film s'est construit sur une longue période ce qui a contribué au rajout d'un grand nombre de choses absentes du premier montage. La première scène, Swings présente trois prises différentes de Sarah et David qui discutent assis sur des balançoires. Car nous montre Mark qui part à la recherche d'une victime et Death est la scène de la mort de Mark, filmée de façon légèrement différente. La section suppléments se conclue par la bande annonce du film LADY OF THE LAKE.

I, ZOMBIE est une entrée intrigante dans le genre à laquelle on va adhèrer ou pas. Il est cependant indéniable que le film a le mérite d'être une œuvre entièrement personnelle et qui propose une vision déprimante de l'autre côté du miroir. Il est surtout la preuve que c'est du côté d'œuvres indépendantes que l'on trouve souvent les idées les plus intéressantes.

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
98 critiques Film & Vidéo
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Le traitement d’un sujet original
Une fin qui remue les tripes
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Le choix étrange pour certains des suppléments
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L'édition vidéo
I, ZOMBIE : THE CHRONICLES OF PAIN DVD Zone 0 (USA)
Editeur
MTI
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h19
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio d’Andrew Parkinson, Giles Aspen et Tudor Davies
      • Scènes coupées
      • Swings (1mn28)
      • Car (2mn28)
      • Death (3mn56)
    • Interview de Tony Timpone (2mn08)
    • Making Of (7mn12)
    • Bande annonce de Lady Of The Lake
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