Header Critique : CUT THROATS NINE (CONDENADOS A VIVIR)

Critique du film et du DVD Zone 0
CUT THROATS NINE 1972

CONDENADOS A VIVIR 

Un groupe de violents criminels enchaînés les uns aux autres est escorté par un sergent et sa fille (?) vers la prison la plus proche. Tandis que la cariole traverse de longues étendues neigeuses, des pillards assiègent le convoi à la recherche d'or. Dans la fusillade qui s'ensuit, les brigands sont laissés pour morts mais le moyen de transport est totalement détruit. Le voyage se continue alors à pieds.

CUT THROATS NINE alias CONDENADOS A VIVIR est un film espagnol daté de 1972 et réalisé par Joaquin Luis Romero Marchent, un spécialiste du «Western paella» à qui l'on doit notamment quelques aventures de Zorro. Euro-western quelque peu oublié, CUT THROATS NINE survit doucement grâce à sa réputation de film extrême et supra-gore, argument choc qui servit principalement à son exploitation aux Etats-Unis où des masques de «terreur» destinés à se cacher des horreurs de l'écran étaient distribués aux spectateurs trop impressionnables. Un gimmick totalement idiot mais qui a le mérite d'avoir marqué durablement les esprits.

Plus de trente ans plus tard, on ne risque plus de confier de tels masques au spectateur d'aujourd'hui. Certes, CUT THROATS NINE retrouve par instants les éclats craspecs de quelques Fulci (la référence qui vient immédiatement en tête à la vue de certaines images), mais la naïveté de la violence graphique associé à des trucages un peu trop vintages font passer la pilule du traumatisant sans le besoin d'un petit verre d'eau. A ce titre, CUT THROATS NINE a beaucoup vieilli et sa réputation doit absolument être replacée dans le contexte de son époque.

Dès les premiers instants du film, CUT THROATS NINE marche sur les traces du Western-spaghetti et de sa redigestion crépusculaire du mythe américain. Pas de beaux héros contre de vilains méchants, pas même de héros et de méchants. Chaque homme est ici une crapule, et les quelques personnages bénéficiant d'un peu d'humanité se rendent à un moment ou un autre coupable d'actes odieux. Chacun vit donc pour son propre intérêt et ne possède aucun état d'âme dès lors qu'il faut occire son prochain. Un parti pris très ironique dans la mesure où les hommes sont attachés les uns aux autres constituant ainsi une entité qui, au lieu de marcher d'un même pas, va tenter de s'auto-dévorer. Au milieu des brutes, seule la fille du sergent fait figure de personnage neutre car témoin tragique d'une humanité désertée. C'est sur cette victime que le spectateur superpose son propre point de vue (la comédienne, Emma Cohen, possède d'ailleurs une petite réputation dans l'horreur ibérique).

Commençant comme un Western classique, avec de fortes connotations du GRAND SILENCE de Sergio Corbucci, CUT THROATS NINE vire assez vite au survival dès lors que le périple se poursuit à pied. Les prisonniers tenteront le tout pour le tout pour sauver leur peau, dans un jeu de tension psychologique avec le sergent. Et quand les bagnards s'apercevront que les chaînes qui les relient entre eux sont véritablement en or, et qu'ils servent surtout à convoyer la marchandise, la bestialité montera encore d'un cran. Le final, tranchant avec le reste du film en s'enfermant dans un huit clos, ne fera en contrepartie aucun cadeau à ses personnages, achevant brutalement ce curieux western dans une absence totale de morale ou de «chute».

Sombre et nihiliste, CUT THROATS NINE s'adresse en particulier à tous les nostalgiques des Westerns de Fulci comme 4 DE L'APOCALYPSE ou LE TEMPS DU MASSACRE. Plutôt que les effets gores pas toujours réussis, on retient du film le sadisme et la cruauté de ses personnages (lorsque l'un des prisonniers meurt, les autres doivent porter sa dépouille toujours enchaînée à moins de le dépecer la nuit tombée). Cela dit, CUT THROATS NINE souffre de nombreux défauts : un scénario qui manque singulièrement de souffle, une mise en scène datée, des personnages très stéréotypés (c'est comme si il était écrit «VIOL» sur le front du personnage féminin)… Autant d'éléments qui font du film une œuvre oubliable bien que rondement menée via certaines scènes vraiment marquantes, dont une résurrection impromptue que n'aurait pas renié le Fulci des films d'horreur cette fois.

C'est Eurovista qui déterre ce CUT THROATS NINE, en prenant bien soin de mettre en avant la «violence» de l'œuvre. La qualité d'image, au format, a du coup nettement souffert de ces années d'invisibilité. Griffures de pellicule et altération colorimétrique sur certaines extrémités du cadre, CUT THROATS NINE a du vécu et ça se sent. Le son est un mono convenable bien que souffrant lui aussi de l'altération du temps (à noter que la piste proposée est un doublage anglais et non la version originale en espagnol). Les bonus, bien que limités, font valeur d'effort de la part de l'éditeur : des bandes-annonces, des filmographies ainsi qu'une galerie photographique. Notons également la présence dans le boîtier d'une reproduction de l'affiche américaine et sa fameuse référence aux masques de «terreur».

CUT THROATS NINE n'est pas un chef d'œuvre oublié de l'Euro-western. C'est juste une honorable production de son époque dont la réputation de film extrême fait plus office de gadget qu'autre chose. Souvent boiteux mais bénéficiant de séquences intéressantes, le film est à conseiller à tous les archéologues du cinéma Bis, soit le type de spectateur qui n'aura pas peur d'affronter la couche de poussière de la copie proposée.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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L'édition vidéo
CONDENADOS A VIVIR DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Eurovista
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
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