4. Samedi 30 avril 2016

La dernière journée du samedi sera la plus chargée, avec la projection de trois films. Et avant cela, nous sommes conviés à une rencontre-débat d'une heure, en compagnie de Gilles Chétanian, actuel projectionniste du Brady, et de Jacques Thorens, son prédécesseur, auteur du livre susnommé. Une conversation qui, au-delà des renseignements historiques attendus, met en évidence la situation paradoxale dans laquelle se présente aujourd'hui le Brady. Dépositaire d'une mémoire populaire, dans ce qu'elle peut avoir de plus triviale, dirigée un temps par Jean-Pierre Mocky, la salle doit assurer son avenir, ce qu'elle assume haut la main par une programmation tournée dorénavant vers la continuation de carrière de films dits «du Monde». Un paradoxe qui sera ressenti dans les propos, tant divergents que complémentaires, de nos deux intervenants du métier de l'exploitation.

Place maintenant au péplum avec LE GEANT DE LA VALLEE DES ROIS de Carlo Campogalliani (1961). Une sacrée découverte que ce livre d'images, situé au temps des pharaons. Un scénario de sérial riche en rebondissements, fourmillant de décors et figurants, faisant montre d'étonnants moments de cruauté visuelle. Ce spectacle, au sens noble du terme, tel qu'idéalisé dans nos souvenirs d'enfance, est à peine entaché par la présence d'un Maciste bovin et inexpressif au possible, à la silhouette bodybuildée exagérée. Via notre «héros», on aura en tout cas bien ri au sous-texte homosexuel, pour le coup ici bien visible. A se demander si la reine ne se fait pas des illusions en entamant sa danse de séduction lascive. Qu'elle ne s'inquiète pas, le public, lui, apprécie à sa juste valeur.

La suite nous replonge dans les classiques 70's multi diffusés, et leur bricolage, avec LE FRISSON DES VAMPIRES de Jean Rollin (1971). Un château dans la campagne française, un couple de jeunes mariés vient y retrouver les cousins de l'épouse au moment où ceux-ci, chasseurs de créatures de la nuit, ont succombé à leur dernière cible. Et c'est parti pour les traditionnelles scènes d'atmosphères surréelles chères à certains, dans lesquelles croiser quelques anatomies féminines dénudées fait partie du jeu. Mais pour une fois, surprise, pas de séquences de déambulations sans fin, pas de plans interminables sans paroles. Au contraire, c'est bourré de dialogues, de rencontres, de personnages excentriques, joliment accompagnés de tout plein de mouvements de caméra. C'est à prendre au second degré, mais on peut enfin assumer le fait de trouver du charme, voire la «fameuse» poésie, dans certaines images. Un cri déchirant, en direction d'une certaine idée de liberté, définitivement typique de son époque. Avec le recul, il est intéressant de relire le texte critique paru dans La Saison Cinématographique 71. Il se termine sur ces mots de Jacques Zimmer : «... un incroyable salmigondis qui est une insulte au spectateur. Un mauvais film doublé d'une mauvaise action.» Comme quoi … En tous les cas, la réputation de Rollin était faite.

La dernière séance (!) propose un flash-back dans l'espace-temps. Retour dans les 50's, direction les Etats-Unis, pour assister à l'apparition originale du Blob, avec DANGER PLANETAIRE de Irvin S. Yeaworth Jr (1958). Séance occultée pour ma part, après tant d'heures passées dans l'obscurité, pour se diriger vers un restaurant nommé le... Midi-Minuit (ça ne s'invente pas) !!

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Dossier réalisé par
Laurent «Savoy1» Savoyen
Remerciements
à toute l’équipe de la Cinémathèque de Toulouse : Franck, professeur Frédéric, Célia, projectionniste incarnée, et ses collègues. Merci à Gilles, et sa dame. à P.