5. Derniers Jours

Avec le temps, va, tout s'en va. Le corps en pleine forme, l'attention au top, l'acuité visuelle, et la capacité de résistance. Même avec en poche le manuel du parfait petit festivalier, on a tendance à ralentir la cadence, particulièrement dans le cadre du Lausanne Underground Film & Music Festival.

Les deux derniers jours des festivités offraient une large sélection de courts métrages de fiction d'horizons, de genres et de traitement diamétralement opposés les uns des autres. C'est d'ailleurs ce que nous verrons prochainement avec un compte-rendu plus détaillé de la vingtaine de courts présentés cette année et d'où ressortent des œuvres comme RISE OF THE APPLIANCES et sa révolte des toasters, tout comme l'original THE ORIGIN OF CREATURES, THREESOME ou encore KANGOOTOMIK.

Les œuvres de Craig Baldwin ont émaillé le festival de ses viols répétés des images et des sons d'autres artistes. Mêlant réflexion sur la fonction de l'art et sa récupération dans les mythes contemporains, la réappropriation par autrui, il est venu présenter des travaux comme SONIC OUTLAWS, partant de l'histoire vraie du groupe expérimental et de collages sonores Negativland. Island Records leur intenta un procès via leur utilisation de matériau provenant du groupe U2. La force du cinéma de Baldwin est d'utiliser la forme du documentaire pour épouser la cause dont il parle. Les dialogues et explications du phénomène sont parasités par des images d'autres films qui viennent illustrer le propos. Ainsi le combat du genre David contre Goliath (entre Negativland et Island records) se trouve animée par des images de VILLAGE OF THE GIANTS de Bert I. Gordon. On y croise des publicités, des images du King Presley, de PERRY MASON ou encore des SOUCOUPES VOLANTES ATTAQUENT… et on se demande comment Baldwin a pu échapper lui aussi à un quelconque procès par la Columbia ou MGM à travers ces images volées et détournées de leur propos. Le signifiant devient le signifié jusqu'à ce que les images elles-mêmes ne veulent plus rien dire, si ce n'est un système qui finit par se dévorer lui-même. Un bel exemple de télescopage culturel, où la subversion du matériau devient une forme d'art à part entière. Malheureusement, les propos du film étaient pratiquement inaudibles due à la très mauvaise qualité sonore de la copie 16 mm présentée ! Particulièrement à partir de la 50ème minute où un brouhaha permanent rendait le propos incompréhensible.

Comme dans tous les festivals, le dernier jour dévoilait le palmarès. C'est ainsi que le Grand Prix de la compétition long-métrages fut attribué à THE OREGONIAN alors que pour les courts le prix fut remis à MISS CANDACE HILLIGOSS AND THE FLICKERING HALO. Officiellement, le festival s'est alors terminé par la projection de THE THEATRE BIZARRE, une sorte de retour aux sources du film fantastique à sketches, tel que les années 70 ont pu les connaître, via des métrages comme ASYLUM ou, plus éloigné encore, AU CŒUR DE LA NUIT. Avec, en plus ici, la volonté de marché sur les pas du théâtre Grand Guignol. Mais on vous en parle plus longuement dans la chronique à lire en cliquant sur l'affiche en bas de page...

Enfin, votre serviteur terminera en remerciant les organisateurs du festival ainsi que l'ensemble des bénévoles qui ont animé les séances et accueilli les festivaliers. Et ceci, toujours avec gentillesse, professionnalisme et convivialité. Suffisamment rare pour être noté. Ce qui fait s'achever cette édition 2011 sur les meilleures notes possibles d'une culture ébranlée dans ses fondements.

Et souvenez-vous bien : "NO WIRE HANGERS, EVER !"

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Dossier réalisé par
Francis Barbier
Remerciements
tous les bénévoles et aux organisateurs du LUFF