Un point sur The Walking Dead

3. Partie 3

La dernière énigme est peut-être la plus complexe. Pourquoi un tel engouement autour de cette série ? Bien avant la diffusion américaine, des sites comme Allociné en ont fait des tonnes à son sujet, relayés plus tard par des magazines tels que Mad Movies qui en a fait sa couverture. Facebook fut une fois de plus une bonne vitrine des réactions et, de mémoire, rares proposaient les critiques négatives, même parmi les fans autoproclamés de films de zombies. Quand on entend que "ne pas aimer THE WALKING DEAD prouve qu'on y connaît rien au cinéma ou aux comics", on peut quand même se demander ce qui se passe. Le parterre de fans jusqu'ici exigeant au possible se serait-il transformé en colonie de moutons par la simple grâce d'un bout de cervelle par-ci, d'un membre arraché par-là ? Hypothèse qu'on a du mal à croire. Et si c'est le cas, pourquoi n'y a-t-il pas eu ce même pétage de plombs généralisé au moment de la diffusion de DEAD SET il y a quelques années ?

Un élément de réponse pourrait se cacher dans la première partie de cet article : la volonté de plaire au plus grand nombre. THE WALKING DEAD est un produit ultra-calibré qui ne se sert des zombies que comme d'un moyen pour rassembler une partie du public. Une frange avide de sensations fortes qui sera conquise par le premier épisode et suivra le reste, méthodiquement, chaque semaine. Quand on regarde cette première saison dans son ensemble, on réalise que le pourcentage d'horreur est inférieur à celui, très commun aux séries classiques, des histoires sans grand intérêt d'humains un peu lisses. On serait donc en présence d'une série fantastique pour ceux qui n'aiment pas le fantastique, aseptisée, light, soft, où le péquin moyen aura l'impression de vivre le summum de l'horreur mais ne sera pas révulsé au point d'oublier de consommer les produits exposés pendant les coupures pub. Quant au fan, il aura eu sa dose de morsures et de sang avant de retourner vers des choses plus extrêmes. On appelle ça de l'opportunisme.

Autre possibilité, la folie actuelle des séries américaines, jouant effectivement sur le capital confiance d'AMC. La production française étant à ce point lamentable que dès qu'il s'agit de trouver une série de qualité, on va forcément voir ailleurs. Mais il faut se rappeler que, même si internet permet de voir beaucoup de séries américaines au moment de leur diffusion sur le territoire des Etats-Unis, nous n'en connaissons qu'une partie. Bien sûr, notre éventail est vaste et plutôt de qualité (à un ou deux EXPERTS ou NCIS près), mais il n'empêche que nous n'en n'avons pas la totalité. Alors forcément, une série un peu originale, par la chaîne qui nous a donné MAD MEN et BREAKING BAD, ça ne peut être que bon. Avec une promotion ciblée et intelligente (et un capital sympathie conséquent) la plus grande des bouses passera pour un diamant. Rappelons-nous SPIDER-MAN 3.

Dernière hypothèse, plus délicate cette fois. La Crise (qui mérite sa majuscule) fait des ravages, favorisant le retour des zombies et de l'horreur au premier plan. Le public a besoin d'exorciser l'angoisse, la colère et la frustration qui en découlent. Couplés à cet effet de mode où le zombie devient mainstream (et est donc récupéré, dites bonjour aux superbes pubs Eastpak et autres Zombie Walk), il ne manquait qu'un projet fédérateur permettant de rassembler tout le monde, de réconforter, de rassurer dans une volonté cathartique. Bref, de manipuler son audience.

Ces pistes sont peut-être totalement fausses, peut-être non. En tous les cas, THE WALKING DEAD n'est pas une série qui mérite autant d'éloges et quand on prend un peu de recul on réalise bien vite à quel point elle est bancale. Passée l'euphorie de voir chaque semaine des zombies à la télé, il ne faut pas oublier de garder une dimension critique vis-à-vis de ce que l'on nous montre, un membre arraché ne doit pas nous faire oublier que nous avons aussi un cerveau et l'engouement général autour d'une série qui n'était alors même pas encore diffusée aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Bref il serait peut-être temps de ne pas tomber dans le piège grotesque de trucs tels que ce non-événèment, irrespectueux du genre qu'il essaye de magnifier et de transformer.

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Dossier réalisé par
Christophe Foltzer